Tout détenu qui entre en prison sera un jour amené à en sortir. Il est dans l’intérêt de la société qu’il ne récidive pas et qu’il puisse se réinsérer. «Sur plus de 6.000 détenus, le taux de récidive ne dépasse pas aujourd’hui les 2,3% contre 3% l’année dernière», indiquait récemment Kabira Lify, chef de projets à la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, rappelant que le taux de récidive normal se situe entre 30 et 40%. Mais une telle réinsertion ne se fait pas du jour au lendemain. Elle doit être préparée et accompagnée.
Préparée pendant la détention, accompagnée à la sortie. «Lorsqu’un élève, par exemple, arrive trois mois après la rentrée, il faut qu’il s’adapte à de nouvelles méthodes d’enseignement et qu’il se fraie un passage dans la classe puisque des groupes s’y sont déjà créés. De même, un individu qui reste dix ans incarcéré et coupé du monde devra faire le même travail, mais avec en plus l’étiquette d’ancien détenu», explique Fatna El Bouih, directrice de l’association Relais Prison-Société (RPS).
Par ailleurs, la plupart des détenus, hommes et femmes, n’ont pas d’emploi à leur sortie et sont généralement rejetés par leurs proches. D’ailleurs, il n’est pas rare que certaines femmes demandent le divorce lorsque les peines sont longues.
Pour les détenus, la priorité est donc de trouver, à leur sortie, un travail, un logement, et d’entreprendre des démarches administratives. Pas toujours évident quand on a été éloigné de la vie en société pendant plusieurs années. Ou que l’on n’a jamais été autonome, parce qu’on est passé directement de la chambre d’adolescent à la cellule. D’où la question : la prison prépare-t-elle le détenu à sa réinsertion ? À ce sujet, différentes associations font leur possible pour mieux préparer le retour de ces détenus.
À commencer par la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus qui a déployé un programme de réinsertion socioprofessionnelle. Ainsi, l’enseignement est pris en charge par le ministère de l’Éducation nationale (l’école de l’établissement pénitentiaire relève de l’Académie de la région). Tous les niveaux sont assurés, de l’alphabétisation à l’universitaire.
La formation professionnelle est assurée par l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail. Les activités sportives, culturelles et religieuses sont prises en charge respectivement par le ministère de la Jeunesse et des sports et le ministère de la Culture. Pour les femmes, qui concentrent 3% des effectifs, l’association Relais Prisons-Société a présenté deux projets au public en 2014.
Le premier, intitulé «Entre corps et matières», est un projet d’art-thérapie au profit d’un groupe de douze détenues de la prison casablancaise de Oukacha.
Le second est un projet de couture pour les femmes du quartier Hay Mohammedi, qui ont pu vendre leurs produits et en partager les bénéfices.
Enfin, pour les jeunes détenus, le Maroc s’est doté, en juin dernier, d'un centre de formation professionnelle et de réinsertion construit à Kariat Ouled Moussa (près de Salé).
