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«En matière d’éducation, la qualité doit primer en tout projet de réforme»

Catherine Morin-Desailly, présidente de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication au Sénat français, était en visite dans le Royaume où elle a pu avoir des entretiens avec plusieurs hauts responsables marocains. Nous l’avons rencontrée et évoqué avec elle plusieurs questions liées à la coopération entre le Maroc et la France dans le domaine de la culture, de la francophonie et de l’enseignement.

«En matière d’éducation, la qualité doit primer en tout projet de réforme»
Catherine Morin-Desailly. b Ph. Seddik

Dans le cadre de votre visite, vous avez rencontré plusieurs hauts responsables marocains. Quelles sont les questions que vous avez abordées ?
Nous avons rencontré le ministre de la Communication ainsi que le ministre de l’Enseignement supérieur. En cette occasion, nous avons évoqué des sujets tels que l’éducation, l’enseignement supérieur, la recherche scientifique et le volet culturel. Nous avons également rencontré des acteurs de la société civile porteurs de projets, souvent accompagnés par l’Institut français, qui veille à multiplier les partenariats utiles à notre coopération. Dans le cadre de cette visite, nous avons travaillé également sur l’approfondissement de la francophonie et sur les moyens de répondre à la demande de nos amis marocains pour les questions éducatives. Des visites aux établissements du réseau scolaire ont été programmées. Nous avons visité également le Lycée Moulay Youssef à Rabat, car nous sommes intéressés par les sections bilingues qui ont vu le jour et la manière dont on peut accompagner cette stratégie du Maroc de développer son propre système éducatif intégrant cette dimension d’apprentissage des langues.

La France reste la destination privilégiée des étudiants marocains après le bac. Comment d’après vous peut-on mettre à profit cette donne pour tisser des liens culturels et scientifiques plus forts entre les deux pays ?
Effectivement, les Marocains sont la première communauté d’étudiants étrangers en France. Dans le cadre de notre visite, nous avons visité Campus France, qui est un outil mis à la disposition des étudiants désirant poursuivre leurs études en France. Nous avons rencontré plusieurs étudiants remplissant leurs dossiers et nous avons été impressionnés par l’efficacité de ce système qui permet en quelques mois d’accompagner quelque 10.000 étudiants dans leur démarche.
Pour nous, l’enjeu est de faire accéder à l’enseignement supérieur le plus grand nombre d’étudiants dans un contexte en évolution continue et qui a besoin de formation. Je pense que la formule qui consiste en le départ des étudiants marocains en France est bonne, mais on peut aussi avoir d’autres formes de partenariat pour la diffusion de la culture et l’éducation et la formation sur le territoire marocain, comme la constitution des hubs franco-marocains permettant également à nos étudiants français de venir apprendre ici au Maroc.

Les écoles françaises sont aussi très présentes au niveau des grandes villes marocaines, mais les frais de scolarité ne cessent d’augmenter. Cela constitue une frustration pour beaucoup de parents qui ne peuvent pas offrir à leurs enfants la possibilité d’y accéder. Quel rôle peut jouer un sénateur dans ce sens ?
Ce problème n’est pas valable que pour le Maroc, mais pour l’ensemble du réseau des écoles françaises dans le monde. Le coût de fonctionnement tant en dotation en matériel qu’en ressources humaines est important dans un réseau comme celui-là. La France fait déjà des efforts substantiels pour le détachement des professeurs titulaires ainsi que pour les recrutements locaux. Aujourd’hui, la question qui se pose est de savoir si on doit continuer le développement de ce type d’enseignement tel que nous le connaissons, et donc supporter ces coûts qui augmentent régulièrement, ou développer des partenariats avec le ministère de l’Éducation local qui nous permettra de maintenir la dynamique de développement, mais en permettant aussi parallèlement la mutualisation et le partage des coûts de fonctionnement. C’est la raison pour laquelle nous avons passé un accord il y a quelques mois avec le ministère de l’Éducation marocain qui nous permet de travailler autrement, mais en ayant les mêmes soucis quantitatif et qualitatif.

La réforme de l’enseignement est d’actualité au Maroc. On n’arrive toujours pas à trouver la bonne recette pour mettre sur les rails un système performant. D’après votre expérience, existe-t-il une recette idéale ?
La réforme est l’une des questions que nous avons évoquées avec nos interlocuteurs. Pour nous, la qualité doit toujours primer. Il faut se focaliser sur la formation des enseignants. Aujourd’hui, toute une génération part à la retraite et il faut former tout un bataillon d’enseignants. Il faut définir aussi un certain nombre de fondamentaux. Travailler sur le socle des compétences à acquérir par les jeunes pour les doter d’un passeport pour leur émancipation et leur autonomie par la suite. Savoir parler sa langue maternelle, savoir parler au moins deux langues étrangères, lire, écrire et compter, sans oublier l’éducation culturelle… Mais pour tout ça, il faut aussi des moyens, car assurer une éducation pour tous demande d’importants
engagements.

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