Les troubles mentaux regroupent un vaste ensemble de problèmes, dont les symptômes diffèrent. Ils se caractérisent généralement par une combinaison de pensées, d’émotions, de comportements et de rapports anormaux avec autrui. Ils comprennent par exemple la schizophrénie, l’arriération mentale, les troubles dus à l’abus de drogues ou encore la dépression qui constitue actuellement la cinquième cause de mortalité et de handicap dans le monde et devrait atteindre la deuxième place d'ici 2020, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ces troubles mentaux représentent, au Maroc comme ailleurs, un réel problème de santé publique. En effet, un peu plus de 40% de la population de plus de 15 ans souffre, ou a souffert, d’au moins un trouble mental. En comparaison, plus de 400 millions de personnes sont atteintes de troubles mentaux, neurologiques ou souffrant de problèmes psychosociaux, associés notamment à l'alcoolisme ou à la toxicomanie, affirme l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les troubles mentaux en général représentent la deuxième cause de morbi-mortalité dans les pays en développement. «Environ 80% des personnes atteintes de troubles mentaux sévères dans ces pays ne reçoivent aucun traitement», déclarait le Pr Tom Craig, président de l’Association mondiale de psychiatrie sociale à l’occasion du cinquième Forum Impact Mental Health. Pourtant, comme le souligne l’OMS, avec des soins adaptés et un soutien psychosocial approprié, la guérison est possible pour la plupart d’entre elles…
Ce manque d’accès aux soins, de connaissance de ces maladies ou le coût de leur traitement font parfois que le patient est rejeté par sa famille. Seul et sans traitement, il peut représenter un danger pour lui-même et pour les personnes qui croisent son chemin. «Quand ils commettent un délit, on les envoie en prison.
Ainsi 60% des prisonniers dans le monde auraient un trouble mental : 50% en France, 60% au Canada. Ces études n’ont pas encore été menées au Maroc, mais je suis sûr qu’on trouverait 65% à 70%», indiquait il y a quelques semaines le Pr Moussaoui, directeur du Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd, précisant que leur place ne devrait pas être dans ces centres d’incarcération, mais dans des établissements spécialisés, bien que peu nombreux sur le territoire. «Les seuls établissements existants sont déjà complets», avait-il alors ajouté. Un constat partagé par le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) qui pointe du doigt, dans son dernier rapport, «le manque d’infrastructures et leur inadéquation au vu des standards de la répartition géographique, de l'architecture, des équipements, et des normes de sécurité, ainsi que le manque de surveillance et de ressources humaines».
Pour preuve, dans les pays à faibles revenus, on compte en moyenne 1 psychiatre pour 2 millions d’habitants et moins d’un infirmier pour 200.000 habitants, soit respectivement 170 et 70 fois moins que dans les pays à revenus élevés. Dans la plupart des pays, les services de santé mentale manquent donc de ressources, notamment financières. La disponibilité des médicaments pour le traitement des troubles mentaux est particulièrement faible et leur prix souvent élevé. «La baisse des prix des médicaments qu’a connue le Maroc dernièrement reste très minime : 20 à 30 centimes sur certains traitements», indiquait en juin dernier Naïma Trachen, présidente de l’Association marocaine pour l'appui, le lien, l'initiation des familles des personnes souffrant de troubles psychiques (AMALI).
Le CNDH reportait aussi des cas de mauvais traitement des patients par le personnel médical, mais aussi par leur famille. En effet, la méconnaissance des symptômes, associée à certaines croyances, contribue à une stigmatisation des patients. Persuadée que le patient est «possédé», sa famille le dissuade d’avoir recours à des services de soins spécialisés. Ils sont maintenus en marge de la société, rejetés, exclus et parfois même enchaînés dans les cas extrêmes. Ainsi, dans de nombreux pays, on signale régulièrement des violations des droits de l’Homme.
