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Pour mieux approcher la profonde singularité des artistes-peintres marocaines, l’écrivain marocain d’expression française Lahsen Bougdal a donné la parole à quatorze femmes plasticiennes de la jeune génération, dans son ouvrage «La Peinture des femmes marocaines». Ainsi, l'ouvrage, publié aux Éditions l’Harmattan, en France, nous entraîne dans une série de dialogues lumineux qui laissent surgir des expériences riches et passionnantes. Au-delà des techniques des unes et des autres, ce que les nouvelles tendances de ces peintres nous apprennent, c'est l'émergence d'individualités qui mettent en exergue dans un double mouvement l'accomplissement d'une forme et d'un sujet.
C’est d’ailleurs le cœur sensible de cet ouvrage qui se veut avant tout une réponse à l’insuffisance des travaux sur la peinture des femmes au Maroc. «Il s’agit non pas de leur donner la parole, car elles n’ont pas attendu les vulgarisateurs pour la prendre, mais de créer un réceptacle amplifiant sa résonance. Une lecture des œuvres produites sur l’art au Maroc révèle le peu de place consacrée aux artistes femmes.
C’est de cette carence qu’est né ce projet qui permettrait de lever le voile sur de nombreuses artistes dont le talent est pour le moment non reconnu, dans un marché aux règles essentiellement dictées par les hommes. En disant cela, loin de nous l’idée d’opposer les deux, car, nous semble-t-il, seule la création d’espaces de dialogue de tous les artistes, quel que soit leur sexe, est susceptible de révéler la diversité et la richesse de l’art marocain sous toutes ses formes. C’est ce décloisonnement qui devient urgent aujourd’hui», explique Lahsen Bougdal. Du même avis, l’artiste peintre Rim Laâbi, docteur en arts plastiques et sciences de l’art et professeur universitaire, considère que la volonté, voire le désir, des femmes d’agir dans le milieu artistique surgit de l’impact du féminisme sur les consciences.
Cependant, il reste encore beaucoup à «faire pour que de nombreuses femmes se reconnaissent enfin comme des artistes à part entière, et pour qu’elles acquièrent aussi sur la scène culturelle, sociale et politique une véritable reconnaissance de leur art», indique-t-elle dans la préface de cet ouvrage. Pour elle, ces femmes sont aussi, de toute évidence, productrices d’une culture universelle et singulière. Force est de constater aussi bien en Europe, par exemple, qu’au Maroc, mais au Maroc d’une manière plus criarde, compte tenu de son histoire, qu’il existe «un véritable problème de reconnaissance des artistes femmes».
