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«“Négritude” représente ma différence qu'on a du mal à accepter»

Le rappeur français d'origine congolaise, Youssoupha, a posé récemment ses valises au Maroc. L'occasion pour lui de parler de sa musique et du rôle du rap pour l'ouverture sur les autres. Il nous a également confié ses rêves et sa bataille pour faire intégrer culturellement la musique du rap.

«“Négritude” représente ma différence qu'on a du mal à accepter»
Le rappeur Youssoupha.

Le Matin : Vous avez lancé votre album «Négritude», pourquoi le choix d'un tel mot. Vous ne trouvez pas que c'est assez fort comme appellation ?
Youssoupha : Oui c'est un mot fort, c'est pour cela que je l'ai choisi. Il représente ma différence qu'on a du mal à accepter, pour laquelle on m'a complexé, on m'a réduit pendant des années en France.
Il est bien de ramener aujourd'hui de cette manière cette part d'identité à mon titre d'album. Ce choix n'est pas fait pour mieux me faire accepter, mais pour porter hautement mon rêve. Par exemple, avant de venir en France, je n'avais jamais rencontré un Marocain, je ne connaissais personne du Maghreb. La France a cette chance et je ne vois pas pourquoi on essaie d'effacer les différences des gens.
Je pense que plus je rencontre de personnes différentes, plus je suis ouvert d'esprit. Je trouve que ma négritude me permet d'aller vers les autres parce qu'elle leur apporte beaucoup sur l'Afrique. Ce ne sont pas des messages politiques. Je ne sais pas si je fais de la politique, mais on est tous politisés un peu. Par contre, je fais du rap, qui est une musique militante.
Justement, on reproche au rap d'avoir des messages forts, qu'en pensez-vous ?
Le rap fait tout pour tirer les gens vers le haut. On dit souvent que c'est la musique des sous-communautés sous-représentées médiatiquement et politiquement. On a la chance d'avoir le rap pour avoir la parole et on essaie de bien le faire. Il n'y a aucune autre suspicion à avoir autour de cette musique.

Beaucoup de politiciens et de personnes influentes dans le monde déclarent qu'ils aiment le rap. Est-ce un succès pour cette musique ?
Le succès de beaucoup de rappeurs comme Black M, Maitre Gims ou Soprano, montre qu'on a passé un cap en termes de popularité, mais la bataille culturelle n'est pas encore totalement gagnée parce qu'on se pose toujours des questions sur cette musique. Il y a toujours une suspicion autour du rap : est-ce que c'est politisé ? Quel est son message ? Et c'est la prochaine bataille à gagner. Sinon, en termes de popularité, le rap pour moi est devant beaucoup de genres musicaux.

Quels sont vos projets ?
Je veux réussir ma tournée qui vient de commencer, ainsi que la réédition de mon album «Négritude», prévue pour la fin de l'année. Je continue à développer mon label, sortir des nouveautés et faire des concerts.

Vous avez participé récemment au Concert pour la tolérance, quelle est l'importance d'un tel événement pour vous ?
J’ai participé à ce concert parce que je suis d'abord artiste. J'ai déjà été au Maroc et on a fait de la bonne musique. Par ailleurs, j'aime bien que la tolérance soit à l'affiche de ce concert. C'est une valeur d'ouverture sur les autres que je partage. J'aime bien le symbole du concert. Malheureusement, si on en parle encore aujourd'hui, c'est que cette bataille n'est pas gagnée.

Avec tout ce qui se passe actuellement dans le monde, est-ce que vous pensez que le message autour de la tolérance a du mal à passer ?
On a une tolérance à géométrie variable. On tolère des gens plus que les autres, cela dépend des moments et des époques.
On a encore du mal à faire un effort de tolérance de manière globale.
Avec tout ce qui se passe actuellement, les attentats, les questions autour de l'Islam et de l'immigration, il faut que chacun fasse un effort pour la tolérance. Le plus important est d'en parler.

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