Menu
Search
Samedi 04 Janvier 2025
S'abonner
close
Samedi 04 Janvier 2025
Menu
Search

«Le cinéma reste un métier difficile partout dans le monde»

Cette année, au quinzième Festival international du film de Marrakech, le Maroc est représenté au jury de la compétition officielle par l’artiste Amal Ayouch. Cette actrice connue pour son talent et la diversité de ses rôles a le privilège d’être aux côtés de réalisateurs et comédiens très célèbres, sans oublier le grand Francis Ford Coppola. Un honneur pour elle et une responsabilité dont elle nous parle, dans cet entretien, ainsi que d’autres questions en rapport avec le festival et sa carrière personnelle.

«Le cinéma reste un métier difficile partout dans le monde»
Amal Ayouch.bPh. Saouri

Le Matin : Vous êtes membre du jury de la compétition officielle du quinzième FIFM. Comment avez-vous reçu cette invitation ?
Amal Ayouch : Avec une grande fierté. C’est un honneur qu’on m’ait fait confiance pour représenter mon pays, surtout avec comme président du jury Francis Ford Coppola. C’est ce qui m’a beaucoup impressionné. J’essaye d’être au meilleur niveau de moi-même pour pouvoir être à la hauteur de cette responsabilité qu’on me donne.

Comment se déroulent les discussions entre les membres du jury et le président ?
Pour l’instant, puisqu’on est seulement quelques jours après le début du festival, on ne s’est pas vraiment réuni pour le travail. Mais on fait connaissance d’une manière amicale, on parle un peu entre nous autour d’une table ou en sortant d’un film. C’est une bonne chose pour pouvoir se connaitre et travailler dans de bonnes conditions.

En 15 années d’existence, qu’a apporté le festival pour les cinéastes et acteurs marocains ?
Pour les autres, je ne sais pas. En tout cas pour moi, le Festival a été une occasion pour découvrir de nouvelles productions que je n’aurais peut-être jamais eu l’opportunité de voir. C’est enrichissant sur le plan cinématographique. Le fait d’être dans le jury est un privilège. Je rencontre des personnes qui ont fait du grand cinéma. Pouvoir parler avec eux et échanger est aussi intéressant. J’ai assisté les années passées à certaines master class très importantes qui montrent que le cinéma n’est pas facile pour tout le monde, même ceux qui ont de grands noms dans le cinéma international. On ne doit pas s'imaginer que de l’autre côté des frontières, les choses sont plus simples. Le cinéma est difficile au Maroc comme partout dans le monde. Ces gens qui ont réussi nous montrent que c’est le travail qui paye, la patience et bien sûr la persévérance.

Vous est-il arrivé d’obtenir un contrat au sein du Festival de Marrakech ?
J’aurais bien souhaité. Peut-être que cela a été le cas pour d’autres personnes. Mais déjà, avoir ce festival qui a une spécificité et pouvoir y assister est un gain pour nous.

Ne pensez-vous pas que cela aurait été plus enrichissant d’établir des rencontres entre cinéastes marocains et étrangers ?
Il faut réfléchir aux formes, peut-être organiser des tables rondes autour du cinéma marocain et inviter des professionnels d’ailleurs, ce serait une bonne idée. Il faut penser à faire évoluer le festival. Je crois qu’il y a des réalisateurs et des producteurs qui ont pu trouver des coproducteurs. Il faut souligner que les Marocains sont un peu timides et ne vont pas vers les autres. Dans ce métier, il faut être plus audacieux pour approcher les gens, se renseigner, établir des contacts. Mais le problème c’est qu’on ne sait pas toujours qui est présent au festival. On a la liste des invités officiels et c’est tout. Connaitre les autres relève de la démarche personnelle. Le Centre cinématographique marocain (CCM) doit aussi jouer un rôle. Je ne connais pas son poids dans le FIFM et comment est gérée la Fondation. Tout ce que je peux constater, c'est qu’il n’y a quasiment personne du CCM. Il n’y a pas une cellule qui le représente.

Est-ce une faille ?
Je pense. Mais c’est aux gens du CCM de s’imposer. J’ai vécu l’expérience de trois festivals. Au premier, j’étais dans le jury du court métrage, quelques années après, j’étais maitresse de cérémonie, j’ai rencontré les organisateurs de très près et j’ai eu l’occasion de faire les cérémonies d’ouverture et de clôture et des hommages. Donc, je sais un peu comment cela se passe. Effectivement, ce sont les Français qui dirigent tout.

On nous a déclaré que cette année il y a moins de Français dans le staff d’organisation ?
S’il y a plus de Marocains, je ne sais pas comment ils se manifestent. C’est à vous en tant que journaliste de le savoir. Moi, je suis heureuse parce que je peux bénéficier d’un tas de choses. Parce qu’il n’y a pas que le cinéma, il y a aussi l’image dont bénéficie le Maroc sur le plan international. C’est déjà un point qui n’est pas négligeable. D'autant plus qu’aujourd’hui nous sommes dans une période sensible et on vit à travers l’image qu’on donne de notre pays, à travers des manifestations de ce genre qui nous permettent d’accueillir des personnes d’une envergure internationale qui ont confiance, viennent dans ce pays et y croient. Ce versant est positif et fait que le festival apporte beaucoup au pays. Il reste à chacun de se battre pour sa profession, les cinéastes ont des organismes qui peuvent parler de tout cela et revendiquer ce qu’ils veulent vraiment de ce festival. J’ai cru comprendre qu’ils s’activaient autour de cela. Car, de temps en temps, je vois des cinéastes marocains et étrangers en train de déjeuner ensemble. Il faut savoir comment cela s’organise.

Et vos projets ?
J’ai deux films qui sont à l’écran, actuellement, notamment «L’orchestre de minuit» et «Sotto voce». Puis, il y a le nouveau film «Les larmes de Satan» qui va être projeté en première à l’ouverture du Festival de Zagora, le 17 décembre. Autrement, je continue à faire un peu de théâtre.

Le cinéma peut-il atteindre les gens d’une manière concrète ?
Le cinéma est extrêmement important parce que c’est de l’image. Celle-ci a un vrai impact, car on est très influençable. C’est une autre manière de parler des choses. On a tous des films qui nous ont marqués dans notre vie et qui ont laissé des traces en nous, influençant notre manière de penser. Bien sûr, il faut faire attention à ce qu’on regarde, à ce qu’on laisse nos enfants regarder. Ce serait bien de faire aujourd’hui des films collaboratifs pour parler des douleurs, des misères, mais aussi des rêves, d’un idéal pour tout le monde.

Cela vous est-il arrivé de regretter d'avoir joué un rôle ?
Oui ! Au Maroc, on s’aventure souvent. Parfois, on n’a pas le choix. À l’étranger, on est sur des films importants où il y a des exigences. Cela permet d'acquérir de l’assurance. Mais on ne doit pas se comparer avec ce cinéma, parce que le nôtre est encore jeune.

Lisez nos e-Papers