Une belle moisson qui signe le parcours de cet artiste tangérois, qui malgré son jeune âge, a pu, grâce à son talent, franchir les frontières et plaire à un large public aussi bien connaisseur qu’amateur. Ses deux premières séries «Tangier Diaries» et «Cafes» ont été sa meilleure carte de visite pour entrer dans l’univers des arts plastiques par la grande porte. Ses photographies étaient porteuses, en premier lieu, de son proche environnement tangérois, puis ses visions se sont élargies à tout le Maroc et même ailleurs. Dépassant ses approches intimistes, Hicham Gardaf voyage vers d’autres univers qu’il explore avec beaucoup de finesse et de sensibilité. Le directeur de l’Institut français de Rabat évoque, dans une lecture du travail de Hicham Gardaf, «sa tentative d’élaboration d’une cartographie du sensible qui n’appartiendrait qu’à son auteur. Il serait là, observateur perdu de sa propre histoire en train de se dissoudre dans le fracas et le tumulte des chantiers et des transformations urbaines. Mais dans ses séries, d’autres villes, d’autres lieux s’entremêlent, apparaissent, comme pour déjouer cette seule lecture qu’il n’a de cesse d’enrichir de dimensions devenues universelles, tant il parvient à faire s’échapper le sujet de son contexte». L’esthétique de ses créations atteste un style propre pour se distinguer et signer de son nom. Et là, on ne peut que le féliciter pour l’évolution remarquable dans ses travaux actuels par rapport à ses débuts.
Dans la présentation de ses trois expositions, on parle d’une «composition des images – qu’on ne peut pas s’empêcher en les voyant de tirer comme des fils imaginaires pour en relier les éléments qui se répondent – et du cadrage, d’une rigueur presque académique, avec une palette de couleurs parfois acidulées confèrent à ses images une infinie douceur : la petite fille au pull rouge dans le chaos d’un chantier, ce gardien d’immeuble auréolé d’un arc-en-ciel que surplombe un supermarché, un troupeau de moutons broutant paisiblement et comme gardé par un lampadaire urbain, les chevaux sur la plage… Cette même douceur et rigueur qui font, entre autres, la personnalité du jeune photographe». Cette exposition «Excursion» constitue, ainsi, chez Hicham Gardaf une étape importante dans les recherches qu’il mène sur l’évolution des habitants dans le paysage urbain en Méditerranée. Cette démarche a valu à Hicham Gardaf d’être Lauréat 2015 de la résidence de la prestigieuse Fondation des Treilles et d’être sélectionné par l’Institut du monde arabe à Paris à l’occasion de la Première édition d’une biennale de la photographie du monde arabe qui se tiendra de novembre prochain à janvier 2016.
