Le Haut Commissariat au plan (HCP) revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour 2015. Alors qu’il tablait en janvier dernier sur une hausse de 4,8% du PIB, le HCP ne s'attend plus qu'à 4,3%. Et pour 2016, il prévoit un atterrissage de la croissance à 2,6%. Il s'agit des pronostics les plus pessimistes. Pour cette année, le Centre marocain de conjoncture avance un taux de 5,2%, contre 4,4% pour le FMI et 4,6% pour la Banque Mondiale.
Si l’économie nationale a bénéficié d’une bonne campagne agricole 2014-2015, laissant entrevoir une hausse de 13,2% de la valeur ajoutée, les activités non agricoles ne devraient pas décoller. Celles-ci ne connaîtraient qu’une légère hausse (+2,5%) en 2015.
Et pour cause, «un environnement international peu favorable», indique le HCP, et une demande intérieure moins soutenue. Une petite accélération à 3,1% est néanmoins attendue en 2016.
Cette légère progression des activités non agricoles serait due à un accroissement de 1,9% des activités secondaires, elles-mêmes attribuables à «la poursuite de la reprise des industries de transformation, notamment les secteurs de l’agroalimentaire, de l’automobile et de la chimie-parachimie», souligne le HCP. Les activités tertiaires s’amélioreraient de 2,7%, principalement sous l'effet d'un raffermissement de près de 6,5% du secteur des télécommunications et la consolidation des activités sociales qui croitraient de 5,5%. Les activités touristiques, elles, enregistreraient une baisse de l’ordre de 2,7% de leur valeur ajoutée. Elles rompront ainsi avec leur contribution moyenne de 5% à la croissance sur la période 2007-2014.
Pour le HCP, «la demande intérieure continuerait en 2015 de soutenir la croissance». Elle devrait s’accroitre de 2,8% en volume. Sa contribution à la croissance serait de 3,1 points, au lieu de 1,2 en 2014.
La consolidation du pouvoir d’achat des ménages a été confortée par la progression des revenus ruraux et par l’amélioration de ceux des MRE d’environ 5%. En conséquence, la consommation des ménages résidents devrait s’apprécier de 3,2% en 2015 et décélérer à 2,9% l’année suivante. «Bien qu’elle soit en ralentissement par rapport aux années précédentes, elle resterait le moteur de la croissance nationale», rappelle Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au plan (HCP). Sa contribution à la croissance serait maintenue à 1,9 point. En raison de la hausse de 11,2% des dépenses de fonctionnement en 2015, la consommation publique devrait enregistrer, de son côté, une amélioration de 4,2%. Sa contribution à la croissance serait de 0,8 point.
La demande extérieure nette devrait s’accroitre de 1,9% en volume, avec pour la 2e année consécutive une contribution positive au PIB (1,1 point en 2015). Les importations régresseraient de près de 1%. Au final, le déficit courant des échanges extérieurs s'allégerait à 3,3% du PIB en 2015, puis à 3% en 2016. Avec une hausse de la consommation finale nationale de 4,1% en 2015 et du produit intérieur brut de 5,4%, l’épargne intérieure devrait légèrement augmenter pour atteindre 20,8% du PIB contre 19,8% en 2014. «Elle reste cependant en deçà des taux annuels moyens de 23,7% enregistrés entre 2007 et 2011», souligne le HCP. L’épargne nationale se maintiendrait à près de 26,3% du PIB, compte tenu des revenus nets en provenance du reste du monde.
Parallèlement, la formation brute du capital fixe, après des baisses de 1,5% en 2013 et de 0,4% en 2014, devrait connaitre une légère reprise de 0,2% en 2015. Sa contribution à la croissance serait de 0,1 point au lieu d’une contribution négative de 0,1 point en 2014. La variation des stocks, quant à elle, afficherait une contribution positive à la croissance, de l’ordre de 0,3 point, après une contribution négative d’un point en 2014. Ainsi, l’investissement brut s’accroîtrait de 1,1% en volume contribuant pour 0,4 point à la croissance au lieu d’une contribution négative de 1,1 point en 2014.
Il ne représenterait plus que 29,6% du PIB après 32,2% en 2014. De son côté, l’inflation resterait sur une tendance haussière. La baisse des cours des produits énergétiques contribuerait à la modération de l’inflation importée. De ce fait, la hausse du niveau général des prix se situerait aux alentours de 1% seulement, soit un demi-point de moins que les dernières prévisions de Bank Al-Maghrib. Au niveau des finances publiques, la réforme de la compensation, associée au renforcement de la collecte des recettes fiscales, se traduirait par un allégement du déficit budgétaire à 4,4% du PIB. Quant à l’endettement global du Trésor, il pèserait 63,8% du PIB
en 2015 et 64,9% en 2016 contre 63,4% en 2014.