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Achoura, entre traditions et occultisme

Achoura est la fête de la famille et de l’enfance par excellence. Malgré l'évolution sociale, plusieurs pratiques qui ont lieu à cette occasion perdurent, dont certaines pas toujours très orthodoxes.

Achoura, entre traditions et occultisme
Tâarej, fruits secs et pétards sont autant de symboles de la fête.

Comme chaque année, les dix premiers jours de l’année de l'hégire sont marqués par des préparations intenses pour célébrer le jour de Achoura. «Tâarej», tamtams et autres tambours traditionnels sont étalés un peu partout dans les souks pour nous rappeler les festivités qui caractérisent cette période. Malgré l’évolution de la société, certaines traditions se rapportant à la célébration de Achoura persistent toujours. «Achoura est une belle occasion religieuse qui réunit toute la famille et qui rend les enfants heureux puisqu’ils ont droit à des jouets. Certes, les temps ont changé et rien n’est plus comme avant, mais les traditions qui accompagnent cette fête de Achoura sont toujours là : les filles qui chantent dans la rue en tapant sur leurs tâarej, les familles qui se réunissent autour d’un repas, la distribution de fruits secs…», confie Haj Thami, retraité de 62 ans. La célébration de Achoura a toujours été marquée par des pratiques à la fois religieuses, mais aussi peu orthodoxes. Ainsi, le jour de la fête, les parents achètent des jouets pour les enfants. Les mères de famille préparent ou achètent des gâteaux spéciaux, coupés en petits dés, «krichlates».

La tradition veut que ces petits gâteaux soient mélangés avec des fruits secs : «lfakia». Ces amuse-gueule, décorés et présentés soigneusement dans un grand récipient traditionnel, sont répartis de manière équitable, le jour de la fête, entre l'ensemble des membres de la famille. Le neuvième jour de Moharrem, les membres de la famille, et parfois même certains voisins du quartier, se réunissent au tour de la table du dîner pour déguster du couscous aux légumes et à la «diala», la queue du mouton de Aïd Al Adha, souvent conservée pour l’occasion. Dans les rues, des quartiers populaires généralement, enfants et ados allument un grand feu, «chaâla», à l’aide de bois ou de pneus, avant d’effectuer des sauts spectaculaires, une manière pour chacun de faire preuve de courage et de force, ce qui peut parfois avoir des conséquences très graves. Le lendemain, de nombreuses personnes vont au cimetière pour se recueillir sur les tombes des défunts. Ce jour est aussi celui de «Zemzem», par référence à la source sacrée de La Mecque. Les gens s’aspergent d’eau. Cependant, ce rituel commence à disparaître pour laisser place à de nouvelles mauvaises habitudes, comme jeter des œufs pourris, de l’eau de javel… Par ailleurs, cette période a également une autre facette plutôt néfaste : il s’agit de la sorcellerie. Voyants, sorciers et charlatans l’avouent : c’est le meilleur moment de l’année pour s'adonner aux pratiques de la sorcellerie. «Chaque année, j’attends la fête de Achoura pour renouveler la fidélisation de mon mari.

De cette façon, je suis sûre qu’il ne me trompera pas», confie Souad, la trentaine passée, femme au foyer. Se trouver un mari, le conserver, réussir sa vie professionnelle, activer un commerce ou encore se venger… autant de raisons qui poussent plusieurs personnes, généralement des femmes, à consulter les chouafate et les charlatans en cette période, pou le plus grand bonheur de ces derniers qui n’hésitent pas à augmenter les tarifs de leurs «consultations» qui passent de 10-20 DH habituellement à 50-100 DH pendant ces dix premiers jours de Moharrem. Selon plusieurs initiés en la matière, ces pratiques peuvent être faites tout le long de l’année, mais elles sont considérées comme plus efficaces en cette période. En plus, les femmes profitent du feu (la chouâla) allumé par les enfants pour y jeter leurs recettes soigneusement préparées et être sûres d’obtenir le résultat souhaité.

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