La célébration par le peuple marocain du 70e anniversaire de la présentation, le 11 janvier 1944, à S.M. le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef d’un texte intitulé «Ouathiqat Al Istiqlal», est une occasion pour se remémorer la portée hautement symbolique d’un événement historique qui traduit la communion du peuple et du Trône dans la défense des valeurs spirituelles et nationales de la patrie. Présenté par le Parti de l'Istiqlal, nouvellement créé à l’époque, le Manifeste de l’indépendance constitue un document qui illustre un événement dans le processus de la lutte héroïque menée par les Marocains pour la libération et l'indépendance du pays et le parachèvement de son intégrité territoriale. Les signataires du Manifeste avaient alors réclamé la fin du régime de protectorat imposé au Maroc par le traité du 30 mars 1912. Il s'agissait de réclamer l'indépendance du Maroc.
Le Manifeste de l'Indépendance comportait en particulier des revendications relatives à l'indépendance «dans son intégralité nationale sous l'égide de Sa Majesté Sidi Mohammed Ben Youssef», ainsi que des démarches auprès des pays concernés pour garantir cette indépendance et l'intégration du pays au sein du groupe des États ayant approuvé la Charte de l'Atlantique. Le document insistait en particulier sur l'intérêt royal porté au mouvement de réformes et à la création d'un régime politique de la choura garantissant les droits et devoirs de toutes les composantes du peuple marocain. Cet événement a ravivé la flamme de la résistance au sein du peuple marocain, d'autant plus que feu S.M. Mohammed V avait réitéré, lors de sa visite historique à Tanger en 1947, les revendications contenues dans le Manifeste, et refusé ainsi de se plier aux autorités coloniales, qui ont exilé le regretté Souverain, déclenchant ainsi la résistance, qui a permis le retour du père de la Nation et la proclamation de l'indépendance du Royaume.
La tenue en janvier 1943 de la Conférence d'Anfa à Casablanca avait été l'occasion pour feu S.M. Mohammed V, Héros de l'indépendance, de rencontrer le Président américain de l'époque, Franklin Roosevelt, et le Premier ministre britannique, Winston Churchill. feu S.M. Mohammed V avait, ainsi, saisi cette opportunité pour soumettre à la conférence l'idée de l'indépendance du Maroc et d'une adhésion du Royaume à la Charte Atlantique. Laquelle idée avait reçu le soutien du Président américain qui a qualifié de logique l'ambition du Maroc de recouvrer sa liberté. Un an après cette conférence, les nationalistes, sous la conduite de feu S.M. Mohammed V, avaient élaboré un document portant sur les principales revendications, particulièrement l'indépendance.
Homme visionnaire, S.M. Mohammed V leur donna des suggestions et des modifications et les guida pour la sélection des personnes qui seraient chargées de présenter ces revendications, en tenant compte de la diversité sociale et surtout de la représentativité de l'ensemble des régions dans la réalisation de cet événement historique de grande envergure. La réponse de la Résidence coloniale fut une forte pression sur Sa Majesté le Sultan pour qu'il se démarque de l'idée de l'indépendance, et le lancement d'une série d'arrestations de nationalistes. Le 28 janvier de la même année, une large vague d'arrestations a frappé les rangs du Parti de l'Istiqlal et a notamment conduit à l'emprisonnement de son secrétaire général, feu Ahmed Balafrej. Des vagues de soulèvements et de manifestations se sont soldées par de nombreuses victimes, en particulier dans les villes de Fès, de Rabat et de Salé. De nombreux résistants furent traduits devant le tribunal militaire pour atteinte à l'ordre public et furent mis à mort. 67 personnes ont signé ce Manifeste. Tous font partie du panthéon marocain : grands résistants avant l'indépendance, les signataires sont devenus ensuite les symboles du Maroc libre.
