Encore aujourd’hui, le pigeon voyageur continue de susciter l'intérêt des populations à travers le monde, y compris au Maroc. «La colombophilie n'est pas quelque chose qui s'apprend. C'est une véritable passion qui se transmet de génération en génération. Cela demande beaucoup de temps... et de frais, il faut vraiment aimer ça», indique Mouhssine Bouzoubaâ, président de l'Association Bidawiya de pigeons voyageurs à Casablanca.
Concernant le nombre de pigeons voyageurs qui sillonneraient actuellement les airs, le chiffre est incertain, mais une chose est sûre, ils sont très nombreux : «Notre association, à elle seule, en regroupe déjà 7.000 à 8.000 multipliés par les quelques 100 associations de pigeons voyageurs que compte le Royaume, je vous laisse faire le calcul», indique notre passionné.
En effet, la colombophilie est une passion qui rassemble de plus en plus d’adeptes dans le Royaume. D’ailleurs nombreuses sont les associations qui ont fait de cet animal leur mascotte et encouragent l'élevage de cette espèce de pigeons. «Actuellement, nous comptons 120 adhérents dans notre association», déclare M. Bouzoubaâ.
À la différence du pigeon «normal», le pigeon voyageur a une allure gracieuse et un sens inné de l'orientation. Un atout qui a poussé l'homme à recourir à lui pendant des siècles pour le transfert de messages d'un pays à l'autre. «On ne dresse pas les pigeons voyageurs à rejoindre un point à un autre, c'est naturel chez eux, c’est dans leurs gènes», intervient notre spécialiste. D’ailleurs, de multiples études démontrent que le pigeon voyageur est sensible au champ magnétique terrestre et l'exploite pour s'orienter tout en détectant les infrasons du site autour de son pigeonnier et, par conséquent, retourner parmi les siens, dans son pays… à des vitesses parfois vertigineuses. Comme le souligne M. Bouzoubaâ, la vitesse moyenne normale chez un pigeon voyageur est de 100 km/h ! «Ils mettent environ 1 journée pour parcourir 1.000 km», précise-t-il.
«C'est ce qui fait aussi leur renommée et leur coût», poursuit la même source. En effet, un pigeon voyageur de compétition peut coûter jusqu’à 10.000 euros, bien qu’au Maroc ceux-ci se monnayent aux alentours des 40.000 à 50.000 dirhams. Et les frais ne s’arrêtent pas là puisque les propriétaires devront également être au petit soin pour leur animal. «Les gens qui ont des pigeons voyageurs dépensent généralement plus pour leurs pigeons que pour eux. Moi, je dépensais à l'époque 6.000 dirhams par mois pour mes pigeons. Il faut savoir aussi que si certains, comme nous, élèvent des pigeons pour la compétition, d'autres le font seulement pour les concours de beauté. Les coûts ne seront donc pas les mêmes pour eux que pour nous», conclut-il finalement.
