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Depuis qu’il a entamé sa vraie carrière professionnelle, Rachid Sebti n’a jamais voulu troquer sa thématique de prédilection contre d’autres sujets. Et pour cause, il est resté attaché à ses souvenirs d’enfance qui lui rappellent cet univers de femmes où il a vécu aux côtés de sa mère et sa famille. «J’ai toujours été fasciné par ces femmes portant Lhayek à l’époque. Cela m’a intrigué depuis mon enfance. Je me rappelle que ma mère m’avait révélé un jour, quand j’ai grandi un peu, que la femme qui s’occupait du Hammam ne voulait plus m’accepter en raison de mes regards un peu curieux vis-à-vis des femmes. Je m’aperçois alors, après avoir accompli des études académiques très poussées en Arts plastiques, que ce thème est intéressant à plus d’un titre, parce que le corps humain est pour moi un sujet inépuisable», souligne l’artiste Sebti, dont le voyage en Belgique pour terminer ses études a été, pour lui, une opportunité pour s’attaquer à ce thème avec une certaine liberté.
«Il faut dire que même en Belgique, il y avait des gens qui n’acceptaient pas les scènes choquantes. Au Maroc, il y a plus d’une dizaine d’années, il n’était pas question de montrer certaines peintures à moi. Mais, depuis que j’ai commencé à rentrer aussi souvent au pays, j’essaye de faire une sélection de tableaux moins audacieux. Il faut dire aussi que je n’ai jamais eu l’intention de provoquer les gens, parce que moi aussi j’ai eu une éducation traditionnelle d’un père lauréat des Qaraouiyine et je ne peux pas faire le nu pour le nu. Ce n’est pas mon objectif. Car, je n'en vois pas l’intérêt. Puis, il ne faut jamais provoquer les gens ni au Maroc ni ailleurs», précise Rachid Sebti. En effet, ses travaux dégagent une certaine pudeur, présentant le corps de la femme d’une manière esthétique, évitant tous clichés et stéréotypes. «La femme a évolué dans ma peinture, comme elle a évolué avec le temps. Elle était au début voilée, côté traditionnel. Avec son hayek, on y décèle une beauté et une esthétique dégagée grâce à ce drap que la femme mettait. Donc, avant je faisais cela sans tomber dans le folklore ni dans le superficiel. Puis, le temps a évolué et chaque époque a son atmosphère et ses costumes. C’est certain, la femme évolue aussi et évoluera encore. Cela reste dans un contexte international. Nous les intellects que nous soyons des musiciens, écrivains… ou peintres, nous avons, de temps en temps, cette vision un peu lointaine. Je crois que c’est un don de Dieu que d’autres n’ont pas. On peut le mettre au service des gens d’une manière intelligente». Mais, Sebti préfère souvent présenter ses femmes dans des habits traditionnels plutôt que modernes, avec beaucoup de pudeur où la marocanisation est chose innée chez lui. «Je trouve cela plus sensuel et plus riche que de les habiller avec des costumes traditionnels. Le corps est plus mis en exergue. Alors que quand le corps est nu, il a une autre consonance, on le voit différemment. D’ailleurs, il faut avouer que la femme marocaine est belle parce qu’elle est issue d’une richesse de métissage qui lui a procuré cette beauté.
Seulement, l’artiste a la tâche de trouver une harmonie entre les deux, c’est-à-dire entre art et esthétique corporelle, sans provoquer ni déranger personne». D’où le choix, pour sa prestation de Amadeus Art Gallery, de la thématique de «La femme vénérée» pour exprimer son grand respect pour la femme et son corps. «La femme doit être vénérée. Elle doit elle-même se respecter et aimer son corps». C’est en menant beaucoup d’expérience et de recherches, puis en travaillant sur divers modèles que l’artiste Rachid Sebti a pu avancer dans son parcours lentement, mais sûrement. Puisqu’il a le mérite de créer un style propre à lui et faire ce qu’il ressent sincèrement. C’est ce que nous propose chacune de ses toiles.
