Sans conteste, la Mostra internationale d’architecture de Venise est l’évènement le plus important dans le domaine de par le monde.
Depuis 14 ans, cet évènement se veut l’adresse préférée des professionnels, architectes, chercheurs, entre autres, des quatre coins de la planète. Et au fil des éditions, un seul constat : l’absence quasi totale des pays arabes et africains. Le Maroc en est la preuve. Imaginez, le Royaume, connu cependant pour ses diverses réalisations dans le domaine de l’architecture, n’a jamais participé à cette biennale. Mais ce ne sera plus le cas à partir de cette année. Du 7 juin au 23 novembre prochains, le Maroc sera au rendez-vous pour la première fois de son histoire. «Notre première participation à la Biennale de Venise, événement le plus important de la scène architecturale internationale, est pour nous l’occasion de montrer le génie de la tradition marocaine qui a su absorber et digérer les influences modernes», explique dans une déclaration à la presse française, Abdelillah Elidrissi Talbi, conseiller aux affaires culturelles et scientifiques à l’ambassade du Maroc en France. Un constat que conforte Tarik Oualalou, commissaire scientifique du Pavillon du Maroc. Selon ce dernier, le Royaume a été pendant un siècle et pas des moindres, «un bac à sable où tous les concepteurs sont venus innover en matière d’architecture et d’urbanisme».
Au thème choisi pour cette édition «Fundamentals» (traduire «Fondamentaux de l’architecture»), le Maroc répond parfaitement à travers un programme concocté avec soin. Un programme décliné en deux parties. La première constitue un aperçu historique qui permettra de découvrir les réalisations les plus marquantes du pays durant le siècle dernier.
Le public de la Mostra de Venise sera convié cette année à un voyage à travers cette histoire si riche, du tissu traditionnel de la médina de Fès aux projets de logements économiques périurbains. «Nous portons un regard sur les conditions de fabrication des bâtiments et sur leur transformation aujourd’hui», avance Tarik Oualalou. Exemple : les immeubles «Nid d’abeille» et «Sémiramis», construits en 1951-1952 à Casablanca. Ces logements à patios superposés, signés les architectes Georges Candilis, Shadrach Woods, Vladimir Bodianski et Henri Piot, sont essentiellement inspirés des habitations traditionnelles marocaines. On citera ici l’exemple des ksours, kasbahs, villages fortifiés, entre autres. «Cette opération constitue une certaine acclimatation de l’architecture moderne sous les tropiques. Mais au fil du temps, les Arabes ont juste voulu une pièce en plus et ils ont muré ces patios».
Et la deuxième partie sera réservée à l’avenir de l’architecture au Maroc. On y interrogera les architectes d’aujourd’hui sur les questions relatives à cette démarche avant-gardiste du domaine au Maroc. Les maquettes de leurs projets seront «posées sur des stèles d’un mètre carré qui émergeront d’un épais tapis de sable du désert marocain, acheminé à Venise pour cette scénographie», apprend-on. L’exposition, présentée sur 200 m2 dans l’Arsenal, est le fruit d’un travail rétrospectif et prospectif sur l’habitat. Et c’est aussi un clin d’œil à la thématique choisie pour cette 14e édition. C’est ce que confirme également le commissaire général de la Mostra, Rem Koolhaas. Le Maroc répond «en clin d’œil» : «Fundamental(ism)», traduire «Fondamentalismes» à savoir «une exploration de ce que le territoire a appelé comme démarches radicales et expérimentales». À découvrir du 7 juin au 23 novembre prochains à Venise.
