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Transhumance politique : Comment certains candidats ont profité des lacunes de la loi

Encore une fois, les élections locales ont été marquées par la transhumance politique. Bien que la Constitution interdise cette pratique en prévoyant la déchéance des mandats des nomades, il apparait clairement que la loi à elle seule ne permet pas de bannir définitivement la transhumance de la vie politique. En témoignent les cas de quelques parlementaires.

Transhumance politique : Comment certains candidats  ont profité des lacunes de la loi
Les calculs politiciens priment parfois sur les intérêts de la communauté.

Les élections locales du 4 septembre 2015 n’auront pas dérogé à la règle puisque la transhumance politique a sévi encore une fois. Comme à chaque rendez-vous électoral, les partis politiques ont misé sur les cartes gagnantes, y compris celles en provenance de formations concurrentes. Nombreux sont, en effet, les candidats, habitués aux calculs politiques, qui n’ont pas eu de mal à changer de couleur politique. Certains n’ont eu que l’embarras du choix, tellement ils sont bien cotés sur le marché électoral. Une situation vertement critiquée tant par les observateurs que les citoyens. Mais si la transhumance est globalement pointée du doigt en raison des questions éthiques qu’elle soulève, il n’en demeure pas moins important de faire la distinction entre les différents cas, tient à préciser le politologue et professeur de droit constitutionnel Ahmed El Bouz.
En effet, les membres expulsés de leurs partis politiques qui ont regagné une autre formation partisane ne peuvent pas être considérés comme transhumants. C’est le cas, à titre d’exemple, des ittihadis, dont des députés, qui ont été exclus du parti de la rose en raison des guéguerres intestines. En dépit de l’interdiction de la transhumance par la Constitution, les parlementaires en question peuvent changer d’étiquette politique sans pour autant perdre leur statut d’élus de la Nation.

Rappelons que le Conseil constitutionnel n’a pas validé la disposition contenue dans les lois organiques sur les collectivités territoriales et les partis politiques stipulant la perte de statut d’élu en cas d’expulsion par le parti politique. Mais un parlementaire qui voit son statut d'adhérent à son parti gelé pourra-t-il changer d’appartenance politique ? C’est le cas de l’ancien président du groupe haraki à la Chambre des représentants, Nabil Belkhyat, qui s’est porté candidat à Azrou au nom du Rassemblement national des indépendants. Il risque de perdre son statut de parlementaire si le parti de l’épi ou encore le bureau de la Chambre des représentants saisissent le Conseil constitutionnel. Celui-ci va-t-il assimiler le gel de l’adhésion à un cas d’expulsion ou considérer qu’il s’agit d’un départ volontaire ? Cette question demeure pour le moment en suspens. La Loi fondamentale et les lois organiques comportent, en effet, certaines lacunes. «Les textes ne répondent pas à toutes les situations. La Constitution ne parle pas de changement d’appartenance, mais plutôt d’abandon volontaire du parti», explique M. El Bouz tout en soulignant que la transhumance ne doit pas être traitée uniquement d’un point de vue juridique, la loi pouvant toujours être contournée.

À titre d’exemple, les parlementaires qui se présentent aux élections communales et régionales sans appartenance politique ne risquent pas de perdre leur statut, bien qu’ils aient officieusement changé de couleur politique. Ils gardent la possibilité de migrer pour la formation politique de leur choix après la fin de la législature prévue dans une année. On peut citer le cas du parlementaire haraki Abdelhak Chafik qui a soutenu le chef de file de l’Union constitutionnelle à Casablanca pendant la campagne électorale. Afin de lutter contre la transhumance politique, la balle est dans le camp des partis politiques qui doivent promouvoir davantage les règles de la démocratie interne et encourager la cooptation des vrais militants aux élections tant locales que
législatives. 

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