Qui n’a jamais souffert de constipation ? Presque personne. Rien de plus fréquent que ce trouble intestinal de trois selles par semaine pendant au minimum plusieurs mois de suite. Mais même s’il s’agit d’un trouble courant, ce sujet reste toujours un tabou pour la majorité des patients. «Cela fait une semaine que je suis constipé.
C’est très embarrassant et gênant. Je ressens des douleurs à chaque fois que j’essaye de faire mes selles. Je reste trop longtemps dans les toilettes et lorsque je sors, je me retrouve essoufflé et transpirant. J’ai essayé quelques laxatifs et remèdes naturels qu’on m’a recommandés, même si c’est très difficile d’en parler, mais sans aucun résultat», confie Fouad. Beaucoup de personnes se croient constipées alors qu'elles ne le sont pas, car elles ont entendu dire qu'il n'était pas normal d'aller à la selle moins d’une fois par jour. En fait, aussi peu que 2 fois par semaine n'est pas problématique pour autant qu’on peut aller à la selle quand on en ressent le besoin.
Par ailleurs, la constipation peut être soit occasionnelle, brutale ou chronique. Dans le premier cas, elle est souvent due à un changement des habitudes quotidiennes (voyage à l'étranger, modification de régime alimentaire, stress) ou encore au fait de «se retenir». En ce qui concerne la constipation brutale, sans cause particulière apparente, il vaut mieux consulter un médecin, car elle peut être le symptôme d'une maladie plus grave. La constipation chronique, elle, est due à une mauvaise hygiène de vie (manque d'exercice, peu de boissons, alimentation déséquilibrée...). Cependant, la grossesse ainsi que certains médicaments (contre la maladie de Parkinson, la dépression, l'hypertension ou des maladies cardiaques) peuvent également favoriser une constipation à long terme. Pour ce qui est des causes de la constipation, deux mécanismes sont le plus souvent à l’origine de ce trouble : une «paresse» du gros intestin, quand le tube se contracte peu ou mal et les selles progressent lentement ou bien un «dessèchement» des selles quand la paroi du côlon a, entre autres fonctions, celle de réabsorber l'eau présente dans les matières fécales.
En l'absence d'une hydratation régulière et suffisante, cette réabsorption d'eau dans le gros intestin peut conduire à la formation de fèces dures et sèches, rendant leur élimination difficile.
En outre, les symptômes de la constipation sont susceptibles de donner la sensation que les intestins n'ont pas été complètement vidés, une sensation de ballonnement abdominal accompagnée parfois d'un bruit évoquant un «grondement», des gaz, un ralentissement de la fréquence d'évacuation des selles, une perte d'appétit, de la douleur ou une pression dans le ventre, des selles dures et sèches difficiles à expulser et même un saignement provoqué par l'effort. La constipation peut entraîner des complications. De grosses selles dures peuvent étirer l'anus et entraîner une déchirure de la peau.
Ces fissures anales peuvent se révéler très douloureuses. Parfois, des selles vraiment très difficiles à expulser peuvent provoquer un prolapsus rectal quand une petite partie de la paroi intestinale fait saillie hors de l'anus et doit être fixée de nouveau à l'intérieur du corps. Une constipation chronique augmente le risque de diverticulose.
C'est ce qui se produit lorsque de petites poches appelées diverticules se forment sous la pression chronique accrue à l'intérieur de la couche musculaire de la paroi intestinale et qu'elles deviennent le siège d'une occlusion et d'une infection. Des efforts de défécation intenses et prolongés dus à une constipation chronique pourraient causer des hémorroïdes.
Explications
Abdellatif Achibet, généraliste
«Il faut éviter les laxatifs irritants»
Qu’est-ce que la constipation ?
La constipation est un symptôme clinique d'une maladie digestive ou non. Ce n'est pas une maladie.
En effet, il s'agit d'un ralentissement du transit digestif (supérieur à 72 heures), associé à une déshydratation excessive des selles. Le nombre des selles est inférieur à 3 par semaine en cas de constipation. Les enquêtes épidémiologiques permettent d'estimer la prévalence de la constipation entre 15 et 20%.
Quels sont les types de constipation ?
Il existe deux principaux types de constipation : la constipation par troubles de la progression des selles au niveau du côlon (ces troubles peuvent être paradoxalement reliés à une hyperactivité ou une hypoactivité motrice) et la constipation distale par troubles de l'évacuation au niveau du sigmoïde et du rectum (appelée aussi dyschésie). Il existe aussi des constipations secondaires : occasionnelles (voyage, grossesse...), hygiénodiététiques (déficit en fibres alimentaires, sédentarité...), digestives (cancers coliques, sténoses digestives, mégacôlon...), endocrines (hypothyroïdie, diabète...), neurologiques (sclérose en plaques, maladie de Parkinson, paraplégie...), psychogène...
Comment peut-on traiter la constipation ?
Tout d’abord, il faut éviter l'automédication et plutôt consulter un médecin spécialiste. Il faut également éviter les laxatifs irritants, car ils exposent à la maladie des laxatifs (mélanose colique, hypokaliémie).
Concernant le traitement, il est toujours étiologique. En cas de constipation apparemment primitive, il faut privilégier les mesures hygiénodiététiques (fibres alimentaires, eau) et l'activité physique régulière.