De l'eau a coulé sous les ponts depuis que les khettara, systèmes de conduite de l'eau souterraine introduits au Maroc au 11e siècle, assuraient l'irrigation de la palmeraie de Marrakech. Actuellement, seuls deux ou trois ouvrages continuent à survivre avec des débits symboliques, alors que dans les années 70, l'on recensait à Marrakech près de 567 khettara, dont 500 étaient encore opérationnelles.
La région d'Al Haouz comptait, de son côté, près de 130 séguia et khettara au début du siècle dernier, avec 5.000 kilomètres de gleries qui permettaient l'irrigation de plus de 150.000 hectares, a indiqué à la MAP l'enseignant chercheur à l'Université Cadi Ayyad, Dr Mohamed El Faïz, auteur des ouvrages «Jardins de Marrakech» et «Marrakech, patrimoine en péril».
Encore présente dans les zones rurales La disparition des khettara est une illustration de la transition socioéconomique vers un mode de vie moderne.
Les puits de pompage modernes, qui séduisent par leur abondance d'eau et la facilité d'extraction, ont remplacé ce système traditionnel de drainage des eaux souterraines, jugé désormais comme archaïque, mettant ainsi en danger la pérennité des réserves des nappes phréatiques. Selon El Faïz, qui est aussi à la tête d'une association pour la sauvegarde de ce patrimoine, si à Marrakech les khettara se font rares, elles continuent néanmoins à exister dans les zones rurales et montagneuses.
M. Faïz a salué la réalisation, en 2012, du «Musée de la civilisation marocaine de l'eau» par le ministère des Habous et des affaires islamiques. Ce musée est la première structure du genre dans le monde arabe dédiée au patrimoine hydraulique marocain, arabe et musulman.
