Menu
Search
Lundi 22 Décembre 2025
S'abonner
close
Lundi 22 Décembre 2025
Menu
Search

Au-delà de l'intelligence cognitive, l’intelligence émotionnelle

L’intelligence émotionnelle prend sa place dans le milieu professionnel. Elle implique pour le manager, au-delà de la gestion de ses propres émotions au travail, une maitrise des émotions de ses collaborateurs afin de les motiver au quotidien, les fidéliser et les faire adhérer aux mêmes objectifs. Chose qui n’est pas toujours aisée, raison pour laquelle une formation ou un accompagnement par un expert revêt toute son importance. Le point avec Lamiae Khalfouna, manager formation dans un grand groupe marocain.

Au-delà de l'intelligence cognitive, l’intelligence émotionnelle
Une personne qui a du mal à gérer ses émotions dans un contexte professionnel ne pourra pas tirer pleinement avantage de ses capacités intellectuelles.

Éco-Conseil : En quoi l’intelligence émotionnelle concerne-t-elle le manager ?
Lamiae Khalfouna : Dans le monde de l’entreprise, un manager n’est pas uniquement la somme de ses connaissances, ses capacités intellectuelles, techniques… communément appelées intelligence «cognitive». Son profil est défini également par sa capacité à s’adapter, à gérer ses collaborateurs, à gérer ses relations avec ses collègues, sa capacité à s’auto-motiver et à motiver les autres… autant de facultés et de capacités qui relèvent de l’ordre des émotions. Une autre compétence qui ne relève pas que de l’intellect est celle de la prise de décision. Elle est tributaire du «bon sens» et pas seulement de variables mesurables et calculables. On a souvent considéré un quotient intellectuel (QI) élevé comme la condition de la réussite professionnelle, mais l’expérience a prouvé que le lien n’est pas systématique. On se retrouve des personnes ayant des capacités intellectuelles «moyennes» qui ont de belles réussites professionnelles, comparées à d’autres, supposées «plus» intelligentes. C’est là où l’intelligence émotionnelle révèle toute son ampleur et sa pertinence. Un manager avec de très bonnes capacités intellectuelles ne pourra réussir sa mission sans avoir, par d’exemple, le sens d’adaptation aux changements de son environnement ou s'il n'est pas capable de motiver et faire adhérer les différents membres de son équipe aux mêmes objectifs. Autre cas de figure : une personne qui a du mal à gérer ses émotions dans un contexte professionnel ne pourra pas tirer pleinement avantage de ses capacités intellectuelles, éventuellement élevées, ce qui impactera sa performance globale.

Quelles sont les questions qui doivent interpeller le manager à propos de l'intelligence émotionnelle ?
L’intelligence émotionnelle a été définie par les pionniers de ce concept au début des années 1990 comme «une forme d’intelligence qui suppose l’habileté à contrôler ses sentiments et ses émotions et ceux des autres, à faire la distinction entre eux et utiliser cette information pour orienter ses pensées et ses actions» (Salovey & Mayer). Cela nous ramène à plusieurs questions que le manager devrait se poser : est-il conscient de cette intelligence ? A-t-il été formé/accompagné durant son cursus de formation académique pour développer ses compétences émotionnelles ? Quelle place accorde-t-il à l’intelligence émotionnelle dans l’exercice de sa fonction et comment faire de ses émotions un allié de sa performance ? Autant de questions qui ont poussé un bon nombre de managers à prendre conscience de l’importance des compétences émotionnelles, à s’auto-évaluer pour définir ses axes de progrès, à se former pour développer ces compétences et surtout à s’ouvrir à de nouvelles façons de se manager soi-même... et manager les autres.

Quel est l’impact de la prise en compte de l’intelligence émotionnelle dans les process RH ?
L’importance de l’intelligence émotionnelle sur les lieux du travail a été prouvée par plusieurs études et recherches effectuées depuis l’émergence du concept. Il est temps de lui accorder la place qu'elle mérite dans le monde de l’entreprise et dans notre vécu au quotidien. Il serait temps aussi de l'intégrer pleinement dans les processus RH, par d’exemple au niveau du recrutement pour la sélection des profils dont les compétences comportementales répondent aux besoins du poste en question, ainsi qu’au niveau de l’ingénierie de formation pour accompagner les managers par des formations visant la prise en conscience de cette notion et les initier à un processus de développement de leur QI.

Comment préparer le manager de demain au développement des compétences liées à l’intelligence émotionnelle ?
Universités, écoles d’ingénieurs ou même école de commerce au Maroc se focalisent quasiment toutes sur les aspects cognitifs de la formation des jeunes : capacité à résoudre des problèmes numériques ou logiques. Le résultat : des lauréats ayant appris et développés des hard skills au détriment des softs skills ! Peu d’institutions s’intéressent à pousser leurs étudiants à cultiver leurs compétences émotionnelles, quand bien même ces compétences sont indispensables pour construire leur savoir-être et les préparer à devenir les managers de demain. L’intérêt ne devrait pas se limiter à intégrer des modules ou des cours qui portent sur l’intelligence émotionnelle. Au-delà de la prise de conscience de l’importance de cette intelligence, il est indispensable de pousser ces jeunes à la cultiver et la développer à travers des mises en situation. Certaines écoles ont compris que réussir professionnellement ne dépend pas que de la capacité logico-mathématique ou d’analyse, mais aussi de la capacité de la personne à contrôler ses émotions et en faire bon usage. Nos jeunes ont tout l’intérêt à comprendre que les émotions ne constituent pas une faiblesse, mais plutôt un allié de leur réussite professionnelle.

Lisez nos e-Papers