Les attentats se succèdent à un rythme frénétique au Nigeria, pays le plus peuplé du continent et première puissance économique d’Afrique, mais où un large pan de la société vit dans la précarité. Le dernier en date a été perpétré dans un marché, et le bilan des victimes qui dépasse la centaine risque de s'alourdir. «Le nombre de cadavres est actuellement de 118», a déclaré à l'AFP Mohammed Abdulsalam, coordinateur de l'Agence nationale de gestion des crises (NEMA), tout en estimant qu'il pourrait «y avoir plus de cadavres dans les décombres». Selon un porte-parole du gouverneur, Pam Ayuba, les victimes sont «en majorité des femmes».
La première explosion, causée par un camion piégé, est survenue sur le marché New Abuja. Une vingtaine de minutes après, un minibus piégé explosait à son tour, prenant au piège des membres des équipes de secours qui s'efforçaient d'accéder aux victimes.
Ce double attentat intervient après celui commis dimanche à Kano qui a fait quatre morts. Aucune revendication n’a été formulée pour l’heure et les autorités n'ont pas désigné de responsables. Sous le feu des critiques pour sa lenteur et son manque d'initiative dans cette période de tourmente, le Président nigérian Goodluck Jonathan a condamné ces attentats : «une attaque tragique contre la liberté humaine» perpétrée par des hommes «cruels et diaboliques». En un mois, deux attentats à la voiture piégée ont fait près d'une centaine de morts à Abuja, la capitale. Depuis le début de l'année, les attaques ont fait plus de 2.000 morts, en majorité des civils.
Boko Haram sur la liste des groupes terroristes
Le Nigeria a demandé officiellement au Conseil de sécurité de l'ONU d'ajouter le groupe armé islamiste Boko Haram, qui a revendiqué le rapt de 223 lycéennes, à la liste des organisations considérées comme terroristes et soumises à des sanctions en raison de leurs liens avec Al-Qaïda, ont indiqué des diplomates, selon l’AFP.
La décision entrera en vigueur jeudi prochain si aucun des 15 pays membres du Conseil ne présente d'objections d'ici là. Les sanctions que décrète le comité sont généralement des gels d'avoirs, un embargo sur les armes et des interdictions de voyager. L'imposition par l'ONU de sanctions internationales à l'encontre de Boko Haram avait été recommandée lors d'une conférence samedi dernier à Paris, qui réunissait les Présidents nigérian, tchadien, camerounais, nigérien et béninois, ainsi que des représentants des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Union européenne. Alors que ce pays, le premier producteur de pétrole d'Afrique, les inégalités de développement économique entre le nord musulman et le sud chrétien sont criantes.
Dans la revue Think Afrika Press, l’analyste Chris Ngwododans explique que «l'émergence de Boko Haram traduit la maturation d'impulsions extrémistes ancrées de longue date dans la réalité sociale du nord du Nigeria». Aujourd'hui, les nouveaux membres du groupe islamiste ne sont pas seulement motivés par l'instauration d'une République islamique au Nord, mais aussi par un fort sentiment d'abandon par l’État de cette région défavorisée, peut-on lire sur le portail de francetvinfo.
