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Un patrimoine culturel à sauvegarder

Le 1er décembre 2012, la scène artistique marocaine a perdu l'une des figures clés du théâtre marocain, du zajal, de la télévision et de la chanson : Ahmed Tayeb El Alj. Le défunt s'est éteint à Rabat à l'âge de 84 ans, laissant derrière lui un héritage inestimable d’œuvres et plusieurs générations de comédiens de talent formés par lui. Aujourd’hui, la Fondation Ahmed Tayeb
El Alj pour le théâtre, le zajal et les arts populaires, que préside son fils Hassan El Alj, entend faire découvrir l’étendue de cet héritage si riche à travers plusieurs activités culturelles et artistiques.

Un patrimoine culturel à sauvegarder
Feu Ahmed Tayeb El Alj.

Ahmed Tayeb El Alj est un grand maître. Cet autodidacte a été l’auteur de l’essentiel du répertoire marocain du théâtre, du zajal et de la chanson marocaine moderne. Il est à lui seul une école et surtout un patrimoine à découvrir et redécouvrir. Il est l’auteur des pièces de théâtre considérées comme des étapes phares de l'histoire du théâtre marocain comme «Sidi Kaddour Alami», «Wali Allah» entre autres, sans oublier ses adaptations de pièces mondiales dont «Le Barbier de Séville», «Knock», «Tartuffe», «Les fourberies de Scapin» et tout récemment «Le Misanthrope». Il est aussi l’auteur des paroles des chansons les plus connues du répertoire musical marocain.

Grand parolier, Ahmed Tayeb El Alj a réussi à forger sa propre langue et son propre univers. C’est là où réside l’originalité de son œuvre.
 Ce travail stylistique est corroboré par le fait de s’attaquer à des thématiques très sensibles dans notre environnement. C’est tout simplement sublime. Chaque mot est à sa place. L’on citera les chansons qu’il avait écrites depuis les années 60 du siècle dernier, ces célèbres chansons du bon vieux temps comme «Marsoul Lhob», «Mana Illa Bachar», et «Katajabni», «Amri Lillah» «Awah Awah», «La Tgouliche Nssani», «Ya Dak Al Inssane» et «Assamak». En ressortir des extraits serait vain et ne rendrait justice ni à la fécondité du langage ni à la profondeur de ses textes. Il faut dire que le défunt était une plume prolifique à plus d’un titre. Il a contribué à l’essor de la chanson marocaine et a donné naissance à toute une génération de chanteurs parmi les grands noms de ce genre. Des noms dont on retient Abdelouahad Doukkali, Naïma Samih, Latifa Raafat, Mahmoud El Idrissi, Abdelhadi Belkhayat, entre autres figures clés de la chanson marocaine moderne. L’œuvre d’Ahmed Tayeb El Alj est riche, sa prose est de miel, pur sucre. Et tous ses textes sont trempés de poéticité époustouflante, qui s’applique à un univers fougueusement magique où la vie est toujours présente. De là jaillit l’originalité de ses textes. Et c’est ce qui procure aussi au lecteur un vrai plaisir. Il y a parmi eux beaucoup d’humour et de sérieux dans le traitement que fait le défunt des questions qu’il aborde. Ses œuvres de zajal, théâtre, paroles de chansons, scénarios de séries, entre autres, sont toutes d’une densité exceptionnelle. Son écriture est tellement moderne et innovante qu’il nous donne encore du fil à retordre pour le classer. C’est dire que c’est une écriture dont les caractéristiques sont connues et qui représente un modèle pour les autres. Bref, Ahmed Tayeb El Alj, on est en train de le découvrir.


Questions à Hassan Tayeb El Alj 

Président de la Fondation Ahmed Tayeb El Alj pour le théâtre, le zajal et les arts populaires

«Il s’agit surtout de rendre hommage à la mémoire artistique du Royaume»

Dans quel esprit est née la Fondation la Fondation Ahmed Tayeb El Alj pour le théâtre, le zajal et les arts populaires ?
La Fondation Ahmed Tayeb El Alj pour le théâtre, le zajal et les arts populaires est née de cette nécessité de faire découvrir l’étendue de l’œuvre du grand dramaturge, parolier, poète, scénariste, comédien, entre autres facettes : Ahmed Tayeb El Alj. C’est cela même le concept fondateur de la Fondation. Nous entendons à travers plusieurs activités artistiques et culturelles revisiter l’ensemble de l’œuvre si riche de cet artiste comme on l'aime, de façon intelligente. Jusque-là, nous avons organisé deux évènements à titre de commémoration du premier anniversaire de ce premier anniversaire de commémoration de la disparition de cette figure de proue de l’art marocain. Nous avons publié en décembre dernier deux nouvelles œuvres de l’héritage du défunt dont «Daghoul», adaptation de la très classique «Le Misanthrope» de Molière. Et en février dernier, nous avons organisé une soirée exceptionnelle ancrée dans la tradition de la chanson marocaine moderne représentée par ses grands noms au Théâtre Mohammed V. Cette soirée sera entièrement dédiée à l’œuvre de Ahmed Tayeb El Alj, le parolier. C’était une manière de mettre en lumière quelques-unes des chansons que le défunt avait écrites depuis les années 60. Et lors du dernier Salon international du livre et de l’édition de Casablanca, nous avons organisé en collaboration avec l’association Nagham une rencontre pour présenter un livre dédié au grand dramaturge et parolier Ahmed Tayeb El Alj. Ce numéro est le premier d’une série de livres intitulée «Série Nagham du tarab marocain». Cet ouvrage rassemble l’ensemble des écrits du défunt pour la chanson. Il retrace le parcours de ce grand artiste sous forme d’interview réalisée par Mounia Belafia, journaliste et écrivaine de talent.

Ahmed Tayeb El Alj est le père du théâtre marocain. Son œuvre inspire la jeune génération de metteurs en scène…
Face à la crise, le théâtre révise ses classiques. Ces textes familiers, connus, rassurent donc le public et permettent de mieux remplir les salles.
Le dramaturge et metteur en scène marocain Messaoud Bouhcine, l’actuel président du Syndicat des professionnels du théâtre, est un de ces dramaturges qui ont opté pour le retour à l’ancien répertoire dans le but de produire de nouvelles pièces. Il a déjà fait l’expérience avec la pièce «Nechba», une des œuvres les plus connues du grand maître Ahmed Tayeb El Alj. C’était une expérience très réussie. Elle a fait une nouvelle lecture de cette pièce. Il y a, dans ce sens, plusieurs expériences que nous allons mettre en lumière dans nos prochaines activités.

La Fondation a un plan d’action ambitieux axé sur l’œuvre du défunt. Quelles sont les grandes lignes de cette démarche ?
Avec l’appui de nos partenaires, notre démarche consiste à jouer le rôle de passerelle entre les figures de proue du théâtre et de la chanson et la jeune génération. Cela s’opère à travers plusieurs activités, concerts de musique, pièces de théâtre, soirées de zajal, entre autres facettes des arts populaires. Notre mission consiste surtout à donner à voir et à apprécier l’ensemble de l’œuvre du défunt au profit des générations montantes. C’est une manière assez sublime de rendre hommage à la mémoire artistique du Royaume à travers l’œuvre de cette figure clé de l’art au Maroc.

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