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Lutte contre la désertification et réduction de la pauvreté

En 1992, la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement tenue à Rio de Janeiro a souligné l'impact des activités socio-économiques humaines sur l'environnement.

Lutte contre la désertification et réduction  de la pauvreté

La Déclaration de Rio considère la lutte contre la pauvreté comme une condition indispensable au développement durable et la participation des citoyens comme la clé pour le traitement des questions de l'environnement. La Déclaration a mis en exergue l’interdépendance et l’indissociabilité de la paix, le développement et la protection de l'environnement. La conciliation des impératifs de la croissance économique, la cohésion sociale et la durabilité environnementale est au cœur du mandat de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) pour promouvoir d’un développement inclusif et durable.

En 1994, l’Assemblée générale a adopté la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (A/AC.241/27 12 septembre 1994). La Convention reconnaissait l’impact négatif de la désertification et la sécheresse sur le développement durable compte tenu de leur interdépendance et d’autres problèmes connexes tels que la pauvreté, la précarité sanitaire et nutritionnelle, l’insécurité alimentaire, les flux migratoires, les déplacements de populations et la dynamique démographique. Cette Convention définit la désertification comme «la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines» En plus, l’expression lutte contre la désertification désigne «les activités qui relèvent de la mise en valeur intégrée des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches, en vue d’un développement durable et qui visent à prévenir, réduire la dégradation des terres, remettre en état les terres partiellement dégradées, et restaurer les terres désertifiées». Dans le but de sensibiliser l’opinion publique mondiale, l’Assemblée générale a instauré, en 1994, le 17 juin Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse. En 2015, la Journée se focalise sur la promotion d’une sécurité alimentaire pour tous à travers des systèmes alimentaires durables. La désertification constitue en conséquence un enjeu global avec un impact direct sur la réduction de la pauvreté, l’environnement global et la stabilité sociale. Ce phénomène touche ainsi trois quarts des pauvres et a comme résultat la perte de 12 millions d'hectares par année au niveau mondial. La reconnaissance de l’ampleur et de l’importance du phénomène de la désertification est générale comme le prouve son inclusion dans la liste préliminaire des Objectifs de développement durable (ODD) que la communauté internationale considère dans le cadre de l’agenda de développement post-2015. Ainsi l’ODD 15 vise, entre autres, à lutter contre la désertification à inverser le processus de dégradation des terres et à mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité tandis que l’ODD 1 vise à éliminer la pauvreté.
Au Royaume du Maroc, l’aridité du climat combinée avec la pression exercée par la présence et l’activité humaines contribuent de façon significative à l’avancée de la désertification, notamment dans les régions les plus pauvres et démunies en ressources naturelles.

Le Royaume a ratifié la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification en 1996 et des actions concrètes répondant à la situation particulière du territoire ont été déclinées dans le Programme d'action nationale de lutte contre la désertification (PAN-LCD) en juin 2001. La complémentarité des programmes sectoriels existants, le soutien au développement rural basé sur l’intégration, la territorialisation, le partenariat et l’approche participative constituent les principes du PAN. Le Plan vise à renforcer le cadre et l’environnement politique, législatif et institutionnel ainsi que les capacités nationales ; à même d’appuyer le développement économique local ; les actions de lutte contre la désertification tel que la collecte des eaux, la fixation des dunes, etc. ; et le suivi de ce phénomène notamment grâce à l’établissement d’un système d’alerte précoce de la sècheresse.

Le projet de lutte contre la désertification et réduction de la pauvreté dans les écosystèmes arides et semi-arides des Hauts Plateaux de l’Oriental 2009-2015, cofinancé par le Fonds pour l’environnement mondial, a contribué à assurer la protection de l’environnement global et à améliorer la qualité de vie des populations locales à travers des investissements qui visent la restauration et la conservation des fonctions et de la productivité des écosystèmes en s’inscrivant dans le PAN-LCD. Dans le cadre de son mandat pour appuyer un développement inclusif et durable, l’ONUDI a eu le privilège d’assurer l’exécution du projet en partenariat avec le Fonds international pour le développement agricole et le Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. Le projet a travaillé sur une zone de plus de 3,5 millions de ha, touchant une population de plus 100.000 personnes. Le succès de l’approche participative adoptée a montré la nécessité de combiner la gestion des parcours, la lutte contre la désertification et la dégradation des terres avec le développement économique local en utilisant des actions intégrées convenues avec toutes les parties prenantes. Cette approche pourrait être répliquée dans des écosystèmes similaires, notamment dans les pays du nord de l’Afrique et du Moyen-Orient. La paix, la stabilité et le bien-être humain ne peuvent être garantis que par le biais d’un progrès économique inclusif, d’une prospérité partagée, des opportunités équitables, d’un environnement sain et productif et d’une gouvernance participative. Il est impératif que toutes ces dimensions du développement soient conciliées et se renforcent ainsi mutuellement afin de garantir un tel développement soutenu, inclusif et durable pour notre monde.

Par Jaime Moll de Alba, Représentant résident de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel  au Royaume du Maroc

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