Ahmed Tayeb El Alj était une plume. Légère, profonde, libre. En un mot prolifique. Vendredi dernier, au cœur de la capitale du Royaume, cette plume devient une voix. Chaleureuse, sensible et habitée. Mieux encore, le défunt a été des voix, celles des figures de proue de la chanson marocaine moderne, mais aussi de la jeune génération.
Heureusement pour les spectateurs, sa prose est de miel. Du miel du pur sucre, évidemment. Pour donner l’occasion au public de découvrir cette écriture poétique, exigeante à force de courir derrière la perfection, la Fondation Ahmed Tayeb El Alj pour le théâtre, le zajal et les arts populaires a choisi d’organiser une soirée exceptionnelle autour des chansons que le défunt avait écrites depuis les années 60.
Cette soirée qui s’inscrit dans le cadre de la commémoration du premier anniversaire de la disparition du grand maître Ahmed Tayeb El Alj. Dramaturge, poète, mais également parolier, le défunt a contribué à l’essor que connaît la chanson marocaine moderne et à l’éclosion de plusieurs générations de chanteurs marocains, qui aujourd’hui sont des figures clés du genre. C’est pourquoi la Fondation a consacré toute la soirée du 14 février à cette facette de notre grand artiste, celle du parolier.
«Nous souhaitons à travers cette toute première édition de ce rendez-vous inviter le public marocain à goûter à la saveur de la chanson marocaine moderne. Et par là même, découvrir la genèse des écrits du grand regretté Ahmed Tayeb El Alj. Il a énormément contribué à l’essor de cette chanson dans la région du Maghreb et du monde arabe ensuite. Il a également donné naissance à des générations de chanteurs marocains, devenus au fil des années des ambassadeurs de la chanson marocaine moderne à travers le monde. Et voir ces chanteurs aujourd’hui en majeure partie réunis sur une même scène et face à une salle archi-comble prouve que ce genre suscite encore l’engouement de plus d’un Marocain. C’est une consécration de ces chanteurs, compositeurs, mais également de ce parolier qui a joué le rôle du dénominateur dans cet élan», s’en réjouit Rédouane El Alj, membre, à la fois, du comité d’organisation de cette soirée, et de la Fondation éponyme.
Il s’agit surtout de revisiter les chansons que son père avait écrites depuis les années 60 du siècle dernier. C’était aussi l’occasion de redécouvrir les célèbres chansons du bon vieux temps comme «Mana Illa Bachar», et «Katajabni» datant, respectivement, de 1963 et 1967 pour Abdelouahab Doukkali. Lors de cette soirée, la première chanson a été interprétée par Amir Ali et la seconde par Ibrahim Barakat.
Il y avait aussi Nezha Chaabaoui qui a interprété avec beaucoup d’élégance «Amri Lillah» de Naïma Samih en 1972. Latefa Raafat revisitera sa propre chanson «Awah Awah», que le défunt lui a écrite en 1997. Les amoureux de la chanson marocaine moderne ont eu également le plaisir de redécouvrir «La Tgouliche Nssani» et «Ya Dak Al Inssane» du grand Abdelhadi Belkhayat, respectivement, en 1973 et 1985.
Le fils du défunt, M’hammed Mamoune El Alj, a été de la fête et a reproduit en version live sa propre chanson «Assamak» (1986).
D’autres grands noms de la chanson marocaine moderne ont été aussi de la fête et ont permis de mettre en exergue la profondeur des textes de ce parolier d’exception. Il s’agit de Fouad Zabadi, Nouamane Lahlou et Mahmoud El Idrissi. Et que de grands noms y ont débarqué par la suite, toujours dans le cadre de ce premier anniversaire de commémoration de la disparition de l’artiste-dramaturge Ahmed Tayeb EL Alj ! Immense comme l’est l’œuvre d’Ahmed Tayeb El Alj, cette soirée, animée par Abdelmajid Fennich et la jeune Rim Achmaou, s’inscrit dans le cadre de la démarche de la Fondation Ahmed Tayeb El Alj pour le théâtre, le zajal et les arts populaires : faire découvrir l’étendue de l’œuvre du grand dramaturge Ahmed Tayeb El Alj. Pour cela, en marge de cette soirée, un stand à l’entrée du Théâtre
Mohammed V a été réservé à deux œuvres du parolier. Il s’agit de «Daghoul», adaptation de la très classique pièce «Le misanthrope» de Molière et une collection des paroles de chansons qu’il a avait écrites. Les deux livres sont édités par la Fondation Ahmed Tayeb
El AlJ pour le théâtre, le zajal et les arts populaires qui entend aussi publier aune biographie complète du défunt.
