Forte participation des pays africains

L’Afrique n’a jamais été aussi présente au Salon international de l’agriculture du Maroc. Il y a eu d’abord la présence remarquable du Président malien Ibrahim Boubacar Keïta et du Président guinéen Alpha Condé à la septième édition des Assises de l’agriculture à Meknès, avec notamment des discours pleins de sens et d’importantes délégations représentant une quinzaine de pays africains. Et dès l’ouverture officielle le lendemain de la neuvième édition de ce Salon, c’est près d’une centaine d’entreprises et d’institutionnels africains qui participent, dans le cadre du grand espace réservé au continent africain au milieu du pavillon international. Ils sont venus du Mali, de la Mauritanie, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Gabon, du Sénégal, du Burkina Faso et d’autres pays subsahariens, avec des produits du terroir et des produits agricoles transformés comme les céréales, les oléagineux (huile de soja, maïs, riz, sorgho, fonio, etc.), les tubercules (Amidon, Gari, Tapioca, farine), le chocolat, les fruits (Jus d’ananas, d’orange, de mangue, papaye, pastèque), mais aussi avec pleins d’ambitions pour placer leurs produits et tisser des contacts professionnels prometteurs aussi bien avec des opérateurs marocains qu’étrangers exposants ou en visite au salon.
«Depuis le premier jour, de nombreux visiteurs manifestent un grand intérêt pour nos produits et les autres produits africains. Certains achètent, d’autres se contentent de visiter et de poser des questions sur nos produits et même sur nos pays et nos coutumes.

Le gain que nous tirons de notre participation à ce salon grandiose est de faire découvrir nos produits aux visiteurs marocains ainsi qu’aux exposants et visiteurs étrangers qui ne les connaissent pas et les inciter à acheter ou à importer par la suite», indique une exposante de la Côte d'Ivoire. Au stand du Togo, la représentante d’une entreprise du secteur agroalimentaire présente les produits de son entreprise composés entre autres de farines vitaminées à base de soja, de blé, de maïs, de riz et des tourteaux de soja pour le bétail. «Nos produits se vendent très bien dans d’autres pays africains et nous ciblons par notre participation, pour la troisième année successive, le marché africain, maghrébin et aussi l’Europe. Notre point fort est que nous proposons des produits naturels sans aucun produit chimique», ajoute-t-elle. De son côté, un jeune Mauritanien expose des variétés de céréales et des fruits et légumes. «Nous sommes dans différents secteurs agricoles et nous participons pour la première fois au SIAM parce que nous espérons développer l’export vers le Maroc et l’Europe. C’est principalement la recherche des débouchés pour l’export qui motive notre participation», explique-t-il.

L’Afrique offre une image riche en couleurs

Pendant les premiers quatre jours du salon, l'Afrique a offert une image riche en couleur et diversifiée avec des produits très originaux. Certains participants africains se disent pleinement satisfaits des résultats de leur présence à cette édition du SIAM à Meknès, où ils ont réussi à placer leurs produits. Willy-Fryd Magnima, chargé de la communication de la Chambre de commerce, d’agriculture, d’industrie, des mines et de l’artisanat du Gabon indique que son pays participe cette année avec une dizaine d’entreprises en plus du ministère de l’Agriculture et de la Chambre d’Agriculture, d’industrie, des mines et de l’artisanat. «Au stand du Gabon, nous avons des entreprises leaders dans différents domaines agricoles, notamment le cacao, le sucre, les huiles et les produits dérivés, l’alimentation de bétail, et qui sont à la recherche de possibilités de partenariat avec le Maroc.

C’est la deuxième participation du Gabon au Salon parce qu’il y a un savoir-faire au Maroc en matière agricole et nous espérons tirer le maximum de ce Salon et du partenariat avec ce pays. Nous espérons aussi trouver des débouchés pour nos opérateurs dans le manioc gabonais qui est un produit très consommé en Afrique centrale et au Gabon», explique-t-il. Il ajoute que les entreprises gabonaises ambitionnent, à travers le SIAM, de développer l’export de ces produits à l’international. «Nous ne sommes pas au Salon seulement pour la vente, mais aussi dans une démarche de partenariat pour créer davantage de valeur ajoutée, approcher nos marchés, d'autant plus que les relations politiques entre le Maroc et le Gabon sont au beau fixe. Elles ont d'ailleurs été consolidées récemment par la visite de S.M. le Roi Mohammed VI au Gabon avec une forte délégation marocaine. Notre participation traduit la volonté de mon pays de tisser des partenariats gagnant-gagnant et de développer les échanges économiques et technologiques», ajoute-t-il.
Au-delà d’être une vitrine pour les produits africains, le SIAM consolide désormais les relations entre le Maroc et les pays du continent africain qui affichent l’ambition de s’inspirer du Plan Maroc vert et du modèle agricole marocain pour promouvoir une agriculture solidaire et pour une meilleure coopération Sud-Sud. 

 Ils ont déclaré…

Kobenan Kouassi Adjoumani,
ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques
«En Côte d'Ivoire, nous avons des fonds de garantie que nous mettons à la disposition des agriculteurs pour soutenir les zones d’exploitation agricole, mais cela ne suffit pas. Il faut que les banques investissent dans les domaines agricoles pour soutenir la production agricole et permettre à nos pays d’assurer l’autosuffisance alimentaire. S.M. le Roi Mohammed VI a été en visite officielle en Côte d’Ivoire à deux reprises et nous avons signé 20 accords avec le Maroc au niveau de notre ministère pour atteindre au total 26 accords de partenariat. Le Maroc s’est même engagé à construire un village pour les pêcheurs dans le cadre de la coopération Sud-Sud, et ce partenariat répond à nos attentes».

Moussa Alassane Diallo,
président-directeur général de la Banque nationale de développement agricole au Mali
«Le Mali participe au SIAM avec une délégation d’une centaine de personnes, à sa tête le Président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le ministre de l’Agriculture et sept membres du gouvernement. Il y a plusieurs motivations à cette participation. Il y a d’abord les résultats obtenus par le Maroc en matière de production agricole et des résultats encourageants obtenus dans le cadre du Plan Maroc vert. Nous constatons que l’expertise marocaine a atteint aujourd’hui un certain niveau et qu’il est important de mutualiser ces résultats à travers d’autres pays africains, et ce dans le cadre d’une coopération Sud-Sud. Ceci étant, il faut tenir compte de trois éléments. Le premier consiste à savoir comment assurer l’implication des pouvoirs publics des autres pays dans le soutien au financement de l’agriculture. Deuxièmement, comment structurer l’ensemble des besoins de financement à travers toute la chaine de valeurs en amont et en aval, depuis la production, la transformation, jusqu’à la consommation, et apporter au niveau de chaque maillon les besoins en financement nécessaires ; alors que le troisième élément concerne les services non financiers. Nous avons vu, à travers le Plan Maroc vert, l’appui du ministère marocain de l’Agriculture à travers la formation, l’encadrement, la recherche agronomique, la vulgarisation et c’est actuellement un ensemble de résultats probants dont dispose le Maroc dans l’agriculture et qu’il faut exporter et mutualiser à travers la coopération Sud-Sud».

Bongo Akanga Ndjila Barthélémy,
secrétaire général adjoint au ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la sécurité alimentaire du Gabon
«C’est la deuxième année que nous participons au SIAM avec de grandes entreprises opérant dans les domaines de l’agroalimentaire, l’agro-industrie et la délégation compte aussi de petites et moyennes entreprises opérant dans différents produits agricoles et alimentaires comme le chocolat. Nous avons participé l’année dernière à titre d’essai et nous espérons que nos entreprises puissent cette année nouer des partenariats fructueux avec des entreprises marocaines et européennes pour développer les échanges et soutenir nos objectifs de devenir un pays émergent à l’horizon 2025».