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Chine : excédent commercial record en 2014, importations au point mort

L'excédent commercial de la Chine a gonflé de presque 50% en 2014, à un niveau record, masquant difficilement l'essoufflement de la deuxième économie mondiale dont les importations ont stagné et les exportations nettement ralenties.

Chine : excédent commercial record en 2014, importations au point mort
La croissance du PIB chinois a ralenti à 7,3% au troisième trimestre, au plus bas depuis 5 ans, et pourrait descendre pour l'année à un niveau plus vu depuis près d'un quart de siècle. Ph. DR

Le géant asiatique, numéro un des échanges de produits manufacturés, a enregistré au cours l'année passée un excédent historique de 382,46 milliards de dollars, ont annoncé mardi les autorités douanières.
Elles n'avaient communiqué dans un premier temps que le niveau de l'excédent en yuans (2.350 milliards de yuans), avant de publier ensuite l'ensemble de leurs statistiques exprimées en dollars, et les variations correspondant à la devise américaine.
Pâtissant d'une conjoncture mondiale morose, les exportations chinoises ont ainsi grimpé de 6,1%, à 2.340 milliards de dollars, soit un ralentissement sensible par rapport au bond de presque 8% enregistré en 2013 : c'est l'un des principaux moteurs de la croissance chinoise qui s'effrite.
Mais c'est surtout le très fort fléchissement de la demande intérieure qui explique ce bond de l'excédent commercial. Les importations de la Chine n'ont que faiblement progressé (+0,4%), à 1.960 milliards de dollars, après une hausse de plus de 7% en 2013.

Demande morose

Au total, les échanges commerciaux ont crû l'an dernier de 3,4% : Pékin, qui misait sur une croissance annuelle de 7,5%, a donc raté, et de loin, son objectif. Et ce, pour la troisième année consécutive.
«La reprise économique mondiale est lente et incapable de soutenir une croissance à haut régime du commerce chinois», s'est désolé Zhang Yuesheng, porte-parole des douanes. Blâmant une baisse des investissements étrangers, il estime que «l'avantage comparatif chinois de prix bas est en train de s'évanouir».
Plus inquiétant, les statistiques «traduisent aussi un affaiblissement de la demande intérieure», avertissaient Li-Gang Liu et Hao Zhou, experts de la banque ANZ. Certes, le tassement des importations (en valeur) a été en partie alimenté par l'effondrement des prix des matières premières énergétiques, le cours du baril de brut ayant chuté de quelque 50% en l'espace de six mois.
Toutefois, la stagnation des importations est à l'unisson d'autres indicateurs économiques chinois, qui soulignent un vif ralentissement de l'activité manufacturière et un assombrissement des ventes de détail, aggravés par le marasme du marché immobilier.
La croissance du PIB chinois a ralenti à 7,3% au troisième trimestre, au plus bas depuis 5 ans, et pourrait descendre pour l'année à un niveau plus vu depuis près d'un quart de siècle.
Après une baisse surprise des taux de la banque centrale (PBOC) en novembre, la plupart des analystes misent désormais sur de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire de Pékin pour stimuler l'économie.

Sursaut en décembre

Les chiffres des échanges commerciaux pour décembre se sont pourtant avérés moins sombres que ne le prédisaient les analystes. Les exportations ont grimpé de 9,7% sur un an le mois dernier alors que les experts interrogés par Bloomberg tablaient sur une hausse de 6%. Les importations ont, elles, reculé de 2,4% sur un an en décembre.
«On s'attendait à ce que la baisse persistante des prix du pétrole et autres matières premières continue de plomber la valeur des importations, mais la Chine a apparemment voulu en profiter pour accroître ses réserves stratégiques (de pétrole), ce qui a compensé», a expliqué Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics.
Les importations chinoises de pétrole ont ainsi atteint en décembre un nouveau record, à 30,4 millions de tonnes, l'équivalent de 7,2 millions de barils/jour, selon les chiffres officiels.
Mais «même en excluant les matières premières, les importations se sont contractées en glissement annuel, confirmant des indicateurs manufacturiers» déprimants, soulignaient cependant les experts de la banque Nomura.
Sur le seul mois de décembre, l'excédent commercial a presque doublé sur un an (+93,5%), à 49,6 milliards de dollars. Et il devrait encore grossir à moyen terme, ce qui pourrait pousser le yuan à s'apprécier, selon M. Evans-Pritchard.
D'après lui, si certains marchés clefs à l'exportation, dont les États-Unis devraient se renforcer, la demande intérieure, elle, «devrait rester terne» en dépit des efforts de Pékin. «Ceux qui espèrent une poussée des investissements sous l'effet des mesures de relance, ou un retournement positif du marché immobilier risquent d'être déçus», a-t-il estimé.

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