La balance commerciale marocaine des produits agroalimentaires a été complètement bouleversée en 10 ans. Elle est passée d’un excédent de 2,39 milliards de DH en 2004 à un déficit de 2,4 milliards en 2014. Si les exportations ont doublé sur 10 ans à environ 22 milliards, les importations ont plus que triplé, passant de 7,8 milliards de DH en 2004 à 24,3 milliards dix ans après, essentiellement portées par les achats de matières premières pour l’industrie des huiles et du sucre. Le taux de couverture s'est ainsi dégradé à 90,1% au lieu de 130,7% en 2004. Les accords de libre-échange (ALE) ont dans une certaine mesure accéléré le déficit commercial et même rendu la balance déficitaire avec la majorité des partenaires ALE. C’est l’un des principaux résultats de l'étude réalisée par l'Office des changes sur les échanges extérieurs du Maroc de produits agroalimentaires, présentés le 22 avril à Casablanca, lors d’une rencontre organisée par la fédération nationale de l'agroalimentaire (Fenagri), en partenariat avec l'Office.
L’étude révèle que la structure des exportations agroalimentaires marocaines est restée stable sur les 10 dernières années, dominée par l’industrie du poisson dont la part est restée la même autour 52% des ventes sectorielles. Elle devance toujours l’industrie des fruits et légumes qui pèse 14% dans ces exportations contre 17% il y a 10 ans. Cependant, il y a lieu de noter la montée en puissance de plusieurs filières, dont l’industrie de la viande (une part de 8%) qui a gagné 3,3 points durant les dix dernières années, grâce aux exportations des viandes préparées et transformées qui se sont multipliées par 10 passant de 148 millions de DH en 2004 à 1,451 milliard en 2014 (destinées essentiellement aux marchés turc et allemand). L’industrie laitière, essentiellement les exportations de glaces et autres produits laitiers, ont aussi affiché de belles performances, atteignant environ 1,08 milliard de DH en 2014 après 436 millions de DH en 2004 et 207 millions en 2000.
Les exportations des produits de confiserie et chocolaterie suivent aussi une tendance haussière, avec 435 millions de DH en 2014 (destinées pour 74% au marché africain) contre 41 millions en 2004. En outre, l’étude a permis de constater que 3 régions participent pour environ les deux tiers des exportations de la filière : Souss-Massa-Drâa (23,4%), Laâyoune-Boujdour-Sakia-Lhamra, Guelmim-Essemara, et Oued-ed-Dahab-Lagouira (23,7%) et Tanger-Tétouan (15,2%). L’Europe représente 57% des exportations de la filière, principalement l’UE. Toutefois, de nouveaux marchés sont apparus, notamment l'Afrique (gain de 10,7 points de 2000 à 2014, soit une part de 22%).
Par ailleurs, l’évolution des exportations agroalimentaires de la région MENA vers le reste du monde montre que la part des exportations du Maroc a perdu 6,8 points (8% au lieu de 14,8%) au profit des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte. La Turquie reste le premier exportateur de la région et est le 1er concurrent commercial du Maroc sur le marché européen. Elle concentre une part de 0,9% sur ce marché, soit plus du double du Maroc qui affiche 0,4%.
