Le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal Hamid Chabat affiche la mine des grands jours. Son parti, assure-t-il, est prêt à mener les prochaines échéances électorales avec l’ambition de monter sur la première marche du podium. Le chef de file des héritiers de Allal El Fassi souhaite même la tenue d’élections législatives anticipées afin de «promouvoir la gestion gouvernementale et donner un coup de fouet aux dossiers d’ordre social».
Tout au long du forum de la MAP, hier à Rabat, M. Chabat s’est contenté de répéter les mêmes propos et accusations qu’il a déjà formulés à l’égard de la majorité lors de précédentes sorties médiatiques ou des meetings partisans. Il a sorti l’artillerie lourde contre le gouvernement. Comme à l’accoutumée, le Chef de l’exécutif, Abdelilah Benkirane, a essuyé la plupart des critiques acerbes. Fidèle à lui-même, M. Chabat n’y va pas avec le dos de la cuillère, accusant vertement M. Benkirane d’hégémonie en matière de prise de décisions. Il fait référence notamment au manque de concertations avec les centrales syndicales et les partis politiques de l’opposition, n’hésitant pas à faire la comparaison entre le gouvernement actuel et celui de Abbas El Fassi en matière d’acquis sociaux.
M. Chabat renvoie l’accusation du report de la tenue des élections locales à Abdelilah Benkirane. «C’est le Chef de gouvernement qui ne souhaitait pas la tenue des élections en 2013, contrairement à ce que la majorité avait véhiculé par voie de presse», tonne-t-il. Il estime que le gouvernement, même à l’heure actuelle, ne semble pas prêt à l’organisation des élections donnant pour preuve le retard accusé dans l’élaboration de l’arsenal juridique électoral. Dans ce cadre, il fustige le refus de la proposition de l’Istiqlal de créer une commission indépendante pour superviser les élections à l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays comme la Tunisie.
Le discours offensif de M. Chabat et les prises de bec fréquentes avec le Chef de gouvernement depuis la crise de la majorité en 2013 et le retrait du Parti de l’Istiqlal du gouvernement ne risquent-ils pas de renforcer davantage le désintérêt des citoyens (notamment les jeunes) pour la politique ?
Le patron du parti de la balance estime que la principale mission de l’opposition est de veiller à l’application de la reddition des comptes et de dénoncer toute dérive, même d’ordre personnel. «Il s’agit de simples remarques qu’on adresse au gouvernement sans recourir ni aux insultes ni à la diffamation», dit-il. L’opposition, en rangs unis, continuera de jouer cette mission, selon le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal. Le Chef de gouvernement est appelé à ouvrir la porte du dialogue sur les dossiers en suspens afin de calmer les ardeurs de part et d’autre, dit-il. La balle semble être désormais dans le camp de M. Benkirane.