Traverser les tumultes des douze siècles d’histoire par une ballade artistique est le voyage auquel l’Association des amateurs de la musique andalouse invite le public le 2 décembre au Théâtre Mohammed VI de Casablanca. Et pour être fidèle à la diversité raffinée des noubas, le douzième Festival international des musiques andalouses a invité des artistes venus d’Algérie, de Tunisie, d’Espagne, du Portugal et du Maroc. «C’est un spectacle qui allie musique et théâtre et qui tente de tracer le cheminement à travers les siècles de cette musique ancestrale», souligne Moulay Abdellah Cherif Ouazzani, chef d’orchestre de la chorale de l’Association des amateurs de musique andalouse, lors d’une conférence de presse tenue mardi à Dar El Ala de Casablanca.
Le prélude à cet itinéraire ne pouvait être que le Bagdad de Haroune Errachid où vécut, avant son départ pour l’Andalousie, un certain Zyriab (789-857) qui avait plusieurs cordes à son luth puisqu’il en rajouta une cinquième, ce qui changea la conception même de la musique de l’époque. Les conséquences historiques sont connues et font partie du patrimoine des cinq pays invités du Maroc du 2 au 5 décembre à Casablanca, Rabat et El Jadida.
La suite du périple, si elle fait des escales musicales, comme à Cordoue et en Tunisie, tentera également de faire un clin d’œil à des époques historiques, comme celle des Almohades qui interdirent la musique, rendra hommage à des personnalités à l’image d’Ibn Baja (1085-1138) pour, enfin, arriver aux temps modernes pour se remémorer Malika El Fassia, une des signataires du manifeste de l’indépendance, et Bahija Simou, spécialiste de l'histoire militaire marocaine et directrice des Archives royales du Maroc.
Deux villes, El Jadida et Casablanca, seront au rendez-vous la même journée du 3 décembre. Les mélomanes d’El Jadida pourront apprécier l’interprétation des Algériens de l’ensemble Dar El Gharnatia et de l’orchestre des Chabab de Tétouan, alors que la salle Mégarama de Casablanca accueillera une comédie musicale conçue et réalisée par Abdelhamid Es-Sbaï (Maroc), l’orchestre du maître Mohamed Othmani (Fès), et l’Ensemble Flamenco de Séville. L’ensemble maghrébin (Maroc, Algérie et Tunisie) sera l’hôte, le 4 décembre, du Théâtre Mohammed VI de Casablanca tandis que la salle Mégarama accueillera le groupe Mezaghena d’Alger et l’orchestre de feu Abdelkrim Raïs dirigé par le maître Mohamed Briouel. Enfin, le 5 décembre, le public du Mazagan d’El Jadida pourra se laisser bercer par l’orchestre de Tanger, l’ensemble flamenco de Gerardo Nunez (Espagne) et par le Sextet Oud El Hamra. Ce festival est une belle manière de célébrer les 60 années d’existence de l’Association des amateurs de musique andalouse qui a élu domicile à Dar El Ala au quartier des Habous de Casablanca. Voilà une demeure qui porte bien son nom : un musée où sont exposés des manuscrits et des instruments d’époque et une salle de spectacle où le public est gracieusement invité aux jeudis d’al Ala. Une occasion pour faire apprécier cette musique de l’emblématique Ziryeb aux amateurs de Casablanca.
