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Des télévisions 32 pouces à 100 DH, des Blenders à 50 DH et du prêt-à-porter soldé jusqu’à 90%... Avant le lancement de l’opération Black Friday (vendredi noir) au Maroc, plusieurs sites marchands ont multiplié les actions marketing pour annoncer ce concept importé des États-Unis. L’opération bouclée, les avis divergent quant à sa réussite.
Certains sont satisfaits des offres proposées par les sites e-commerce, d’autres sont déçus et le font savoir. Des pages Facebook et des pétitions ont vu le jour comptant des centaines de signataires et réclamant la fermeture de sites pour arnaques et publicités mensongères. Qu’en est-il réellement ? Pour Bastien Moreau, DG d’un site marchand, l’opération a été un énorme succès. «Durant les 18 premières minutes de l’opération, nous avons réalisé 3 millions de dirhams de chiffre d’affaires. Nous avons reçu des dizaines de milliers de commandes et nous avons eu 500.000 visites en un seul jour. C’est exceptionnel. En une journée, nous avons réalisé l’équivalent du chiffre d’affaire d’un mois et demi», se réjouit Moreau. Ce succès est, en effet, dû principalement aux produits d’appel du site.
Quelques semaines avant le début de l’opération, une énorme campagne de communication a été enclenchée à coup d’offres allant jusqu’à 90% et des téléviseurs à 100 DH. Or, ces produits n’étaient plus disponibles quelques secondes après leur mise en ligne. «Pour la télévision à 100 DH, le stock a été épuisé les 6 premières secondes après le lancement de l’offre. Quand vous avez 50.000 visiteurs en même temps qui veulent acheter le même produit avec un stock de 25 unités, forcément ça va engendrer des frustrations. Nos fournisseurs ne peuvent pas proposer un stock illimité de produits», nous précise Moreau. Même son de cloche auprès de Aamr Abi, directeur commercial et des opérations d’un site marchand. Selon lui, ce fut une opération très réussie. «On ne s’attendait pas à autant d’engouement», déclare-t-il. Trois heures après le lancement du Black Friday, le site a reçu 2.000 commandes et un nombre impressionnant de visiteurs.
Chose d’ailleurs qui a fait tomber la plateforme pendant quelques heures avant qu’elle ne soit rétablie. Si les responsables des sites sont plus que satisfaits, certains consommateurs sont restés sur leur faim. «En annonçant l’événement, nous nous attendions à de vraies offres alléchantes et agressives, sauf qu’on nous a pris pour des imbéciles. J’ai été déçu et je n’ai rien trouvé d’intéressant dans ces offres. Ils te proposent des réductions allant jusqu’à 90%, mais quand tu accèdes aux offres tu tombes sur des portables datant des années 2000 qui coûtent 150 DH et qu’ils proposent à 10 DH. Mais pour les derniers smartphones, tu as droit à une réduction de 2% ! De qui se moque-t-on ?» tance Imane, une cadre dans une multinationale. Elle regrette que le terme Black Fridays soit utilisé comme seul argument marketing. Pour rappel, le Black Friday ou vendredi noir désigne le lendemain de Thanksgiving et qui marque le début des soldes d’hiver. Les promotions sont très alléchantes et concernent des milliers d’articles, sauf que ça ne dure que 24 heures et les premiers venus sont les premiers servis. «En voulant importer ce concept au Maroc, les sites de e-commerce devaient assurer effectivement des offres agressives, mais il ne s’agissait que de bluff», regrette pour sa part El Amine Serhani Al Idrissi, président de la Fédération nationale du e-commerce au Maroc. Pour lui, on ne peut solder des smartphones à 4% et prétendre mener une campagne de Black Friday.
La Fédération aurait d’ailleurs reçu une cinquantaine de plaintes de consommateurs mécontents dont certains auraient reçu des produits contrefaits, selon Serhani. «Cette opération n’est pas une véritable promotion, mais de la publicité mensongère. Les promotions n’ont concerné que très peu de produits et en stock très limité», poursuit Serhani. Un avis que ne partage pas forcément Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur. «Les gens paraissent très contents et très favorables à ce genre d’initiatives. Nous n’avons reçu aucune réclamation de la part d’un e-consommateur mécontent», fait savoir Kherrati. Toutefois, ce dernier se demande si la loi a été bel et bien appliquée dans le cadre de cette opération. Entre déception et satisfaction, le bilan de la première opération Black Friday au Maroc demeure mitigé. Une chose est sûre, les premiers bénéficiaires sont les sites marchands qui ont réalisé des records en termes de visitorat et de commandes.
