Si les réglementations sur la pollution sonore ne sont pas appliquées, celles qui concernent la pollution visuelle restent obsolètes. En effet, si les nuisances et l'environnement sonores sont des sujets bien connus, peu de cas est fait de la question de la pollution visuelle. Cela peut notamment être le cas des projecteurs de certaines discothèques qui, tournant toute la nuit, peuvent gêner la visibilité du ciel, pour les professionnels comme pour les particuliers.
Et quand rien n’est fait pour recadrer les abus, tout le monde fait un peu ce qu’il veut. À commencer par les immeubles qui constituent déjà en eux-mêmes une source de pollution visuelle. À Casablanca par exemple, les immeubles sont par tradition tous de blanc vêtus. Mais le blanc, c’est salissant et il ne semble pas dans les plans des propriétaires, ni de la ville de faire des ravalements de façades. Ces mêmes immeubles subissent d’ailleurs tout un tas de dégradations comme ces paraboles qui fleurissent sur les toits, toutes aussi rouillées les unes que les autres ainsi que leur câble électrique relié à la télévision du salon qui traverse l’immeuble de part et d’autre sans esthétique, aucune. Des balcons transformés en petites chambres ou fermés par des baies vitrées ; des groupes de climatisation, des grilles fixées sur des fenêtres, des pans de façades peintes de différentes couleurs... De même, le linge accroché un peu n’importe où ne donne pas envie de vivre dans ces bâtiments. Il y a pourtant une terrasse. Que nenni, il est plus facile d’accrocher son linge à sa fenêtre que de monter trois étages… la liste des modifications est encore longue.
La lumière constitue également une source de pollution visuelle. Elle concerne les lampadaires, parfois placés sans respect pour les riverains. «J’ai un réverbère juste en face de ma chambre qui éclaire énormément. J’ai demandé à ce qu’on le déplace. On m’a répondu par la négative et on m’a même proposé de faire poser des volets. Comme je n’en ai pas les moyens, je me suis occupé moi-même du poteau avec une cisaille…», déclare Abderrahmane.
Les commerces ne sont pas en reste. Il est de coutume dans les grandes villes que les habitations des riverains soient situées juste au-dessus d’un commerce. Outre le bruit occasionné, la gêne va plus loin avec les néons de certaines enseignes qui restent allumées même quand le commerce est fermé. Et tous ces désagréments ne s’arrêtent pas là, puisqu’il arrive que ce soit un voisin qui nous gâche la vie. «Les voisins de l’immeuble d’en face ont décidé de mettre une lampe sur leur terrasse pour accrocher le linge. Le problème c’est qu’ils oublient parfois d’éteindre la lumière la nuit. Ils en ont mis aussi à chaque cage d’escalier. Le pire est qu’ils n’ont pas choisi des ampoules à faible consommation, ça doit bien être du 100 W, elles éclairent énormément. C’est très dérangeant. Et puis il faut voir comment cela a été installé, ce n’est même pas fait proprement», conclut une citadine.
