L’ultime duel de la Coupe du Trône 2015 opposait, mercredi au Grand Stade de Tanger, l’Olympique Khouribga au Fath de Rabat. La dernière confrontation en Coupe entre les deux formations remonte à septembre 2010, lorsque le FUS de Ammouta éliminait l’OCK en 16e de finale (2-1) avant d’être sacré en finale. Le tenant du titre se mesurait à des Khouribguis éliminés dès le premier tour la saison dernière, mais vice-champions du Maroc derrière le Wydad de Casablanca. Une opposition de deux styles de jeu divergents, le FUS prônant un jeu à net penchant offensif alors que les Phosphatiers tendent clairement à se replier en défense en procédant par des contres. On pouvait donc s’attendre à un match à sens unique, où la dernière ligne de l’OCK subirait tout le poids du match. Il n’en fut point autrement, puisque les hommes du Tunisien Ahmed El Ajlani ont dû se recroqueviller en défense pendant les 120 minutes de la finale. En effet, les Fussistes allaient démarrer les hostilités dès le premier quart d’heure, menés par le trident offensif Batna, Benjelloun et Laâroui. Les sociétaires de la capitale assiègeront carrément leurs adversaires, mais la ligne défensive de l’OCK demeurera compacte et vigilante. «Nous avons affronté une formation avec un bloc soudé et difficile à percer. Même avec nos individualités, nous avons peiné à trouver la brèche, car mes attaquants ont calé sur les 30 derniers mètres à l’heure où il fallait concrétiser notre domination.» C’est ainsi que Walid Regragui a résumé la rencontre, non sans regrets, puisque ses protégés allaient gâcher pas moins d’une dizaine d’occasions franches, boostant la confiance de leurs vis-à-vis.
Le Catenaccio de l’OCK l’emporte sur la fougue du FUS
Après Abdesslam Benjelloun et Hicham Laâroui, Walid Regragui optera pour Mohamed Fouzair et Nabil Baha, espérant enfin forcer le «Catenaccio» de l’OCK, mais les nombreuses infiltrations des R’batis ne changeront rien au score affiché. Le capitaine Mourad Batna s’offrira même deux face-à-face avec le portier adverse, Mohamed Amine Bourkadi, dont les parades garderont les cages inviolées. Les 90 minutes du temps réglementaire étant révolues, le FUS appuiera sur le champignon et attaquera avec 7 joueurs, sans toutefois se découvrir en défense. Il a fallu attendre la 118e minute pour voir la première occasion franche de l’Olympique Khouribga, œuvre du remplaçant Othmane Bennay qui a déclenché un missile des 30 mètres obligeant le gardien Houasli à sortir le grand jeu. La loterie des tirs au but jouera, finalement, un mauvais tour au FUS, qui a vu son capitaine Batna et Mohamed Nahiri rater le coche. Les Phosphatiers pouvaient ainsi célébrer le deuxième sacre de leur histoire, eux qui ont disputé 6 finales au total (dont celle de 1995, perdue face au même adversaire sur le score de 2-0).
L’OCK a certes souffert, mais garde quand même le mérite d’avoir muselé une équipe aux individualités bien plus imposantes. Certains y verront du cynisme, d’autres du réalisme dans le jeu, mais El Ajlani livre sa version sans détour : «Nous avons fait avec les moyens du bord. Nous ne disposons même pas d’un terrain où nous entraîner, nous faisons des centaines de kilomètres par mois pour pouvoir le faire et j’ai souvent joué des matchs avec seulement 13 joueurs en guise d’effectif. C’est déjà un exploit». Les Khouribgis devront quand même penser à diversifier leurs procédés tactiques, eux qui entameront dans quelques semaines la Ligue des champions africaine.
Déclarations
Ahmed El Ajlani, entraîneur de l'OCK
«Nous avons battu un club plus entreprenant et nous n’en sommes que plus fiers !»
«Cette consécration est le fruit des sacrifices des joueurs et du staff technique qui ont bravé plusieurs difficultés en ce début de saison. D’une part, le rythme effréné, puisque le FUS et l’OCK ont, jusque-là, disputé 15 rencontres, soit l’équivalent de la phase aller du championnat. D’autre part, nous avons fait 10.000 km en bus au cours du dernier mois, en raison de l’absence d’un terrain d’entraînement. En toute sincérité, on souffre ! Nous avons affronté une formation plus entreprenante, plus dangereuse, mais nous avons tenu bon. Nous n’en sommes que plus fiers, car nous avons pris le dessus sur un puissant club qui pratique un très beau football. J’avais entendu une déclaration d’un joueur du FUS qui assurait que son club avait tous les moyens pour récupérer après les nombreux matchs. En ce qui nous concerne, nous avons les mêmes moyens de récupération que ceux de l’époque de Faras et Aâssila ! Notre style de jeu m’est imposé par toutes les contraintes que j’ai citées. On avait donc le choix entre défendre et mener la rencontre aux tirs au but, ou ouvrir le jeu et encaisser 4 ou 5 buts.»
Walid Regragui, entraîneur du FUS
«Je félicite mes joueurs, car ils se sont battus jusqu’au bout»
«Dans ce genre de match, quand on en est aux penalties, on sait que l’équipe qui a raté le plus d’occasions va céder à l’hésitation pendant les tirs au but. Je félicite mes joueurs, car ils se sont battus jusqu’au bout, je n’ai rien à leur reprocher. Je félicite aussi Khouribga, ils étaient deuxième du championnat et là ils sont sacrés, ça prouve qu’ils travaillent beaucoup. Mes joueurs ont dominé l’adversaire, ils n’ont pas encaissé de buts en contre-attaque, mais nous avons manqué d’efficacité sur les 30 derniers mètres. C’est d’ailleurs un paramètre que nous travaillons cette année, nous disposons de plusieurs individualités, mais nous devons quand même parfaire nos combinaisons en entrée de surface. Je pouvais prendre plus de risques au cours du match, mais nous avons visualisé des vidéos de l’OCK et je savais qu’ils pouvaient nous le faire regretter. Le coach El Ajlani a des joueurs-poison dans son effectif, comme Bezghoudi et surtout Oussama El Mezgouri qui est un très grand joueur qui équilibre le jeu de son équipe. S’il n’avait pas été aligné, je pense que la situation aurait complètement basculé. J’ai joué mon jeu, je suis fier de mon groupe, de mon club et ses dirigeants et des supporters qui se sont déplacés à Tanger pour nous épauler.»
