Éco-Emploi : Quelle lecture faites-vous de la formation en ligne au Maroc ?
Kacem Goubella : Le marché de la formation en ligne est encore embryonnaire au Maroc. Mais il promet un potentiel énorme pour les années à venir. Le besoin de développer l’humain est plus qu’immédiat au niveau de la région, et il l’est encore plus, au niveau du continent.
Toutefois, il faut distinguer deux catégories de marché : le segment éducatif et universitaire, et le segment corporatif ou de la formation professionnelle. Le premier est peu développé. Le marché corporatif se veut par contre un marché de plus en plus demandeur. Il faut dire que les entreprises marocaines commencent à y voir un intérêt grandissant. Former à temps, plus de monde, de manière homogène et à moindre coût tout en s’assurant de l’acquisition des compétences nécessaires à l’exercice de l’emploi est clairement la solution idéale pour les patrons d’organisations. Cela va sans dire que les enjeux sont majeurs pour l’entreprise marocaine dans un marché très compétitif. Les organisations sont appelées à disposer de ressources humaines hautement qualifiées.
Pensez-vous que l'université marocaine soit sur la bonne voie en matière de e-learning ?
Il y a eu quelques initiatives entreprises par certaines universités, des établissements de l’enseignement supérieur et par le gouvernement. Ces initiatives ont été mises sur pied depuis 2003, à l’occasion de la réforme de l’enseignement lancée à l’époque. Sauf que, à mon avis, il aurait fallu structurer ses différentes actions par le biais d’une stratégie claire, voire une politique nationale en la matière. Ceci sans parler de l’insuffisance des moyens mis en place, tels que le développement de l’infrastructure technologique au sein des établissements de l’enseignement et la création de standards nationaux. Aussi, l’absence d’un cadre législatif permettant de reconnaitre les diplômes et certificats décernés en e-learning, et délivrer donc les équivalences en formation classique, rend la «consommation» de cette nouvelle modalité difficile.
Quelles sont, au Maroc, les structures qui sont à la recherche de programmes de formation en ligne ?
Aujourd’hui, ce sont principalement les grandes entreprises qui sont à la recherche de la formation en ligne. On peut citer le secteur financier (banques, assurances, organismes de crédit, etc.), les industries pharmaceutiques, de l’aéronautique et de l’automobile. Certaines multinationales implantées au Maroc s’y mettent aussi, vu que la culture du e-learning est généralisée dans leurs marchés domestiques. Il faut noter aussi que les administrations publiques marocaines, depuis le début des années 2000, ont déjà expérimenté des programmes de formation en ligne.
Quels sont vos actions dans ce domaine ?
Ellicom dispose d’une offre complète, et surtout adaptée à toutes les catégories de clientèle. Nous proposons des contenus prêts à être consommés, que l’on appelle «cours sur étagère» qui traitent de thématiques transversales et variées (management, développement personnel, achat et logistique, finances, qualité, bureautique, langues, etc.). Très souvent, nous intervenons chez nos clients afin de concevoir et développer un contenu spécifique, sur des thématiques aussi spécifiques, en mettant en place des formations «sur-mesure» tout en intégrant des stratégies d’apprentissage variées.
En matière de technologie, nous avons équipé certains de nos clients de logiciels et plateformes de création, de gestion et de diffusion de contenus de formation qui peuvent même être utilisés dans les formations dites «en présentiel». Par ailleurs, il nous arrive aussi d’intervenir en amont, afin de tracer des lignes directrices pour la formation et livrer une stratégie efficace, combinant les deux modes de formation, à savoir «à distance» et «présentiel».
Il faut noter que notre offre de produits et services vient généralement compléter l’offre classique des entreprises. Force est de constater qu’on ne peut jamais remplacer la formation en présentiel par la formation digitale, mais on peut la rendre plus efficiente. Au Maroc, nous travaillons pour servir non seulement le marché régional, mais aussi le marché de l’Amérique du Nord. Cependant, notre défi est de dénicher des ressources qualifiées en matière de pédagogie interactive, ou «techno-pédagogie».
Il faut dire que l’offre de formation initiale en la matière est presque inexistante. Ainsi, ces volets pédagogiques des formations que nous offrons sont en grande partie assurés par des ressources expertes de notre maison-mère au Canada.
