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Apprendre l'hygiène à ses enfants

À l’âge où votre enfant commence à explorer le monde qui l'entoure, il ne se soucie pas vraiment de l'hygiène, de la propreté. Mains pleines de peinture, de chocolat... Il s'en met absolument partout. C’est le moment d’inculquer, de manière ludique, le b.a.ba de la propreté à votre petit bout de chou.

Apprendre l'hygiène à ses enfants
Pour faciliter l’apprentissage de l'hygiène, laissez l’enfant choisir ses éléments de toilette.

L’apprentissage de l’hygiène doit être un moment de plaisir et de partage. Les meilleurs gestes sont des actes ludiques. L’enfant doit pouvoir choisir la forme de sa brosse à dents avec le personnage de son choix, la forme et la couleur qu’il préfère. Il doit également choisir le dentifrice au goût qu’il aime, le shampoing qui ne pique pas aux yeux, le bain ou la douche, le gant de toilette avec les dessins qui l’amusent et surtout faire de ce moment de toilette un réel plaisir, un moment d’échange affectif avec le parent présent et aussi un moment où il apprend et où il devient fier d’être de plus en plus autonome. Sentir bon, avoir une bonne haleine, se laver les mains avant de manger, se brosser les dents après un repas peuvent devenir une corvée que l’enfant tentera par tous les moyens d’éviter, ou un moment de bonheur qui lui permet en outre de renforcer son autonomie et son estime de soi.

Ses mains

À partir d’un certain âge, l’enfant porte tout à sa bouche et ses doigts en premier lieu. Ce peut être après avoir touché des rampes d’escalier ou des murs sales par exemple, ou après avoir trifouillé des poignées de porte ou les jouets du chien, du chat, bref autant d’endroits ou la saleté règne. Or les mains sales véhiculent microbes et bactéries, d’où l’intérêt de les laver. Installez des rituels pour se laver les mains : avant et après les repas, quand vous rentrez de l’extérieur, après la peinture, le pot… Placez une cuvette à sa hauteur ou rendez le lavabo accessible en y installant un marche-pied. Utilisez un distributeur de savon liquide comme en crèche ou une savonnette à garder bien nette. Brossez-lui les ongles une fois par jour et coupez-les-lui bien court afin d’éviter que les saletés ne s’y logent. N’hésitez pas non plus à lui lancer des petites phrases d’encouragement : «Regarde ça mousse, c’est rigolo et quand tu frottes bien entre les doigts et jusqu’au poignet, tu fais plein de bulles, c’est joli !»

Ses dents

Aujourd’hui, on préconise de se brosser les dents dès l’apparition de la première dent. À 2 ans, ces dents sont sorties, il est temps qu’il intègre cette habitude. C’est important : l’hygiène des dents de lait est déterminante pour la qualité de sa dentition définitive.
Dès qu’une dent est là, frottez-la doucement avec une brosse à dents souple adaptée à votre bébé. Pour les 18 mois-2 ans, il existe des dentifrices au goût des enfants. Technique de base : de haut en bas pour les dents supérieures, de bas en haut pour le bas. L’essentiel est qu’il intègre le geste ! La fréquence ? En théorie, après chaque repas… ou au moins le soir, pour que ses dents ne restent pas sales toute la nuit.

Son corps

Votre enfant ne sera sans doute pas capable de se laver seul avant 5 ans. Mais vous pouvez déjà le laisser découvrir le plaisir de se détendre dans l’eau et d’en ressortir tout propre ! Donnez-lui une petite éponge ou un gant pour qu’il se savonne. Toujours sous votre surveillance, proposez-lui de se rincer en réglant la pression du robinet au niveau minimum. Pensez à la brosse à ongles : il commence, vous finissez ! 


Explications : Kamal Raddaoui, Pédopsychiatre à Casablanca

«Certaines mères font tout à la place de l’enfant : erreur !»

À partir de quel âge peut-on mettre bébé sur le pot ?
En principe dès l’âge de 1 an. Certains parents se vantent que leur enfant allait sur le pot dès 7 ou 8 mois, ce qui me semble prématuré. D’autres ne le font qu’après l’âge de 2 ans. En fait cela dépend de la maturité neurologique, c’est-à-dire au moment où l’enfant commence à contrôler ses sphincters, qu’il peut relâcher pour l’expulsion dans le bol fécal ou contracter dans un effort de rétention avant que le contrôle ne devienne automatique, c’est-à-dire sans effort volontaire. L’enfant commence à marcher et à exercer un contrôle sphinctérien à l’âge de 1 an, âge où il faut commencer à le mettre sur le pot pour son apprentissage de la propreté. Pourtant il ne faut pas oublier que ce sont là des repères chronologiques et non des règles strictes et chaque enfant évolue à son rythme.

À quel âge bébé devient-il propre ?
Pour la défécation ou «caca», l’enfant devient propre vers 2 ans. En général entre un et deux ans en moyenne en fonction de son apprentissage et de l’attitude de son entourage. L’apprentissage du contrôle sphinctérien se fait dans une transaction et une interaction avec la mère quand c’est elle qui s’occupe de son apprentissage. C’est le «stade anal» c’est-à-dire un stade du développement psychomoteur et surtout psychoaffectif où l’enfant est dans le refus systématique (période du «non»). Si on exerce une pression trop forte sur l’enfant (mère exigeante ou obsessionnelle), l’enfant peut se rétracter et refuser de faire caca dans le pot pour le faire dès qu’on lui remet sa couche.
Il peut aussi accepter d’aller sur le pot et apprendre à se retenir tant qu’il n’est pas dessus pour faire plaisir à sa mère. C’est l’interaction affective qui détermine le degré d’adhésion à l’apprentissage sphinctérien. Enfin, parfois un retard du développement psychomoteur peut retarder cet apprentissage. Pour le «pipi», l’apprentissage est un peu plus tardif. Il est un peu différent chez le garçon et chez la fille. En règle générale, l’enfant est propre vers 3 ou 4 ans, âge à partir duquel on peut commencer à parler d’énurésie primaire.

Que faire s’il ne s’y habitue pas ?
Il faut d’abord s’assurer s’il a eu un développement neuromusculaire et neuropsychique susceptible de lui permettre le contrôle sphinctérien. Certains retards n’ont rien à voir avec l’habitude ou la volonté. Dans d’autres cas, le refus obstiné peut refléter une relation conflictuelle avec la mère ou son substitut. L’enfant peut s’enfermer dans une spirale de refus obstinés pour exprimer une problématique affective et relationnelle. L’intervention d’un tiers peut s’avérer nécessaire quand la mère parait dépassée ou irritée, impatiente ou violente avec l’enfant qui tarde à être propre. C’est d’ailleurs une situation fréquente dans les consultations en pédopsychiatrie. La tolérance de la mère est relative. Certaines mères sont très voire trop patientes et ne se préoccupent pas du retard de l’acquisition du contrôle sphinctérien. D’autres en revanche dramatisent le problème et se comportent de façon maladroite et s’installent dans une attitude de défi qui génère une relation conflictuelle qui nécessite le plus souvent l’intervention d’un psy.

Pourquoi les enfants n’aiment-ils pas se laver les dents ou se doucher ? Est-ce une phase habituelle chez eux ?
Les enfants n’aiment pas la contrainte. Ils restent passifs également quand ils ne sont pas sollicités par leur entourage. L’enfant doit apprendre à se laver tout seul, même s’il le fait maladroitement pour devenir autonome. Certaines mères font tout à la place de l’enfant : elles lui lavent les mains, car elles ne les trouvent pas assez bien lavées, lui brossent les dents, car il ne va pas de la gencive à la dent et ne lave que les dents du haut ou celles de devant. Elles se substituent à l’enfant pour que la toilette soit bien faite. L’enfant s’installe alors dans une passivité qui va à l’encontre de l’autonomie souhaitée et recommandée. Au début il se laisse faire… et en grandissant il va refuser de se laisser tripoter et va refuser aussi de le faire lui-même. Il faut donc permettre à l’enfant d’être fier de ses apprentissages et favoriser ainsi son autonomie et l’estime de soi dans une relation de respect de son corps et de son intimité et donc de lui-même.

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