Le refoulement par l’Algérie d’une centaine de réfugiés syriens ne cesse de susciter la réprobation générale. D’autant qu’Alger, au lieu d’assumer ses responsabilités sur le plan humanitaire, tente d’accuser le Maroc de ses forfaits. Joe Grieboski, président du conseil d'administration du Institute on Religion and Public Policy (IRPP), basé à Washington, a déclaré dans ce sens à la MAP que l'expulsion «immorale» par le régime algérien de réfugiés syriens, dont des femmes et des enfants, constitue une action «typique» de la part d'Alger, qui «se dérobe encore une fois à ses obligations internationales».
«Pour tout vous dire, la déportation vers le Maroc par le gouvernement algérien de ces réfugiés désespérés n'est en aucun cas une surprise, sachant que durant plus de trois décennies Alger n'a pas daigné montrer la moindre préoccupation, ni le moindre élan humanitaire aux vies de milliers de réfugiés subsahariens à ses frontières et encore moins pour les affres endurées par les populations séquestrées dans les camps de Tindouf», a déploré ce spécialiste de la région d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, cité par la MAP.
De son côté Abdelkader Abbadi, un ancien haut fonctionnaire aux Nations unies estime que l'expulsion par les autorités algériennes de réfugiés syriens est une «décision unilatérale» contraire au droit humanitaire international.
«Cette décision unilatérale est contraire au droit humanitaire et démontre clairement que l'Algérie est loin de vouloir chercher à normaliser la situation de ses frontières» avec le Maroc, a regretté ce spécialiste du Conseil de sécurité, basé à New York, toujours selon la MAP. «En même temps, la décision d'expulser des femmes et des enfants syriens innocents vers les territoires marocains sans consultations préalables constitue un acte inhumain contraire aux pratiques de la communauté internationale dans le cadre des recommandations du Haut Commissariat aux réfugiés», a-t-il ajouté. Pour sa part, Abdelaziz Karaki, professeur de sciences politiques à l'Université Mohammed V-Souissi à Rabat a affirmé que le refoulement forcé par l'Algérie des réfugiés syriens vers un pays voisin sans obtenir au préalable son accord est contraire aux règles juridiques et morales. M. Karaki a noté que cette mesure prise par l'Algérie rappelle encore une fois la tragédie vécue par nombre de Marocains qui avaient été également expulsés en 1975, dans des conditions plus dures et plus cruelles».
Pour cet universitaire, «le refoulement de réfugiés originaires d'un pays qui vit une situation humanitaire catastrophique, est un acte condamnable par toutes les conventions internationales des droits de l'Homme».
Le principe des droits de l'Homme suppose l'accueil de ces réfugiés syriens, considérés comme des victimes de guerre, eu égard aux conditions difficiles qu'ils endurent, a-t-il souligné.
