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Grogne des médecins contre le ministre de la Santé El Hossein El Ouardi

Le dossier de l'absentéisme des médecins du service public refait surface. El Hossein El Ouardi, le ministre de la Santé a récemment mis en garde les médecins contre ce fléau qui nuit gravement à la santé publique. La réaction du corps médical ne s'est pas fait attendre. Selon eux, l'absentéisme ne concernerait que des cas isolés. La grogne est-elle justifiée ou les médecins sont-ils vraiment irresponsables ?

Grogne des médecins contre le ministre  de la Santé El Hossein El Ouardi
Certains médecins officient aussi bien dans le public que dans le privé, ce qui explique parfois leur absence dans les hôpitaux.

El Hossein El Ouardi, ministre de la Santé, revient à la charge. Lors de sa récente sortie médiatique, il n’a pas mâché ses mots pour parler de l’absentéisme des médecins. «Cet absentéisme contribue grandement à la détérioration des prestations des établissements de santé dans le Royaume. C’est une grande calamité qu'il ne faut pas passer sous silence. Nous allons prendre les mesures qui s'imposent pour faire face à ce phénomène», a mis en garde M. El Ouardi sur un ton menaçant. Pour le ministre, le laxisme et la permissivité ouvrent grand les portes devant les abus, faisant observer que l'absentéisme des médecins est à l'origine, de manière directe ou indirecte, de plusieurs problèmes, notamment les décès néonatals et des mères, rapporte la MAP. «Les efforts déployés par le ministère demeurent insignifiants face à la réalité amère relayée par les médias sur les souffrances endurées par les citoyens, notamment les femmes enceintes aussi bien dans le milieu urbain que rural», a-t-il regretté.

Ces déclarations n’ont pas été, évidemment, du goût des médecins opérant dans le secteur public. «Nous n’acceptons pas d’être le bouc émissaire dans la détérioration du secteur de la santé au Maroc. Le ministre doit être responsable dans ses déclarations et du département dont il a la responsabilité. S’il a failli à sa mission, ce n’est pas de notre faute. Il ne fait qu’induire l’opinion publique en erreur en s’attaquant une nouvelle fois aux médecins», répond au ministre le Syndicat indépendant des médecins du secteur public. En fait, ce n'est pas de la première fois que le ministre s’attaque à l’absentéisme dans la profession. Il avait sorti en mai 2014 une circulaire, selon laquelle les fonctionnaires fantômes ainsi que les médecins cumulant les fonctions au sein des établissements publics et privés seront punis et risqueraient même des poursuites judiciaires. D’ailleurs, le jour même de l’application de la circulaire, deux médecins ont été suspendus à Meknès à cause de leur absence injustifiée. Mais s’agit-il vraiment d’un problème structurel et répétitif au sein de la profession ?

Pour Abderrahim Aroui, membre de la commission administrative du Syndicat indépendant des médecins du secteur public, il n’en est rien et il ne s’agirait que de cas rares et isolés. Pour lui, il faut s’attaquer aux vrais problèmes du secteur et qui sont très nombreux, au lieu de «s’acharner sur les médecins». Même son de cloche auprès des médecins internes, qui, pour rappel, ne sont pas concernés directement par ce phénomène. «Je ne pense pas qu’il existe un réel problème d’absentéisme dans le secteur. Il s’agirait plutôt d’une confusion. Parfois, les médecins s’arrangent entre eux pour qu’ils soient remplacés par des confrères, ce qui est une pratique courante. Cependant, ils respectent leurs horaires et leurs obligations», précise pour sa part Tarek Moutawakil, président de l’Association des médecins résidents de Casablanca et membre de la Commission nationale de médecins internes et résidents du Maroc.

Si Tarek Moutawakil semble être de l'avis du syndicat des médecins, un membre de l’Association des médecins résidents tranche avec ces propos. «Ce n’est pas un secret et tout le monde le sait. L’absentéisme des médecins dans le secteur public est une réalité que nous, médecins résidents, observons chaque jour et nous en pâtissons d’ailleurs», nous déclare notre source sous couvert d’anonymat. Pour elle, les médecins préférant travailler dans le secteur privé, qui offre des rémunérations alléchantes, se délestent de leurs responsabilités au sein des établissements publics.

Pour justifier leurs absences, ils présentent des certificats de maladie à tour de bras, selon cette personne. «Parfois, nous nous retrouvons, nous résidents, seuls durant les gardes dans les urgences. Nous devons gérer des cas parfois très compliqués et un nombre important de malades. Nous couvrons les absentéistes qui s’investissent davantage dans le privé, nous faisons leur travail et personne ne peut ou ne doit en parler ou relever cette aberration qui est devenue, malheureusement, monnaie courante dans le secteur», déplore ce membre de l’Association des médecins résidents. Si les déclarations de notre source s’avèrent véridiques, les mises en garde d'El Hossein El Ouardi seraient alors justifiées. Ce dernier aura ainsi du pain sur la planche face à un problème que les principaux concernés refusent d’accepter et d’en révéler l’existence…

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