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L’alibi des détracteurs de l’Islam

Dr Mohamed Salem ECHARKAOUI,
né à Assa, au sud du Maroc, en 1970.
Titulaire de Doctorat en spécialité de la communication de l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès et de Master en ingénierie territoriale et sociale de l’Université Paul Valéry III de Montpellier- France.
Spécialiste et conseiller en communication auprès de plusieurs organismes nationaux et internationaux.
Actuellement directeur des affaires générales et de la Communication à l’Agence du Comité Al Qods (Bayt Mal Al Qods Acharif).
Auteur de plusieurs études en langue arabe et en français sur la sociologie de communication et l’influence de l’image médiatique à travers des essais qui ont porté notamment sur l’aspect social de la situation de la ville d’Al Qods, L’affaire du Sahara et ses dimensions sociales.

L’alibi des détracteurs  de l’Islam
Engagement • Réunion à Marrakech du Comité Al Qods, le 17-18 janvier 2014.bPh. AFP

Géopolis : Quel constat faites-vous de l’État de santé des pays du monde islamique après l’expérience douloureuse du «Printemps arabe» ?
Il est clair que nous vivons actuellement dans une logique de guerre contre les valeurs de l’islam tolérant et modéré, tel que nous l’avons appris du saint Coran et de la «Sounnat» du Prophète sidna Mohammed avec les principes humains du pardon et de convivialité. Comme vous pouvez le constater, l’une des parties prenantes, au moins, des combats en Syrie et en Irak, est en train d’utiliser la religion à mauvais escient pour justifier la guerre. Cela conduit impérativement l’État islamique présumé en Irak et au Levant (EIIL) et le front «Annosrat» à relancer les maladies qui ont été réprimées de la dictature comme l’intolérance et le fanatisme et par conséquent remettre en cause les sacrifices de la mouvance du Printemps arabe qui a réussi à lever le couvercle couvrant les laideurs de la société touchée par cette mouvance.
Cela dit, les forces vives de la Oumma islamique sont appelées à redoubler d’efforts pour éviter l’effondrement total à multi-facettes qui pourra affecter les pays touchés par le phénomène du despotisme pendant plusieurs décennies. Je ne veux pas citer, dans ce contexte, les défis liés à la détermination qui motive des gens à se faire exploser ou à commettre des crimes et des scandales contre les autres, qui sont considérés pour les «musulmans fanatiques» comme des mécréants ou des apostats.

L’avènement de l’«État islamique» présumé à relancer le débat sur l’image de l’islam, particulièrement dans l’Occident, notamment ces images de sang qui sillonnent le monde et qui portent atteinte à la religion musulmane ?
Voilà pourquoi il ne faut pas prendre à la légère les changements qui se produisent en ce moment après l’avènement de l’EIIL, car il s’agit, désormais, d’un syndrome qui va produire des guerres avec les voisins chiites et les Coptes, avec l’Occident et avec le monde entier. L’islam, rappelez-vous, n’a jamais fait de distinction entre les races. Au contraire, il a toujours appelé les musulmans à se comporter avec humanité, sans avoir le complexe d’impuissance ou d’infériorité qui pousse l’individu à compenser par l’ostentation et l’outrance dans la pratique religieuse. À mon avis, le problème réside dans la perception qui a dominé sous plusieurs régimes qui ont essayé de constituer leurs États sur une plateforme partisane ou tribale. D’autres ont mis en avant la religion pour assurer la stabilité et le progrès de leur pays. En revanche, il est judicieux de méditer le modèle de pays comme la Turquie, la Malaisie et l’Indonésie, qui représente, à mon avis, un exemple de pays islamiques modernes où la religion n’a joué aucun rôle. Dans ce contexte, il serait impératif de lancer le débat à même d’établir un modèle de gouvernance susceptible de mener à la réconciliation souhaitée par l’adoption d’une démarche participative qui rompt avec le fantasme du retour à un passé où la nation islamique était dominante, puissante et prospère, et essayer de reconnaître ses faiblesses et ses défaillances afin de les surmonter.

Êtes-vous sûr que les activistes de la mouvance islamique, radicale ou modérée, vont accepter de s’assoir autour d’une table pour un dialogue serein avec leurs rivaux ?
Je ne suis pas sûr. Mais il se trouve que le modèle marocain représente, quand même, un point de convergence qu’il ne faut pas négliger. Il est certain que l’idée de l’islam politique est opposée à celle de l’État lorsqu’il rejette la démocratie, et nous devons reconnaître, une fois pour toutes, que ce qui a été appliqué dans les premiers siècles de l’islam ne l’est pas dans les temps actuels. Il est inconcevable, par exemple, que les citoyens appartenant à d’autres confessions soient obligés de payer une rançon (la Jizia) ou quitter leurs pays ! Je suis convaincu, comme plusieurs d’autres observateurs, que l’islam politique se prépare en ce moment à affronter une phase douloureuse qui mettra fin, sans aucun doute, à ce courant. Ce sont les enseignements de l’histoire. Hormis ce phénomène d’intégrisme, visible, audible et très présent dans les médias de par le monde, est-ce qu’il ne faudrait pas se demander si les musulmans dans le monde ont une véritable influence économique, politique et sociale ? La réponse serait, malheureusement, négative. Il faut préciser que le critère démographique ne constitue nullement un élément déterminant dans l’hégémonie à l’ère de la globalisation, des technologies de la communication et de l’information et des économies fortes qui reposent sur des bases solides.

Vous avez présenté le modèle Marocain de gouvernance comme l’exemple d’une approche qui peut conduire toutes les parties qui accepteront de participer à s’impliquer dans la vie politique, indépendamment de leurs affiliations et de leurs sensibilités, y compris la mouvance islamique ?
Vous avez bien fait de préciser la notion de ceux qui accepteront de participer. Je crois qu’au Maroc nous devons admettre que nous avons de la chance d’avoir un Monarque qui a une légitimité incontestable, à la fois religieuse et historique. Dans la nouvelle Constitution de juillet 2011, approuvée largement par les Marocains, Sa Majesté le Roi, Commandeur des croyants, demeure le chef suprême de l’État et le garant de son unité et sa stabilité. Ce statut permet aux politiciens de se focaliser sur les tâches qui leur sont imparties particulièrement dans les domaines qui revêtent une importance capitale et qui influent sur la vie quotidienne de citoyens, notamment en matière de pouvoir législatif et de pouvoir exécutif. Cette nouvelle Constitution a consolidé davantage les acquis depuis l’indépendance et a élargi le champ des libertés, individuelles et collectives, pour assurer la participation de toutes les forces de la société dans la vie politique. Il faut rappeler, en effet, que le Royaume du Maroc a instauré son choix démocratique basé essentiellement sur le pluralisme et sur l’ouverture depuis des décennies. Cela veut dire, tout simplement, que le champ est ouvert devant toutes les sensibilités politiques de toutes tendances confondues.
Par conséquent, plusieurs observateurs estiment que ce modèle peut faire l’objet d’un débat politique et institutionnel dans plusieurs pays arabes et musulmans afin qu’ils en tirent profit, notamment en matière de sécurité et de stabilité, tout en tenant compte de la spécificité de chaque pays.

À cet effet, justement, quel rôle peut jouer le Maroc pour aider les pays musulmans à surmonter leurs difficultés ?
Je considère, personnellement, que le Maroc d’aujourd’hui, conduit par Sa Majesté le Roi
Mohammed VI, qui jouit de la confiance et du respect de la communauté internationale, est à même de jouer un rôle de fédérateur pour rapprocher les idées des différentes parties, que ce soit sur le plan politique ou sur le plan religieux.
Justement, le fait d’assurer la sécurité spirituelle, alimentaire et sanitaire pour tous les Marocains n’est pas une mission facile, surtout dans les circonstances économiques et sociales actuelles. Mais le Maroc a réussi quand même à dépasser le stade critique, grâce à la sagesse de Sa Majesté le Roi et à l’intelligence des Marocains, chose qui a incité plusieurs pays du monde musulman et de l’Afrique à chercher à bénéficier de l’expérience marocaine.
Évidemment, la position du Royaume du Maroc sur la scène géopolitique lui permet d’être un pays d’une grande influence en politique internationale, à travers sa présence active au sein des Nations unies et au sein des instances régionales, grâce au dynamisme de la diplomatie marocaine qui opère activement sur tous les dossiers qui intéressent le pays.

Quelle position pour le Maroc sur le dossier du Proche-Orient et le conflit arabo-israélien, qui reste, encore et toujours, un sujet d’actualité ?
Vous savez, Sa Majesté le Roi, en sa qualité de Président du Comté Al Qods, ne cesse de déployer les efforts pour inciter la communauté musulmane à adopter une position unifiée sur tous les sujets qui préoccupent les pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), particulièrement le conflit avec Israël et la situation de la ville sainte d’Al Qods. L’engagement de Sa Majesté le Roi envers le peuple palestinien, réitéré lors de la vingtième session du Comité Al Qods, tenue en janvier 2014 à Marrakech, confirme la solidarité, à caractère historique, des Marocains avec leurs frères Palestiniens. Aujourd’hui, cet attachement se concrétise, encore une fois, par les efforts du Souverain pour arrêter l’offensive de l’armée de l’occupant israélien sur Gaza, à travers la démarche de soutien politique à l’Autorité palestinienne et à travers l’aide qui est envoyée à Gaza. Les efforts de Sa Majesté le Roi, Président du Comité Al Qods, s’inscrivent également dans une dynamique lancée par ce Comité pour contrer les agressions systématiques et accélérées contre la ville sainte et ses attributs religieux et civilisationnel, et à leur tête la mosquée sainte d’Al Aqsa. À cet effet, il est nécessaire de rappeler le rôle de l’Agence Bayt Mal Al Qods qui consiste à réaliser des projets concrets selon une méthodologie qui consiste à approcher les populations d’Al Qods pour mieux satisfaire les exigences de la vie dans cette ville tout en tirant profit du rôle de la société civile active dans les domaines sociaux de priorité. Cette démarche adoptée par l’Agence, sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi, a porté ses fruits dans les secteurs de l’enseignement, de la santé, de l’habitat et de la culture ainsi que pour les programmes de la promotion de la femme, des jeunes, des enfants et des personnes qui vivent dans la précarité. 

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