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Éco-Conseil : Peut-on réellement développer des relations d’amitié au travail ?
Imane Hadouche : Partons de la définition de l’amitié selon un dictionnaire : c’est un sentiment d'affection entre deux personnes, sympathie qu'une personne témoigne à une autre. Courtoisie, gentillesse et bienveillance manifestées dans les relations humaines privées, mondaines. Il s’agit aussi des relations entre collectivités fondées sur la bonne collaboration et surtout la bonne entente. À partir donc de cette définition, il est clair que l’amitié se développe naturellement dans les lieux de travail. D’autant plus que nous passons plus de temps avec nos collègues qu’avec notre propre famille. Dans le coaching, le réseau professionnel et les relations socioprofessionnelles font partie des «domaines de vie», nécessaires à une vie équilibrée. Mais suivant la même définition, il existe bel et bien plusieurs types et plusieurs niveaux d’amitié. Et chaque amitié a ses propres codes, ses propres attentes et ses propres limites.
Comment gérer sa relation d’amitié avec ses collègues ?
L’amitié, comme l’amour, est un concept qui a fait l’objet de beaucoup de définitions littéraires et philosophiques. C’est dire que ce n’est pas une chose simple à aborder ou à définir, mais essayons de tracer quelques limites évidentes :
• Ne pas mélanger l'«amitié» en tant que concept relationnel, et l'«amitié» en tant que valeur humaine. La relation amicale est une chose, l’amitié dans l’absolu en est une autre.
• L’amitié en tant que concept relationnel est facilement gérable, puisque ses fondements restent bien définis : respect, confiance, écoute, soutien, complicité, loyauté, affinités… Cette amitié est possible en entreprise.
• L’amitié en tant que valeur est plus difficile à gérer, puisque chaque personne a son propre système de valeurs, et évidemment, sa propre définition des codes de l’amitié, ses devoirs, ses droits, ses attentes et ses limites. Cette amitié, basée sur le système de valeurs, peut engendrer des situations conflictuelles. Plus profonde, elle est difficile en entreprise.
• Être au clair sur le type d’amitiés possibles en entreprise.
• Être au clair sur ses attentes et celles de ses collègues ou amis.
• «Le professionnalisme» devrait être la limite d’une amitié au travail. Ne jamais laisser une amitié au bureau mettre à mal sa rigueur et son intégrité.
• Être un bon ami, mais sans perdre de vue que dans cet environnement professionnel, la priorité c’est d’être un bon employé. La loyauté revient d’abord à l'employeur.
• Tracer des limites très claires à son amitié de bureau, et tracer une
ligne rouge là où sa carrière pourrait en pâtir.
• Éviter à tout prix les amitiés exclusives où l’autre devient son seul repère et éviter les amitiés en groupe qui se transforment en clans.
Les entreprises perçoivent-elles l’amitié comme un facteur de performance ou plutôt une cause de baisse
de la productivité des collaborateurs ?
Encore une fois, tout dépend du type d’amitié.
La franche camaraderie et l’esprit d’équipe rendent certainement l’environnement professionnel plus agréable et sont un bon indicateur de performance et de bien-être en entreprise.
Un climat agréable et des relations professionnelles harmonieuses sont même considérés comme des indicateurs de fidélisation des employés. D’ailleurs, les entreprises investissent dans le team building, afin d’améliorer ou consolider les relations en interne. Mais bien évidemment, si ces amitiés entraînent des retards sur les dossiers, des fautes professionnelles dissimulées par loyauté amicale, des distractions et des interruptions récurrentes ou des débordements de conflits personnels sur les tâches professionnelles, ce serait plutôt une situation problématique à résoudre au plus vite. Dans la vie en général, il existe plusieurs types d’amitié, et l’amitié au travail en fait partie.
Mais avoir de bonnes relations au bureau, c’est un vrai privilège, et si chacun fait la part des choses, cela pourrait être bénéfique.
