Deux événements majeurs ont marqué la scène sécuritaire libyenne ces derniers jours : l'attaque du Parlement à Tripoli par des hommes armés non identifiés et le raid à la roquette mené contre une base militaire à Benghazi. Rendant la situation plus chaotique, les Forces spéciales à Benghazi, une unité d'élite de l'armée régulière, et des officiers de la base aérienne de Tobrouk (Est), ont annoncé leur ralliement à cette offensive lancée contre les groupes radicaux par un général dissident accusé de «tentative de coup d'État».
Le chef d'une unité d'élite de l'armée libyenne à Benghazi a annoncé lundi dernier que ses troupes ralliaient la force paramilitaire dirigée par Khalifa Haftar. «Nous nous joignons à la bataille de la dignité menée par l'Armée nationale libyenne avec tous nos hommes et armes», a déclaré le colonel Wanis Boukhamada.
Il a rappelé que ses hommes étaient au premier rang de la lutte contre les groupes radicaux à Benghazi, où des combats meurtriers opposent régulièrement ses Forces spéciales aux groupes islamistes. Des dizaines de ses hommes ont été assassinés ces derniers mois, des attaques attribuées aux groupes radicaux, en particulier à Ansar Ashariaa, classée organisation terroriste par Washington.
Appuyé par des avions et des hélicoptères de combat, M. Haftar a lancé vendredi dernier une opération contre des groupes islamistes de Benghazi, fief de nombreuses milices islamistes lourdement armées. Ces affrontements ont fait au moins 79 morts et 141 blessés, selon le ministère de la Santé, cité par l’AFP.
Selon diverses sources, Khalifa Haftar a d’abord servi sous Mouammar Kadhafi, avant de se retourner contre lui. Formé à l’Académie militaire de Benghazi puis en ex-URSS, Haftar a participé au coup d'État militaire de 1969, qui a renversé la monarchie des Senoussi pour placer Mouammar Kadhafi au pouvoir. Lâché par Tripoli après en 1987, Haftar s’exile aux États-Unis au début des années 1990.
Après vingt ans d’exil, il rentre sur ses terres natales en 2011 et intègre les rangs de la rébellion. Il est rapidement nommé chef des forces terrestres par le Conseil national de transition (CNT), le bras politique de la rébellion.
Les forces en présence
Cependant, le CNT a provoqué la colère des Libyens en décidant de prolonger jusqu'en décembre 2014 son mandat pourtant arrivé à expiration en février.
La suite des événements sera faite d’affrontements sanglants entre les différentes milices armées, on en dénombre près de 300, et les forces libyennes qui viennent de connaître un réel éclatement faisant craindre le spectre de la guerre civile.
Il y a d’abord, l'armée nationale qui, manquant de formation, ne fait pas le poids devant les milices d'ex-rebelles lourdement armées.
Les milices et les brigades armées sont présentes dans différentes régions, notamment à Benghazi, à Tripoli, à Misrata et en Cyrénaïque, et sont formées par des partisans du fédéralisme qui réclament l'autonomie de la région orientale. Elles comprennent les gardes des installations pétrolières qui bloquent des ports pétroliers dans l'est du pays. Se sont également déployées les brigades des martyrs du 17 février et Rafallah al-Sahati, deux puissantes milices islamistes qui dépendent «officieusement» du ministère de la Défense. Et enfin, la brigade d'Ansar Asharia, soupçonnée d'implication dans l'assassinat de plusieurs officiers et soldats et dans l'attaque contre le consulat américain à Benghazi en septembre 2012
