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«Cetim Maroc est un maillon critique de la supply chain aéronautique»

Cetim Maroc Développement, spécialisé dans la caractérisation mécanique et métallurgique, vient d’investir 70 millions de DH dans son unité de Nouacer. Objectif, porter sa capacité à 20.000 essais par an pour les besoins du secteur aéronautique qui lui assure 90% de son chiffre d’affaires.

«Cetim Maroc est un maillon critique de la supply chain aéronautique»
Karim Cheikh, directeur général de Cetim Maroc Développement

Le Matin Eco : Quel est votre cœur de métier ?
Karim Cheikh : Cetim Maroc Développement, filiale à 100% du groupe français Cetim, est spécialisée dans la caractérisation mécanique et métallurgique notamment des pièces aéronautiques. Notre cœur de métier concerne la réalisation d’essais mécaniques sur plusieurs composantes industrielles demandant une expertise assez poussée. Ces essais peuvent concerner ceux de la fatigue, la traction, le fluage, la propagation de fissuration, la ténacité ou encore la résilience.
Les analyses métallurgiques, quant à elles, peuvent s’opérer sur les microstructures, la taille des grains, les inclusions et la teneur en gaz. Je tiens à rappeler que la filiale marocaine a vu le jour en 2006, mais la présence de Cetim au Maroc date de plus de 25 ans, puisque le centre technique a développé, à partir de ses bases françaises, une offre de services à haut contenu technologique en réponse aux besoins des grandes entreprises et offices nationaux marocains.

Vous venez d’inaugurer hier, mercredi 23 avril, de nouvelles installations dans votre unité basée Nouacer à Casablanca. Que représente cet investissement pour l’activité de Cetim Maroc Développement ?
L’investissement que nous venons de réaliser répond aux impératifs d’une croissance importante de nos activités au Maroc. Pour pouvoir satisfaire aux besoins d’un marché marocain très dynamique, nous avons convenu ainsi de construire un nouveau bâtiment de 3.000 m2 et d’acquérir de nouvelles machines d’essais mécaniques et de métallurgie pour un investissement total de 70 millions de dirhams.
Débutés en mai 2013, les travaux de ces nouvelles installations se sont achevés mi-avril 2014. De ce fait, Cetim Maroc dispose aujourd’hui de 4.800 m² de surface.
En termes d’objectifs, cette phase de croissance permettra à Cetim Maroc de doubler sa capacité de production en moyens et en ressources humaines faisant de l’entreprise la plus grande plateforme d’essais monosite au monde forte d’une capacité de 20.000 essais par an. Ceci nous permettra d’explorer aussi d’autres marchés pour l’aéronautique européenne et outre-Atlantique. Le centre du Maroc va ainsi devenir l’un des plus importants laboratoires de référence au monde notamment pour la partie moteurs.
Par ailleurs, cette phase de croissance s’accompagne également d’un doublement de notre effectif, estimé actuellement à 60 personnes. A fin 2014, 100 personnes travailleront sur le site.

Sur quels segments êtes-vous positionnés au Maroc et quel est le profil de vos donneurs d’ordre ?
Nous nous sommes vite positionnés dans le secteur de l’aéronautique, puisque 80% de notre chiffre d’affaires est réalisé à l’export en Europe sur ce secteur.
Les 20% restants sont réalisés sur le marché marocain et concernent plusieurs secteurs comme l’aéronautique, le ferroviaire, le pétrole et les industries métallurgiques et mécaniques. En ce qui concerne nos clients, le premier donneur d’ordre a été le groupe français Safran à travers ses filiales Snecma, Messier-Bugatti-Dowty et Turbomeca, suivi d’Otto Fuchs Gmbh (Allemagne), Firth Rixson et Aubert et Duval. Au Maroc, nous comptons plusieurs clients dans l’aéronautique comme Aircelle Maroc, Snecma Maroc, EFOA, Casablanca Aéronautique, UMPM, AERO 13 et SREMP. Hors aéronautique, nous travaillons beaucoup avec l’ONCF, la Samir et Delattre Levivier Maroc.

Comment évolue votre chiffre d’affaires ?
En 2008, notre chiffre d’affaires s’élevait à 9 millions de dirhams et en 2013 nous avons clôturé avec 68 millions de DH, dont 90% réalisés grâce à l’activité aéronautique aussi bien pour le marché local que l’export. 2014 étant l’année de lancement des nouvelles installations, notre objectif de croissance est de 12%. Pour résumer, notre chiffre d’affaires local a été multiplié par 4 entre 2008 et 2013 et celui à l’export par 6.
Quel est l’investissement cumulé de Cetim depuis son installation au Maroc ?
Vous savez, le secteur de l’aéronautique au Maroc s’est développé à grande vitesse ces dernières années. Nous avons ainsi accompagné ce développement à coups d’investissements dans le but de satisfaire la demande de nos clients. Nous avons démarré avec un investissement initial de 17 millions de dirhams et 5 ingénieurs en 2007. Puis, nous avons injecté 32 millions de dirhams entre 2009 et 2011. Par la suite, le développement du Cetim Maroc a été très rapidement soutenu par la signature de contrats pluriannuels avec de grands donneurs d’ordre internationaux. D’où l’investissement qui a fait l’objet de l’inauguration ce mercredi 23 avril. Au total, nous avons investi près de 120 millions de dirhams depuis 2006.

Est-ce qu’il existe au Maroc une offre pointue et suffisante pour les essais et les tests de façon à absorber la demande actuelle ?
Il n’existe pas d’offre spécialisée dans notre domaine. Nous sommes les seuls à offrir toute la panoplie de services avec notre partenaire le Cerimme (Centre d’études et de recherches des industries métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques, ndlr), qui travaille en étroite collaboration avec nous pour certains essais.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, le Cerimme est un centre technique étatique qui se trouve à Sidi Maârouf à Casablanca. Il a été créé en 1996 pour assurer les mêmes missions que le Cetim en France.

Comptez-vous investir dans d’autres projets eu égard au développement soutenu du secteur aéronautique et de votre position de monopole de fait ?
Nous travaillons actuellement sur tout type d’alliage métallique et nos futurs investissements au Maroc concerneront les matériaux composites pour le marché local. Ceci nous permettra de couvrir ainsi tout type de matériaux. Pour l’instant, nous n’avons pas encore défini les détails de nos futurs investissements, nous allons attendre la réaction du marché et de la demande pour dimensionner nos futurs projets.

Comment évaluez-vous le développement du secteur aéronautique depuis votre implantation au Maroc ?
L’industrie aéronautique au Maroc a connu un développement important ces dix dernières années avec l’implantation de plus de 100 entreprises de référence internationale. La croissance annuelle moyenne du secteur qui est de 20% confirme le positionnement stratégique du pays dans un domaine hautement technologique et à très forte valeur ajoutée.
Avec la présence d’acteurs majeurs tels que Bombardier, Safran, EADS, ainsi qu’un nombre important de PME, la supply chain marocaine détient de réels atouts pour faire du Maroc la base la plus compétitive dans le prolongement de l’Europe. Nous comptons ainsi contribuer à l’essor de ce secteur, puisqu’un acteur comme Cetim Maroc est indéniablement un maillon critique de cette supply chain. Surtout lorsque l’on sait que les essais mécaniques sont nécessaires à la validation des productions de pièces.

Avez-vous rencontré des difficultés pour recruter des profils pointus ?
Non! Nous n’avons pas eu de difficultés particulières à recruter les ingénieurs et techniciens. Au contraire, leur formation de base au Maroc est de bonne qualité et elle est complétée par des formations internes pour atteindre le niveau d’exigence très strict du milieu aéronautique. Je tiens à rappeler que deux structures de formation en aéronautique très performantes ont été mises en place à Nouacer, à savoir l’IMA (l’Institut des métiers de l’aéronautique) et Ismala (Institut spécialisé des métiers de l’aéronautique et la logistique aéroportuaire). Je peux affirmer que ces deux structures répondent parfaitement aux besoins de formation des industriels aéronautiques.

Avez-vous des visées à l’international notamment en Afrique du Nord et sur l’ensemble du continent en général ?
Effectivement, nous comptons nous positionner sur la région de l’Afrique du Nord dans le domaine de l’aéronautique. Pour l’Afrique, je ne vous cache pas que nous avons également des visées mais celles-ci ne concernent pas l’aéronautique. De ce fait, nous surveillons de très près les marchés africains et je peux vous confier que nous sommes en phase préliminaire de négociations avec des groupes opérant dans la métallurgie, la mécanique et le pétrole.

La filiale tunisienne de Cetim ne risque-t-elle pas de vous bousculer dans cette aventure africaine ?
La filiale tunisienne offre des services complémentaires aux nôtres, particulièrement dans le gaz et le pétrole.

Le Maroc est souvent perçu comme une destination low-cost, est-ce que l’aéronautique souffre également de cette image ?
Vous savez, le marché de l’aéronautique est actuellement très porteur et le Maroc peut se positionner dans le prolongement naturel de l’Europe en offrant une supply chain best-cost et non low-cost. Toutefois, le taux de croissance assez bas dans la zone Euro pourrait ralentir la croissance actuelle du secteur au Maroc.

La diversification des marchés s’impose donc...
Ecoutez, l’Europe offre énormément d’opportunités pour le secteur aéronautique marocain. Il ne faut pas délaisser ce marché mais il faudra rester vigilant et viser d’autres marchés cibles notamment celui de l’Amérique du Nord. Il y a en effet de nouvelles capacités qui se développent sur ce marché qui présente un potentiel de croissance très intéressant pour le secteur au Maroc. L’installation de Bombardier est un exemple concret de ce développement. D’ailleurs, nous attendons que leur unité soit opérationnelle pour pouvoir travailler avec eux. Nous avons également entamé plusieurs discussions avec des donneurs d’ordre américains.

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