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La césarienne, un accouchement montre en main

Cliniques, médecins et même les futures mamans, tout le monde opte de nos jours pour l’accouchement par césarienne, même si cette pratique devrait être limitée, en principe, à certains cas compliqués.

La césarienne, un accouchement montre en main
La césarienne est devenue une pratique courante chez les femmes.

Depuis quelques années, l’accouchement par césarienne ne cesse de gagner du terrain dans le monde. Cette pratique, qui est censée être une bouée de sauvetage, est devenue de nos jours un mode d’accouchement de première intention, ce qui a interpellé l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a diffusé dernièrement un document dans lequel elle recommande pour la première fois que ces actes ne soient effectués que lorsqu'ils sont «médicalement nécessaires». «Ces dernières années, l'accouchement par césarienne s'est accru aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. Le taux de césarienne par grossesse atteignait 23% en Europe, 35,6% en Amérique et 24,1% dans la région du Pacifique Ouest, selon les derniers chiffres disponibles de l'OMS (2008). Seules l'Afrique (3,8%) et l'Asie du Sud-Est (8,8%) semblent épargnées par ce phénomène», indique le document de l’OMS.
Au Maroc, d’après l’étude de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) sur les accouchements durant la période 2007-2011, les accouchements par césarienne sont passés de 36% en 2007 (8.476 actes) à 50% en 2011 (12.691) du nombre total des accouchements effectués. En revanche, l’accouchement par voie basse a régressé en passant de 64% (15.400 actes) à 50% (12.944 actes). Des chiffres qui prouvent que le Maroc suit cette tendance.

Opération rentable

Pour les cliniques privées, une naissance par césarienne rapporte plus d’argent qu’un accouchement normal. Cela va de soi, anesthésie, chirurgie, chambre, prestations d’hôtellerie… c’est une opération rentable, comme les autres, contrairement à l’accouchement par voie basse. «Normalement, la césarienne ne doit être pratiquée que dans certains cas où il y a un problème qui met la santé ou la vie du bébé ou de la maman en danger.
Malheureusement, plusieurs facteurs font qu’aujourd’hui la césarienne est souvent effectuée sans être médicalement recommandée. En effet, avec la commercialisation et la marchandisation du secteur de la santé, qui a été facilité par l’adoption de la nouvelle loi permettant l’investissement commercial dans le domaine de la santé, cette technique séduit de plus en plus de gynécologues obstétriciens. D’autant plus que la césarienne s’est développée durant ces dernières années et sa pratique est plus facilitée. Pour les praticiens, la césarienne demande moins d'efforts et de temps que l'accouchement par voie basse, et elle est plus rentable, ce qui les pousse à orienter leurs patientes vers cette pratique», souligne Mohamed Naciri Bennani, président du Syndicat des médecins du secteur libéral. Et de poursuivre : «Il ne faut cependant pas imputer toute la responsabilité aux médecins, car si les actes de ces derniers étaient régulièrement contrôlés, il n’y aurait pas autant d’abus et une telle anarchie. C’est le manque d'instances de contrôle qui est à l’origine de ce problème».
En général, ce sont les cliniques ou les médecins qui poussent les patientes à accoucher par césarienne, mais ceci n’est pas une règle. Parfois, ce sont les femmes qui refusent d’accoucher par voie basse. «Pourquoi perdre des heures à attendre la délivrance s’il existe un moyen de l’avoir en une vingtaine ou une trentaine de minutes ? Une femme enceinte peut actuellement programmer, en coordination avec son obstétricien, le jour et même l’heure de son accouchement. C’est ce que j’ai d’ailleurs fait pour l’accouchement de mes deux enfants. Avec mon mari, nous avons discuté et décidé confortablement du moment de leur naissance. Et ça c’est bien passé», affirme Houria, 32 ans.

Aujourd’hui avec la césarienne, l’accouchement et la naissance d’un enfant peuvent faire objet d’un programme, tout comme les tâches quotidiennes du couple. «Il y a des femmes qui demandent à leurs médecins d’effectuer une césarienne pour des raisons d’organisation puisque tout est prévu d’avance, mais aussi pour des raisons d’esthétique, car l’accouchement par voie basse cause généralement des transformations au niveau des organes génitaux de la femme», indique Mohamed Naciri Bennani.

Outre l’organisation et le côté esthétique, certaines femmes choisissent l’accouchement par césarienne pour des raisons financières. Grâce au remboursement de l’assurance, ce mode d’accouchement coûte moins cher que l’accouchement par voie basse qui n’est pas entièrement pris en charge. De nombreux facteurs qui font que la césarienne soit devenue aussi «populaire», car tout le monde y trouve son compte. 

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