Depuis 1956, l'École supérieure des beaux-arts de Casablanca (ESBAC) est en fonction et forme des étudiants aux techniques du design d'objet, du design publicitaire et aux arts plastiques. Pourtant, le diplôme obtenu au bout de 4 années de cursus n'a jamais été reconnu par l'État. Cela a engendré, au fil des années, une frustration considérable parmi les étudiants, ce qui les a forcés ces derniers jours à se rebeller : des manifestations artistiques et des sit-in de protestation ont été organisés devant l'établissement concerné, ainsi qu’aux portes du Conseil de la ville.
Les étudiants des beaux-arts de Casablanca ont initié ce mouvement de contestation depuis le 12 mai, afin de réclamer la reconnaissance de leur diplôme par l’État. Un état de fait qui les empêche de poursuivre leurs études à l’étranger. Le mouvement réclame aussi de meilleures conditions d’études, moins d’absentéisme des professeurs et des cours de meilleure qualité. «Nous demandons aussi l’installation du système LMD (Licence Master Doctorat, NDLR), pour que nous puissions poursuivre nos études», souligne Ahmed Dahhani, étudiant à l’'ESBAC.
Cette mobilisation est une opportunité pour les étudiants, qui ont l’occasion d'exprimer leurs ressentiments. Ils dénoncent des professeurs absents, des cours où ils ne font rien d’autre qu’attendre et s’indignent devant l’absence de paiement de certains de leurs professeurs depuis neuf mois.
Étudiants, mais aussi lauréats des beaux-arts se sentent concernés par le mouvement. «Nous sommes plus de 80 étudiants à manifester, mais il y en a d’autres qui préfèrent suivre leurs cours, parce que la direction nous menace d’expulsions ou d’année blanche», nous explique Ahmed Dahhani. D’autres étudiants soutiennent le mouvement, mais veulent tout de même suivre leurs cours. Pour ce faire, ils ont décidé de porter un brassard blanc pour afficher leur soutien à leurs camarades, tout en suivant normalement les quelques cours encore maintenus.
En 1993, des réflexions ont été entamées quant aux éventuels avantages d'une transformation du fameux diplôme. Malgré la succession des responsables et des personnes déléguées, rien n'a jamais été réalisé juridiquement pour donner un statut d'équivalence à cette gratification. De ce fait, les étudiants n'ont pas la possibilité de continuer des études supérieures ou de pratiquer un métier dans la fonction publique, ce qui pousse la plupart à se diriger vers le secteur privé. Le sit-in, entamé par les étudiants de l’École des beaux-arts, dure toujours, jusqu'à ce qu’une solution convenable leur soit proposée.