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La chute des cours du zinc ressentie jusqu'en Irlande

La chute des cours du zinc ressentie jusqu'en Irlande
L'économie irlandaise est globalement bien portante depuis la crise du tournant de la décennie et sa croissance pourrait atteindre 6,2% cette année, d'après les autorités.

La fermeture de la mine de zinc de Lisheen en Irlande, l'une des plus grandes d'Europe, intervient en pleine crise pour cette industrie en proie à la faiblesse inédite des cours depuis six ans. Seize ans après son ouverture, le deuxième site de production irlandais va clore ses portes ces jours-ci et ses 370 salariés vont perdre leur emploi. Le filon local arrive à extinction et le propriétaire de la mine, l'entreprise indienne Vedanta Resources, n'a aucun projet d'exploration susceptible de relancer l'exploitation. «Les opérations minières vont s'achever fin novembre et le broyage du minerai s'arrêtera en décembre», a annoncé Vedanta dans un communiqué.

Après cette fermeture, la mine de zinc de Tara, la plus importante d'Europe, demeurera la seule active en Irlande, avec une production annuelle de 150.000 à 200.000 tonnes.
«En 2014, l'Irlande était la principale productrice de zinc d'Europe et la dixième au monde, avec 300.000 tonnes métriques de zinc exploitées», rappelle Justas Gedvilas, expert du secteur chez Euromonitor International. Le pays fournissait alors 28% de la production européenne et 2,2% de la production mondiale, mais la fermeture de Lisheen va sabrer la production du pays de presque moitié. Propriété de la firme suédoise Boliden, Tara devrait poursuivre sa production de zinc jusqu'en 2019, mais au-delà, c'est l'inconnu. «Les réserves de zinc irlandaises sont loin d'avoir toutes été explorées», note pourtant M. Gedvilas, qui souligne que le centre du pays renferme «un ensemble de gisements de zinc et de plomb parmi les plus importants au monde».

Le zinc sert notamment à galvaniser l'acier, qu'il protège de la corrosion, et est utilisé aussi dans les secteurs de la construction et de l'électronique, par exemple pour fabriquer des piles. Mais la déprime du marché ne suscite pas les vocations minières : le cours du zinc s'est enfoncé dernièrement à son plus bas niveau depuis plus de six ans, plombé par le ralentissement économique chinois et une surabondance de production mondiale.

Le 19 novembre, la tonne pour livraison dans trois mois a ainsi chuté sous la barre des 1.500 dollars sur le London Metal Exchange (LME), suivant un mouvement de baisse connu aussi par les autres métaux industriels, comme le cuivre. «Dans cet environnement, je vois mal de nouveaux projets» sortir de terre, prévient Caroline Bain, analyste chez Capital Economics, même si un certain nombre d'entreprises minières, parmi lesquelles Vedanta et le géant Glencore, réalisent des évaluations préliminaires en vue d'exploiter d'autres filons de zinc ou de plomb en Irlande.

Au milieu des champs et des marais

Dans l'immédiat, la fermeture de la mine de Lisheen va entraîner une baisse de 1,2% de la production mondiale de zinc. «Comme d'autres mines ferment ailleurs, cela s'inscrit dans un mouvement général de resserrement de l'offre», explique Mme Bain. Le site de Century en Australie, plus important que celui de Lisheen, va également fermer ses portes, une tendance à la fermeture qui pourrait soutenir les cours.

Trop tard néanmoins pour les mineurs de Lisheen, où la main-d'oeuvre s'était déjà effilochée ces derniers mois à mesure que Vedanta préparait le clap de fin. «Nous espérions beaucoup avoir quelques années de plus», regrette Tim Bergin, employé de la mine depuis ses débuts. «Jusqu'à l'an passé, on espérait qu'ils allaient creuser davantage, trouver un filon et continuer. Mais ça ferme, c'est ainsi».

Ces travailleurs prochainement licenciés pourraient peiner à retrouver du travail autour de la mine, entourée à perte de vue de champs et de marais. «Il n'y a pas beaucoup de boulot dans le secteur minier en Irlande. Il n'y a rien dans le coin», déplore un autre employé, Pat Hynes, 53 ans, qui envisage d'aller trouver du travail au Royaume-Uni. L'économie irlandaise est toutefois globalement bien portante depuis la crise du tournant de la décennie et sa croissance pourrait atteindre 6,2% cette année, d'après les autorités. 

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