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«Jeunes au travail», une solution pour créer de l’emploi

Crise économique, diminution des effectifs dans les entreprises privées, accroissement du taux du chômage, manque d’orientation… les problèmes liés à l’emploi des jeunes battent leur plein dans beaucoup de pays. Pour cause, l’instabilité engendrée par la conjoncture.

«Jeunes au travail», une solution pour créer de l’emploi
Les participants à la session de formation de formateurs sur le programme «CLE» d’enseignement à l’entrepreneuriat.

Tout le monde est d’accord pour dire qu’il est nécessaire et urgent de développer et d’instaurer des systèmes de formation qui tiennent compte des besoins économiques. Les stratégies ainsi que les offres de formation sont légion. En revanche, la question qui se pose avec acuité est la suivante : les modules proposés ainsi que les politiques adoptées répondent-ils réellement aux attentes exprimées ? D’ailleurs les Objectifs du Millénaire pour le développement, qui furent adoptés en 2000, attirent l’attention sur le problème du chômage des jeunes et sur le défi à relever pour créer de l’emploi, en particulier dans les pays en développement.
Au Maroc, la problématique de l’emploi prend une dimension singulière en raison de son caractère structurel remettant en cause l’égalité des chances. En effet, l’emploi des jeunes Marocains est caractérisé par un taux d’activité faible, ne dépassant pas 48% pour les jeunes de 15-34 ans, qui représentent plus de la moitié de la population active.

Augmenter les chances et les opportunités d’emploi s’avère un souci majeur. L’une des solutions qualifiées de pertinentes chez les différents stratèges est de promouvoir chez la jeune génération le sens du travail indépendant et de la création de micro et petites entreprises.
Le défi pour beaucoup de gouvernements est donc non seulement de trouver des issues pour résorber le chômage et le sous-emploi existants, mais aussi d’absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail via des réformes introduisant des méthodes novatrices et innovantes.

Dans la foulée, quelques pays ont intégré des programmes de promotion de l’entrepreneuriat au sein du système éducatif et universitaire.

Dans ce cadre, et dans l’objectif de mettre en œuvre le projet «Jeunes au travail», l’Université Hassan Il Mohammedia-Casablanca, en coopération avec le Bureau international de travail (BIT), organise une session de formation de formateurs sur le programme CLE d’enseignement à l’entrepreneuriat, «Comprendre l’entreprise».
Le programme a pour objectif de constituer une équipe de formateurs dans chacun des établissements de l’Université. Cette formation, qui se déroule du 7 au 10 avril 2014 à la Faculté des lettres et sciences humaines de Mohammedia, a adopté des méthodes d’enseignement novatrices et interactives avec des présentations, des discussions en groupes, des jeux de rôles, des exercices en groupes, un travail d’équipe et un jeu d’entreprise, etc. Ont participé à ce programme de formation les enseignants impliqués ou intéressés par l’enseignement de l’entrepreneuriat et ayant déjà bénéficié de la formation en entrepreneuriat organisé par l’Université au cours des deux dernières années. À l’issue de cette formation, des certificats seront délivrés par le BIT aux participants, et ce, au terme de l’évaluation d’une expérience pilote. À noter que le projet «Jeunes au travail» est conçu pour la période 2012-2016, et financé par l’Agence canadienne de développement international. 


Déclarations de Richard Lavallée, responsable du projet «Jeunes au travail»

«Les raisons qui ont motivé le Bureau international de travail à mettre en œuvre le projet «Jeunes au travail» au profit des universités marocaines sont principalement économiques : une population jeune à forte densité, le sous-emploi et le taux de chômage qui demeurent très élevés. Une des solutions pour soulager la situation est la création d’entreprises et la promotion de l’auto emploi.
Les jeunes ont une responsabilité au niveau économique et peuvent jouer un rôle important dans le développement du pays. Le projet «Jeunes au travail» est élaboré justement pour préparer les jeunes femmes et hommes à l’auto-emploi, tout en les encourageant à créer leur propre entreprise. Plus on promeut l’auto-emploi, plus on assiste à une diminution du nombre de personnes sans emploi. Ce projet est financé par le gouvernement du Canada et soutenu par un partenariat avec le ministère de l’Emploi et des affaires sociales.
Il vise à augmenter l’employabilité des jeunes au Maroc et à renforcer chez eux l’esprit entrepreneurial à travers des modules de formation qualifiante en entrepreneuriat. Il s’agit aussi d’un projet, à volets multiples, notamment le volet concernant la formation dans les universités. À ce titre, nous formons des professeurs d’université qui deviennent à leur tour des formateurs auprès des étudiants pour les sensibiliser à la création de leur propre entreprise. Un autre volet porte sur la même formation, mais en partenariat avec l’Office de formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT). D’autre part, le BIT prévoit l’accompagnement de l’Anapec qui offrira bientôt des services aux non-diplômés. C’est un projet qui se déroule dans trois régions du Maroc, Souss-Massa-Darâa, l’axe Casa-Kénitra et puis l’Oriental. Ce travail est accompli en étroite collaboration avec le département de la Formation professionnelle, l’OFPPT,
l’Anapec, les universités et autres services d’aide à l’entrepreneuriat.»


Entretien avec Saâd Charif d’Ouazzane, président de l’Université Hassan II de Mohammedia

«La formation à l’entrepreneuriat a permis de faciliter la transition entre l’université et l’entreprise»

Le Matin Emploi : Quelle place accorde l’Université Hassan II Mohammedia à la formation entrepreneuriale ?
Saâd Charif d’Ouazzane : Consciente du devenir professionnel de ses étudiants, l’Université Hassan II Mohammedia-Casablanca (UH2MC) accorde une attention particulière à la valorisation et au développement de la culture entrepreneuriale. Dans cette perspective, l’UH2MC a inscrit dès 2011 l’entrepreneuriat parmi les axes stratégiques de son développement dont l’objectif est double :
• Développer l’esprit et l’envie d’entreprendre chez tous les étudiants de l’Université, quels que soient leurs filières et leurs niveaux.
• Susciter à court et moyen termes plus de créations d’entreprises par des diplômés de l’Université, c’est l’enjeu économique.
C’est ainsi que plusieurs actions ont été menées par l’Université :
• Organisation, en collaboration avec l’Institut de l’administration des entreprises (IAE) de l’Université Franche-Comté, de deux cycles de formation sur le thème du management et de l’entrepreneuriat en faveur de 32 enseignants-chercheurs et cadres administratifs provenant de tous les champs disciplinaires. Les bénéficiaires animent actuellement les modules d’entrepreneuriat en faveur des étudiants de l’Université.
• Organisation annuelle des Doctoriales des universités du Centre au cours desquelles 50 doctorants de notre Université ont été formés pour la création d’entreprises.
• Promotion de la culture au niveau des petites et moyennes entreprises et des ONG ayant des activités génératrices de revenus, en partenariat avec deux collèges communautaires relevant de l’Université de Massathusett (USA) dans le cadre du projet «Linkage for Entrepreneurship Achievemnt Projet» (LEAP) 2012-2014.
• Organisation annuelle de la Caravane de l’entrepreneuriat.
Pour cette année 2014, l’Université entame la certification de 18 enseignants-chercheurs par le Bureau international du travail en organisant une formation en entrepreneuriat qui s’inscrit dans le cadre du projet «Jeunes au travail» 2012-2016, financé par l’Agence canadienne de développement international. La formation adopte des méthodes d’enseignement novatrices et interactives avec des présentations, des discussions en groupe, des jeux de rôles, des exercices en groupe, un travail d’équipe et le jeu d’entreprise. Elle se déroule en trois sessions (présentiel-distance-présentiel), la première session s’est déroulée au sein de l’Université du 7 au 10 avril 2014.

À quel point cette formation est-elle efficace pour favoriser l’employabilité des jeunes étudiants marocains ?
Le développement d’attitudes positives chez les étudiants par rapport à l’entrepreneuriat et le travail indépendant permet de promouvoir l’auto-emploi comme option de carrière et de réduire le chômage des jeunes par une meilleure employabilité.
À ce titre, l’enquête sur l’employabilité des lauréats de l’UH2MC réalisée en novembre 2013 a montré que 45% des lauréats ayant répondu au questionnaire sont en activité dans l’année qui suit l’obtention du diplôme, parmi lesquels 16% se sont installés à leur propre compte.
La généralisation de la formation à l’entrepreneuriat à tous les étudiants de l’Université a permis de faciliter la transition entre les deux entités par une meilleure compréhension du fonctionnement et du mode d’opération des entreprises.

Et sur le terrain, justement, pensez-vous que les choses ont changé pour les lauréats, initiateurs de projet ?
Tout d’abord, je dirais qu’au cours des trois dernières années, une relation s’est tissée entre notre Université et le monde de l’entrepreneuriat par l’implication très positive des enseignants-chercheurs qui se sont volontairement investis dans cette discipline.
Ensuite, le bilan de l’Université Hassan II Mohammedia sur la question de l’entrepreneuriat est passé à la hausse, sur la base d’une grille d’analyse qui met l’accent sur quatre axes : la Formation, la Recherche, la Sensibilisation et l’Accompagnement à la création d’entreprises.
Ce qui est alors constaté c’est que globalement l’Université s’investit davantage en faveur de l’entrepreneuriat, et qu’elle est donc très proche d’avoir une culture entrepreneuriale par la mise en place prochainement d’une «Maison de l’entrepreneuriat».
Pourtant les enjeux ne manquent pas, et pour l’Université elle-même (favoriser l’insertion des diplômés, impulser la recherche et mobiliser des ressources additionnelles) et pour la société marocaine dans son ensemble (modernisation et diversification de l’économie, meilleure articulation entre les politiques économiques et celles éducatives). 

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