Le périple à Essaouira est souvent synonyme de bonnes rencontres et de découvertes. Dès qu’on évoque le nom de cette ville, on imagine sa médina, ses remparts, ses plages, son climat particulier et ses restaurants où le poisson est la vedette. Sur place, la réalité n’est pas décevante, mais prête plutôt à confusion. En ce sens, une fois arrivé à la gare routière d’Essaouira, on se demande si on est bien dans la ville des Alizés, du surf, de la musique et de la bonne ambiance. Le calme habituel de cette ville est remplacé par le tapage des autocars, vendeurs et «hemmala» (porteurs). À peine descendu de l’autocar, on est accueilli par les «semsara» (agents immobiliers improvisés). Agitant des jeux de clefs, des jeunes garçons, hommes et femmes portant des djellabas avec «negab» (voile du visage) ne laissant apparaitre que les yeux, proposent des chambres et des maisons à louer dans les différents quartiers de la ville.
«Nous profitons de la dynamique créée par la période estivale et les festivals afin d’avoir quelques revenus supplémentaires. Le reste de l’année, la ville est vide», nous confie un jeune «semsar». Le manque de ressources financières et le laisser-aller sont également criants au niveau des infrastructures de la ville. La gare routière est loin de refléter l’image d’une ville touristique. Dans un pêle-mêle de gargotes, de cafés et d’immeubles, on marche sur des trottoirs défoncés. Une fois les remparts de la médina franchis, le décor gris change et cède la place à un «souk» où la population incroyablement nombreuse et disparate dégage une impression de vie. Plus on avance entre les djellabas, gandouras et shorts de touristes, plus on s'approche d’Essaouira, la ville de Gnaoua, de l’art et de la création. Dès qu’on arrive à «Bab Sbaâ» (Porte du lion), les charrettes, chargées de bagages de touristes et tirées par des mains marquées par le temps, remplacent les voitures. Au sein du quartier historique, on a l’impression de découvrir un musée à ciel ouvert de l’artisanat marocain.
Les échoppes d’articles en bois, en argent, de lustres, d’habits souiris, de bougies… décorent agréablement les lieux. Les galeries d’art, le son de la musique gnaoui, l’architecture des riads et les couleurs des articles exposés invitent à la flânerie. Entre les arcades de l’ancienne médina, on découvre les petites ruelles et l’exceptionnelle liberté de création artistique. Dans les rues commerçantes, on croise une diversité de nationalités et d’ethnies qui marchandent sur des souvenirs ou des articles de valeurs qu’on ne trouve qu’à Mogador.
«La ville d’Essaouira enregistre une forte activité économique actuellement grâce au Festival de Gnaoua qui attire des visiteurs nationaux et internationaux. Mais l’activité n’est pas toujours pareille», nous confie le gérant d’un bazar. Les souiris tentent aussi bien que mal de tirer profit de cet évènement. Les magasins sont parés de leurs plus beaux décors, les habitants proposent des étalages de tout type de marchandises ainsi que des prestations d’hébergement et de restauration. Il faut dire que les visiteurs d’Essaouira sont de toutes les catégories sociales. Même si les touristes internationaux venus avec un grand budget de shoping et de consommation se font de plus en plus rares, les touristes nationaux sont toujours de grands amateurs d’Essaouira, de ses restaurants et de ses souvenirs.
