La Compagnie Minière de Touissit (CMT) est un titre à conserver dans les portefeuilles. C’est la recommandation d’Attijari Intermédiation qui vient de publier une note de recherche sur l’entreprise. Même si cette dernière manque de visibilité en termes de relais de croissance sur le moyen et le long termes, «nous maintenons un avis optimiste sur le titre compte tenu de plusieurs éléments dont son Bilan solide présentant une trésorerie disponible de 254 millions de dirhams et une rentabilité financière élevée de 44,5%».
Tenant compte d’un niveau des capitaux propres de 811 millions de DH et en l’absence d’endettement, CMT semble disposer d’une marge de manœuvre non négligeable en termes de levée de fonds. Les analystes d’Attijari Intermédiation indiquent par ailleurs qu’en l’absence d’opportunité d’investissement, l’opérateur adopte une politique de distribution généreuse au profit des actionnaires. Au cours actuel, le D/Y moyen (ndlr, Dividend Yield ou dividende par action rapporté au cours) sur le période 2014-2016 s’élèverait à 10%, soit plus du double de celui offert par le marché Actions (4,7%). L’analyse fait valoir aussi que le management de l’entreprise a démontré, depuis son introduction en Bourse, une bonne gestion opérationnelle et financière de la société. «Nous citons à titre d’exemple : la gestion des couvertures du portefeuille des métaux, la maîtrise des charges d’extraction et le renouvellement régulier de la durée de vie de la mine de Tighza», développe Attijari Intermédiation.
Pour la filiale d’Attijari, CMT confirme aujourd’hui son statut de valeur de rendement, après avoir redistribué en 2013 une grande partie de ses excédents de trésorerie aux actionnaires, soit 750 millions de dirhams. En effet, la minière semble renoncer pour le moment à entreprendre des investissements de taille dans la recherche minière au profit d’une politique généreuse de distribution des dividendes. «Actuellement, nous estimons que CMT devrait être évaluée sur sa capacité à soutenir un D/Y élevé plutôt que sur son potentiel de croissance. Nous estimons que le D/Y devient un paramètre crucial qui conditionnerait l’évolution future du titre en Bourse», affirment les analystes. Ils indiquent que dans l’hypothèse d’une quasi-stagnation de la masse bénéficiaire sur la période 2014-2016, soit aux alentours des 300 millions de dirhams, CMT pourrait aisément soutenir un D/Y moyen de 10%. Du coup, «nous optons pour un maintien du payout récurrent à 90% contre une moyenne de 50% sur la période 2009-2012». Avec ce niveau de rendement prévisionnel, le titre CMT compenserait donc les investisseurs en Bourse par rapport à ses deux principales limites. Il s’agit d’une part, de l’absence de visibilité sur sa stratégie d’investissement, et d’autre part, de la volatilité de ses résultats en tant qu’opérateur minier.
Nouveau modèle de développement
Avec une trésorerie de plus de 800 millions de dirhams à fin 2012, la compagnie avait le choix entre trois orientations stratégiques majeures. Il s’agit plus précisément, selon les analystes d’Attijari Intermédiation, de l’investissement dans la recherche minière et la valorisation de nouveaux gisements, l’acquisition de sociétés minières et des prises de participations financières dans des opérateurs miniers à l’international. Sauf qu’en redistribuant la quasi-totalité de sa trésorerie aux actionnaires en 2013, la société semble renoncer aux deux premières options stratégiques, pour s’orienter finalement vers un modèle de développement moins agressif.
Celui-ci se traduit à travers des prises de participations financières dans des sociétés minières de petite taille et/ou en phase de développement. Un modèle qui ne semble pas favoriser la croissance des revenus sur le moyen terme, selon les analystes d’Attijari Intermédiation. Ces derniers brandissent deux arguments pour confirmer leur hypothèse. Le premier indique qu’au Maroc CMT dispose d’une marge de manœuvre limitée en termes de la production.
«L’aptitude de l’opérateur à rehausser son niveau de production au Maroc, et par conséquent ses revenus, demeure étroite. Avec une durée d’exploitation de la mine de Tighza de seulement 14 années, nous pensons que le management ne devrait pas prendre le risque d’accroître à court terme son rythme de production», détaillent les analystes.
De plus, le principal objectif du management au Maroc demeure la préservation de la durée de vie de Tighza plutôt que le développement de nouveaux gisements. «En effet, les investissements opérés par CMT depuis son introduction en Bourse en 2008 concernent à plus de 80% le renouvellement de la mine de Tighza. A cet effet, le CAPEX moyen ressort à 8,6% du CA sur la période 2008–2013», poursuit la note d’analyse. Quant au second argument qui concerne le développement à l’international, Attijari Intermédiation indique que la récente prise de participation de 27,1% dans le capital d’Auplata, producteur d’or en Guyane française pourrait, à terme, soutenir les niveaux de dividende de l’entreprise (cf.www.lematin.ma).
Toutefois, la contribution d’Auplata aux résultats de l’opérateur minier marocain ne pourrait être visible qu’à partir de l’exercice 2016. Explication : le développement d’Auplata nécessite toujours des besoins en investissements importants. Selon le consensus des analystes à l’international, le retour à l’équilibre ne pourrait intervenir qu’à partir de 2016. Dans ces conditions, «nous pensons que la croissance du chiffre d’affaires de CMT dépendrait à l’avenir de l’effet prix de son portefeuille de métaux au Maroc. Il s’agit du plomb, de l’argent et du zinc», indique Attijari Intermédiation. Sur la période 2014-2016, le plomb constituerait le principal moteur de la croissance de l’opérateur. Ce métal représenterait plus de 60% du chiffre d’affaires contre 34% pour l’argent et 5% pour le zinc. «Concernant les prévisions de cours des métaux, nous avons retenu le consensus des brokers à l’international sur la période 2014-2016», souligne la note de recherche.
