Le Chef du gouvernement algérien, Abdelmalek Sellal, s'est fendu, dimanche soir à Johannesburg, d'un discours qui démontre à n’en point douter que c'est bien à Alger que se trouve la clé du différend régional sur le Sahara. Seul à aborder le sujet à l'ouverture du 25e sommet ordinaire de l'Union Africaine, Abdelmalek Sellal est parvenu ainsi à se distinguer en affichant au grand jour l’implication directe et partiale de l’Algérie dans ce conflit qui dure depuis près de quarante ans. Pour le président du Centre marocain des études stratégiques, Mohamed Benhamou, le discours du Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, au sujet de la question du Sahara marocain, confirme la mainmise de l'Algérie sur cette organisation et sur ses instances, l'instrumentalisation et la manipulation de l'UA.
«Il s'agit d'une gaffe historique qui, malheureusement, ne sera pas l'unique dans l'approche des gouvernants algériens, d'un crime contre l'avenir du Maghreb et d'un mythe auquel ils continuent à s'accrocher contre les attentes et la volonté des peuples de la région et contre le cours de l'histoire», a-t-il déploré. Pour sa part, le Président du think tank AMIE Center (Association marocaine d'intelligence économique), Abdelmalek Alaoui, a qualifié de «surenchère surprenante», les propos du premier ministre algérien Abdelmalek Sellal. «Ces propos s'inscrivent dans une logique de surenchère surprenante à l'heure où l'Afrique œuvre à mettre en place des processus d'intégration régionale, comme en témoigne l'accord tripartite signé à Charm El Cheikh le 10 juin», a indiqué lundi M. Alaoui, dans une déclaration à la MAP.
«Comment peut-on raisonnablement appeler à la fragmentation et à la balkanisation de son voisin, alors que l'Algérie appelle publiquement à l'unité pour d'autres zones, notamment au Sahel ?» s'est-il interrogé. Pour M. Alaoui, ces manœuvres ne peuvent être que le fruit d'une logique passéiste et d'une stratégie qui vise à tenter d'affaiblir l'autre pour se sentir plus fort, tout en masquant ses difficultés internes. Réagissant aux propos du Premier ministre algérien, Peter Pham, directeur de l'Africa Center, relevant de l'influent Atlantic Council, a tenu à souligner que le responsable algérien «ne croyait pas si bien dire !» dans la mesure où la question du Sahara relève effectivement des «affres d'un colonialisme d'un autre âge» et tout particulièrement lorsque «l'Espagne s'était emparée de cette partie du Royaume qui était historiquement sous l'autorité des Sultans marocains».
L'expert américain a rappelé, dans ce contexte, que «la résistance face aux forces d'occupation espagnoles a été menée par Sheikh Maa al-Aynayn, qui était lié par des liens d'allégeance au Sultan Moulay Abdelaziz, grand-grand-oncle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI», affirmant qu'«il est effectivement souhaitable de régler les questions qui relèvent de la décolonisation, et ce en reconnaissant l'histoire dans ses dimensions véritables et authentiques, ainsi que la réalité politique sur le terrain, autant d'éléments qui nourrissent le plan d'autonomie au Sahara, sous souveraineté marocaine, qui jouit d'un soutien sans équivoque à l'international, dont celui des États-Unis d'Amérique». Dans un autre registre, Peter Pham a fait observer que l'Union Africaine «a déjà du mal à s'acquitter de ses missions essentielles, pour aller se ridiculiser et s'occuper d'une question qui ne relève en aucun cas de ses attributions», rappelant qu'une grande majorité de pays africains ne reconnaissent pas la pseudo «Rasd».