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Un arbre millénaire menacé de disparition

L’université Cadi Ayyad de Marrakech a consacré, du 30 avril au 4 mai, des journées scientifiques dédiées à un arbre millénaire, le genévrier thurifère, menacé de disparition. Des biologistes marocains, espagnols, français et algériens ont souligné les dangers qui guettent cet arbre.

Un arbre millénaire menacé de disparition
Le genévrier thurifère sur les hauteurs d’Imlil au Moyen Atlas.

La tenue régulière de ce colloque mobilise chaque fois une communauté de chercheurs et d’experts internationaux dévoués à cette essence forestière endémique de la partie occidentale du bassin méditerranéen. Les aspects abordés se rapportaient généralement à son écologie, sa gestion et aux perspectives de sa conservation et de sa valorisation durable. Pour cette cinquième édition, le Laboratoire écologie et environnement de la Faculté des sciences Semlalia de Marrakech s’est associé avec le Laboratoire écologie et environnement de la Faculté des sciences Ben M’sik de l’Université Hassan II, de Mohammedia et le Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification.

«Une attention particulière a été réservée aux aspects d’usages et des services écosystémiques (biens ou service qu’offre une espèce), des peuplements de genévriers méditerranéens, ainsi que la présence de plusieurs espèces menacées dans les écosystèmes nécessitant des mesures de conservation particulières et adaptées», confie au «Matin» Badri Wadi, professeur au Laboratoire d’écologie et environnement de la Faculté des sciences Ben M’sik de l’Université Hassan II de Mohammedia. Selon Badri Wadi, qui regrette le caractère des travaux sporadiques sur la régénération en l’absence d’actions officielles, il a été décidé au terme de ce congrès de développer un projet pan-méditerranéen sur cette espèce, et ce, en abordant les différents aspects scientifiques, économiques et sociologiques et la création d’un site internet dédié à cette espèce. Le genévrier thurifère est un arbre remarquable du patrimoine forestier marocain, il y constitue l’essence forestière la plus résistante aux conditions climatiques très sévères de la haute montagne. Il n’existe qu’au Maroc, en Algérie, en Espagne et en France : «Au Maroc, il se rencontre à partir de 1.500 m d’altitude sous forme isolé et constitue des peuplements à partir de 1.800 m. Il forme souvent la limite supérieure forestière et atteint dans certaines zones 3.000 m d’altitude sous forme de pieds isolés» à en croire le professeur Badri Wadi. Cet arbre, appelé Adourmane, Tawalt ou encore Aaraar Fawah, selon les régions du Maroc, est une espèce «menacée, vulnérable, en régression et pouvant devenir rare à court terme» en dépit du rôle socioéconomique, écologique et floristique important.

Le professeur souligne que cet arbre utilisé pour son bois subit une dégradation de plus en plus intense qui engendre des conséquences néfastes à cause de la surexploitation humaine.
De plus, cette espèce connaît des conditions de régénération naturelle difficiles et les rares germinations observées sur le terrain sont exclusivement situées sous des arbres et disparaissent rapidement sous l’effet de la sécheresse et du pâturage. Une étude de la FAO évalue à 327.000 ha la surface climacique de la thuriféraie et estime la superficie réelle actuelle à seulement 20.000 hectares alors qu'elle occupait, en 1958, 30.000 ha au
Maroc (Moyen Atlas: 16.000 ha; Haut Atlas : 15.000 ha). Cette régression a pour conséquences, selon la même étude, l'appauvrissement des sols, l'instabilité des versants, la mise en mouvement de particules minérales qui participent ainsi à l'ensablement. 

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