La contrebande de cigarettes prospère, selon la Société marocaine des tabacs (SMT). Un milliard de cigarettes de plus ont été écoulées par la contrebande entre janvier 2013 et avril 2014, soutient l'entreprise. Pour la société, qui revendique environ 90% du marché du tabac marocain (y compris la marque Philip Morris commercialisée au Maroc via la SMT), c’est un manque à gagner à la fois pour elle et pour l’État. En 2013, la SMT affirme avoir contribué pour environ 10 milliards de DH aux recettes fiscales. Ce qui représente, selon le top management de la société, 81,7% du total des revenus de l’entreprise. Pour faire face à cette montée en flèche du commerce illicite des cigarettes, la SMT a dû «innover». Lors d’une rencontre de presse le 25 avril à Casablanca, elle a ainsi dévoilé deux nouveaux produits dont le lancement sur le marché marocain est prévu cette fin de mois. «En raison de la hausse des taxes et par conséquent la hausse des prix des cigarettes vendues légalement, la contrebande est devenue plus active. Notre nouvelle offre se veut une alternative économique légale et compétitive par rapport à ces produits illicites», a déclaré au journal «Le Matin» Paul Leggat, président-directeur général de la SMT. L'entreprise lance ainsi une nouvelle marque : MQS.
Elle est née de l’association de deux marques : Marquise, numéro 1 des ventes au Maroc avec environ 2/3 du marché, et Parker&Simpson, marque anglaise de renommée internationale du groupe Imperial Tobacco, maison mère de la SMT. MQS est proposé à 19 DH le paquet avec deux références : Une Full à 12 mg et une Light à 8 mg. L'autre produit consiste en une nouvelle catégorie de tabac à rouler et à tuber sous l’égide de deux marques phares : Marquise et Gauloise. Pour ce produit, une offre jugée complète a été développée : outre le tabac en vrac, un kit complet d’utilisation est proposé, avec une machine de tubage de même que des tubes prêts à l’emploi ainsi que des filtres et du papier à rouler. Selon Paul Leggat, la SMT a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 14,8 milliards de DH.
Ce qui fait d’elle la sixième plus grande entreprise au Maroc et le leader de l’agroalimentaire local. La filiale d’Imperial Tobacco a investi 700 millions de DH pour la modernisation de son industrie durant les cinq dernières années. «Nous allons mobiliser une autre enveloppe d’au moins 700 millions de DH supplémentaires entre 2014 et 2018», annonce Paul Leggat. Selon lui, la SMT travaille avec plus de 3 000 tabaculteurs et achète l’intégralité de la récolte au Maroc. Elle entretient aussi un «étroit partenariat» avec plus de 400 PME auprès de qui elle sous-traite de nombreuses prestations industrielles et commerciales pour plus de 3 milliards de DH (3,25 milliards d’achat de biens et de services en 2013). Selon Leggat, quelque 15 milliards de cigarettes sont vendues légalement chaque année au Maroc.
Avant 2013, près de 3 milliards de cigarettes de contrebande étaient commercialisées annuellement, pour un chiffre d’affaires avoisinant les 3 milliards de DH. Le commerce illicite, ajoute le PDG, aurait donc augmenté entre 25 et 30% les 18 derniers mois.
