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Éco-Conseil : Peut-on parler de «compétition» en entreprise ?
Abdelkrim Ouakkach : Si l'entreprise est d'abord une unité économique, sa dimension sociale ne doit pas, pour autant, être négligée. L'entreprise constitue une entité humaine composée d'individus et de groupes d’individus reliés par un ensemble de facteurs d’interdépendance et d’échanges mutuels (échange de biens/services, d’informations, d’ordres hiérarchiques…). Cependant, il est difficile de trouver un rassemblement de trois personnes ou plus dans laquelle la rivalité ou la concurrence n'existent pas. On peut facilement en déceler les manifestations même lorsqu'elles sont voilées. Il serait, donc, évident de parler de compétition en tant que mécanisme faisant partie de la dynamique du groupe entreprise sans en faire un «tabou». C’est une réalité omniprésente, quoique souvent exclue de notre conscience et de notre expression et dont l’absence est parfois considérée comme une vertu !
Fondamentalement, la compétition est l'expression naturelle du désir d'exceller. Pour se faire, on a besoin de se comparer à autrui et de faire mieux que ses pairs. Mais, il faut, tout de même, être attentif aux formes malsaines que prend souvent cette réalité inhérente à la vie de groupe. Finalement, la compétition intra-entreprise peut mettre en confrontation des collègues de la même entité, comme elle peut s’appliquer aux rivalités inter-groupes ou départements de la même entreprise.
Comment déceler un collaborateur compétitif ?
Il n’existe pas de traits physiques ou socioculturels visibles à l’œil nu pour déceler le collaborateur compétitif. Le compétiteur a besoin de carburant, de missions et de confiance surtout. Il aime être sollicité pour venir à bout d’une tâche. Il aime que l’on puisse l’estimer capable de tout et qu’on le mette dans une situation de compétition avec lui même ou avec les autres. Une fois mis en confiance par ce rapport sain et dynamique, il passe alors en mode compétiteur. Pour un dirigeant, le collaborateur compétitif est un précieux moyen d’entrainer ceux qui l’entourent dans une spirale dynamique et productive. C’est l’opportunité d’insuffler une énergie positive au sein d’une équipe.
Un compétiteur «né» ne l’est pas dans un contexte, plutôt qu’un autre. Dès lors qu’il est en présence d’un objectif à réaliser ou une activité à entreprendre, il n’hésite pas à se mesurer aux autres en vue d’améliorer sa propre performance. Pour lui, la rivalité n’est pas exclusive au domaine de la compétition sportive ; elle fait partie de la vie quotidienne.
Compétition/confrontation, y a-t-il des risques pour l'entreprise ?
Les risques proviennent d’une forme de compétition que l’on peut qualifier de «malsaine».
Une compétition malsaine se présente sous forme de conflits interpersonnels d’intérêts, entrainant une «compétition combat». Ils en viennent facilement à entraîner des problèmes coûteux à la fois pour l'entreprise et pour les personnes impliquées. Les problèmes de stress et d'épuisement professionnel seraient les symptômes les plus fréquents de ces conflits «énergivores» et générateurs de stress. Il est, donc, important que la compétition se déroule selon des règles claires afin d'encadrer l'agressivité inhérente à toute compétition et de prévenir le sentiment d’injustice, réelle soit-elle ou perçue, qui conduirait à une escalade d’attaques et de contre-attaques. Ce genre de compétition malsaine pourrait avoir des conséquences graves sur le climat social et sur la qualité de vie dans l’entreprise. Pour cela, il est préférable que la clarification des règles applicables ait lieu le plus tôt possible.
Par contre, lorsque les ressources disponibles dans l'environnement immédiat sont insuffisantes pour permettre l'épanouissement de tous ceux qui l'occupent, une rivalité se dessine entre ceux qui ont besoin de la ressource insuffisante. Plus le manque est important, plus cette compétition devient forte. Et lorsque la rareté est telle qu'elle menace la survie, cette compétition devient un véritable combat.
