Éco-Conseil : Quelle est la place que doit occuper l’éthique dans l’entreprise ?
Ali Serhani : Une place centrale et importante. Qu’est-ce qu’une entreprise sans éthique ? Laissez de côté ce que disent les codes déontologiques des entreprises, car le plus important c’est ce qui se fait dans la pratique en interne et non pas la théorie. Vous avez des entreprises avec des codes éthiques à vous rendre jaloux, mais la réalité du terrain laisse à désirer. Les codes ne doivent que confirmer noir sur blanc les bonnes pratiques de l’entreprise. Je m’explique : éthique rime avec respect des lois, du personnel, des clients, des fournisseurs. Par respect, entendez sérieux, rigueur et solvabilité de l’entreprise et des personnes qui la composent. Le respect implique en interne l’employeur, mais également les salariés et leurs syndicats ou délégués du personnel.
Quels sont les enjeux de l’éthique en entreprise ?
Ils sont énormes quand une entreprise est éthique et, au risque de me répéter, ils le sont en premier lieu en interne. Si c’est le cas, elle ne peut qu’être forte en externe.
Quand le personnel et ses représentants savent qu’ils ont en face d’eux un management exemplaire, eh bien, le reste suit. La culture de l’entreprise sera tellement forte que l’image et la dynamique qui en découleront feront en sorte que l’entreprise sera gagnante à tous les niveaux. N’oubliez pas le fameux principe des relations internationales qui dit (lorsqu’on parle des pays) que lorsque le front interne (les différentes composantes de la nation) est fort, le front externe (la défense des intérêts du pays) ne peut que l’être également. Transposez-le à l’entreprise et vous verrez. Je vous donne un exemple que Gesper Services avait vécu il y a de cela 8 mois.
Il nous est arrivé, dans le cadre de la chasse de têtes, de vouloir débaucher certaines personnes qui travaillent dans certaines entreprises. Dans ces dernières, il y a une culture d’entreprise très forte. Je vous laisse imaginer le résultat. Aucune des personnes contactées ne voulait quitter sa société, car chacune s’assimilait à l’entreprise dans laquelle elle travaillait et se sentait bien là où elle était, malgré les propositions qui ont été faites et qui étaient «alléchantes» à tous les niveaux.
Vous faites bien de parler de culture d’entreprise. Quelle influence peut avoir cette dernière sur le comportement éthique ?
Le comportement éthique se sur le personnel de l’entreprise et à travers ses rapports avec l’extérieur (clients et fournisseurs), c’est aussi simple que cela. Je dirais que le comportement éthique du personnel n’est que le reflet de son management, et vice versa. La culture d’entreprise en dit long sur une structure. Une culture d’entreprise ne peut être considérée comme telle que lorsqu’elle obéit à des règles précises que nous n’avons pas besoin de décoder. Ce qui est blanc est blanc, ce qui est noir est noir, point final. Lorsque je parle de culture d’entreprise, je parle de choses qui tiennent la route. Une culture féodale de gestion n’a rien d’une culture d’entreprise, c’est autre chose. Une culture d’entreprise est par essence positive.
Comment faire preuve d’éthique ?
Si vous êtes un charlatan qui se désigne comme chef d’entreprise, eh bien, vous n’avez pas besoin de faire quoi que ce soit pour être éthique, vu que votre naturel est, excusez l’expression, d’être complètement «à côté de vos pompes» en matière de management et d’exemplarité. Par contre, si vous êtes un chef d’entreprise qui respecte les règles, qui déclare tous ses salariés, qui leur donne tous leurs droits, qui prend en considération les intérêts de tout le monde et enfin que vous payez vos fournisseurs dans les temps normalement convenus, eh bien, vous faites preuve de comportement éthique. Je dirais qu’être éthique, c’est la normalité au sens propre du terme.