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Une grande perte pour la musique gnaoua

L’art gnaoui est en deuil. Mahmoud Guinea n’est plus ! Le grand maître de la musique gnaoua a rendu l’âme dimanche à Essaouira, des suites d’un combat sans merci contre une longue maladie. Ses obsèques ont eu lieu hier en présence de plusieurs personnalités, dont André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Une grande perte pour la musique gnaoua
Le mâalem Mahmoud Guinea est considéré comme l’un des piliers de l’art gnaoui.

C’est une grande perte pour la musique gnaoua et le patrimoine musical marocain. C’est en ces termes que le maâlem gnaoui Hassan Hakmoun, résidant aux États-Unis d’Amérique, s’est exprimé suite au décès du grand maître Mahmoud Guinea. Le maâlem Mahmoud Guinea a tiré sa révérence à Essaouira dimanche des suites d’une longue maladie. Ses obsèques ont eu lieu hier dans sa ville natale, la cité des Alizés, en présence des ses proches et de plusieurs personnalités, notamment de André Azoulay, Conseiller de S.M. le Roi Mohammed VI, du gouverneur de la province d’Essaouira, des représentants des autorités locales et de plusieurs artistes.

Le groupe Gnawa Ouled Bambra pleure la perte d’une icône de cet art et d’un homme digne de ce nom. «Nous avons perdu un frère, un homme généreux et humble. Il a beaucoup donné à cette musique et a dédié toute sa vie à cet art». Même constat chez ses contemporains, compagnons de route, les mâalems Mustapha Bakbou, Ahmed Bakbou, Hamid El Kasri, Mohamed Kouyou, Abdelkader Amlil, Abdelkébir Boulkhair El Gourd ou encore Abdelouahed Stitou, entre autres. Ganoua Culture, une association dédiée au développement et la préservation du patrimoine culturel marocain gnaoui, a décidé à cette occasion de mettre tous les albums de Mahmoud Guinea en téléchargement sur sa page Facebook «gnaoua culture», et sur son siteweb «gnaouaculture.org». Né en 1951 à Essaouira, Mahmoud Guinéa est incontestablement une des figures emblématiques de la musique gnaouie. Son histoire est intimement liée à celle des esclaves puisque son grand-père paternel, d’origine malienne, fut vendu au Sahara. Son père, le grand Mâalem Boubker Guinea, lui a transmis cet héritage à Mahmoud Guinea dès l’âge de 12 ans.

Au-delà de sa parfaite maîtrise de la plus pure tagnaouite, Mahmoud Guinea s’est imposé aussi comme un maître en matière de fusions musicales avec des musiciens de légende comme Carlos Santana, Adam Rudolph, Will Calhoun, etc. Des fusions qui s’annoncent comme une gamme de prières qui s’adressent aux ancêtres africains. Résultat : des rythmes polymorphes qui laissent pantois. Le tout dans un esprit d’échange et de tolérance prononcé. Loin de la cité des Alizés, Mahmoud Guinea a participé à de nombreux festivals au Maroc, mais également en Espagne, en France, en Italie, au Japon, au Canada, en Autriche, en Norvège, en Belgique, aux Pays-Bas, entre autres pays. Et lors de chacune de ses prestations, le public, totalement conquis, danse à pieds joints dans une ambiance fiévreuse et de transe.

Muni de son guembri, calme et souriant, le mâalem respire l’aisance et la simplicité. Les doigts, agiles, virevoltent, bondissent et envahissent furieusement tout guembri. Le son des qraqebs de ses «kouyous» sonne en rafales partout. Sacré voyage, construit sur un jeu de questions-réponses. Et un véritable plaisir pour ceux qui assistent à ces rendez-vous exceptionnels... Et lors du dernier festival de Gnaoua d’Essaouira et musique du monde, le maître de tagnaouite a donné son guembri à son fils Houssam pour placer l'espoir dans les jeunes gnaouis et surtout confirmer la volonté d'assurer la continuité de cet art exceptionnel. Adieu Mahoud Guinea ! 

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