«On est dans la même logique que la banque créée au Spitzberg (Arctique), où des graines du monde entier sont stockées pour les siècles à venir dans une ancienne mine de charbon», explique à l'AFP Jérôme Chappellaz, directeur de recherche au Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement de Grenoble (France). Cette banque de données trouverait sa place en Antarctique, sur la base franco-italienne Concordia, qui garantit dans la neige un froid à -53 °C.
L'idée s'est imposée quand les scientifiques ont observé la hausse des températures de plusieurs glaciers : à 10 ans d'intervalle, le glacier alpin du col du Dôme et le bolivien Illimani avaient pris 1,5 à 2 °C. Cette «initiative contribuera au mandat de l'Unesco», explique Anil Mishra, spécialiste d'hydrologie au sein de l'organisation internationale, qui dès les années 60-70 appelait à «un inventaire mondial des glaces pérennes et des glaciers, autant d'indicateurs du changement climatique».
Les porteurs du projet espèrent une première expédition au printemps 2016 au col du Dôme, sous l'arête sommitale du Mont Blanc, à 4.300 mètres. Un site «facile» à atteindre, par hélicoptère, pour une équipe dépêchée une vingtaine de jours. En 2017 est prévue une mission sur l'Illimani, au-dessus de La Paz, qui sera un peu plus compliquée : 6.300 m d'altitude, accès difficile, nécessitant des porteurs, 50 jours de travail. L'idée est de remonter à chaque fois trois carottes de 100 à 150 mètres. Le but à terme : constituer une opération associant Américains, Chinois, Italiens, Suisses, Sud-Américains...